Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Quelques réflexions sur la « Santé »

Respectable Loge, Marceau, Orient de Chartres, Région 5 Centre

Mots Clefs : Santé

Constat de la situation de notre système de santé

Alors que notre pays s’enorgueillissait de son système de santé et qu’il se pensait parfaitement préparé à cette pandémie, à laquelle il ne croyait guère, celui-ci s’est révélé fragile et déficient, même si ses personnels soignants se sont dépensés sans compter.

Cette fragilité est le résultat de plusieurs années de politiques basées sur la rentabilité, qui ont mené à la diminution du nombre de lits et à la dévalorisation de ses professionnels, en oubliant que si la santé a un coût, elle n’a pas de prix. Confrontés à cet état de nos hôpitaux et au grand nombre de personnes atteintes par le Covid 19, les médecins ont été conduits à faire des choix douloureux qui les ont contraints, en opposition totale avec leur éthique, à ne pas prodiguer leurs soins à certains patients âgés et/ou souffrant de comorbidités car les capacités de traitement de leur service étaient dépassées.

De plus, ces personnels démunis de moyens de protection, masques, blouses, voire même de médicaments essentiels comme les curarisants, etc. ont ainsi pris des risques pour eux-mêmes et certains d’entre eux ont contracté la maladie conduisant à la mort pour certains.

Cette pandémie a révélé notre dépendance de la Chine et de l’Inde pour les médicaments (jusqu’à 90 %) et les moyens de protection, nos laboratoires et nos industries pharmaceutiques ayant délocalisé pour augmenter leur profit au détriment de notre indépendance.

Au niveau national, la pandémie a aussi montré le manque de coordination entre les hôpitaux et la médecine de ville, cette dernière ayant à plusieurs reprises alerté sur ce point.

La pandémie a montré, notamment si on compare la situation de la France à celle de l’Allemagne, que notre système de santé n’avait qu’une capacité en lits de réanimation du cinquième de celle de notre voisin : 5000 lits pour 25000 en Allemagne, même si un réaménagement en urgence a porté cette capacité à 7000 puis à 10000 lits, grâce au secteur privé et au détournement de certains lits de leur destination habituelle. Cet aménagement s’est fait au détriment d’interventions chirurgicales programmées qui ont dues être reportées. L’afflux massif de malades, malgré les mesures prises de confinement et de distanciation sociale, a conduit certains hôpitaux a être débordés, au point de nécessiter des délestages vers d’autres structures médicales dans des régions moins touchées, y compris en Allemagne. L’après confinement va continuer à solliciter l’action des personnels soignants qui auront à traiter tous les malades atteints de troubles chroniques et qui ont été délaissés pendant cet épisode Covid19. Pourtant la France, en comparaison des autres pays européens ne manque pas d’argent : par rapport au PIB (2018), elle est le pays où les dépenses de santé dont les plus élevées en Europe : 11 ,5 % contre 11,1 % en Allemagne, 11 % en Suède, 10,4 % en Autriche, entre 10 et 10,5 % aux Pays-Bas et en Belgique. Mais, selon les chiffres de l’OCDE, 35,22 % des emplois hospitaliers en France ne sont pas médicaux ou paramédicaux, contre 24,3 % en Allemagne, soit une différence de 9 points, et le système allemand obtient de meilleurs résultats. Alors pourquoi ne pas prendre modèle sur ce qui fonctionne bien chez eux. Une réforme en profondeur s’impose donc pour obtenir de bien meilleurs résultats.

Il faudrait aussi redonner à l’Etat la main sur la santé et ne pas la laisser aux seuls intérêts privés, en particulier pour ce qui est des EHPAD. La pandémie a aussi démontré la fragilité, l’impréparation et le manque de moyens tant au niveau des matériels que des personnels des EHPAD et leurs conséquences sur le taux de mortalité élevé des pensionnaires. Cette situation n’a pas empêché ie groupe Korian, géant de ce secteur d’activités, d’envisager de rémunérer ses actionnaires d’une somme de 64 millions d’euros que fort heureusement la dénonciation par le Nouvel Obs a contraint à abandonner ce projet. Par ailleurs, au début de l’épidémie, quand celle-ci a touché l’Europe, en commençant par la Lombardie, aucun des pays européens n’a aidé l’Italie. Dans un second temps, les réactions ont été plus solidaires et la présidente de la commission, Ursula von der LEYEN, a présenté ses excuses, mais cette déficience a eu pour effet de prendre conscience de la nécessité impérieuse de renforcer les liens entre les pays européens dans des domaines autres que l’économie mais davantage dans la solidarité.

Propositions

Pour retrouver notre indépendance, il faudrait que nos fabrications de principe actifs, de médicaments et de moyens de protection soient relocalisées en France, ou au moins en Europe et cela, même si cela entraîne un prix de revient plus élevé, cette contrainte offrant en compensation la création d’emplois liés à ce secteur d’activités.

Il serait aussi envisageable que la recherche sur tes vaccins soit conduite au moins au niveau européen, de même que les modes de traitement, comme cela s’est avéré indispensable lors de la pandémie ce qui ne semble pas impensable, les grands laboratoires étant des multinationales qui couvrent plusieurs pays.

Il faudrait une coordination plus étroite entre les hôpitaux, les cliniques et la médecine de ville et que les informations circulent entre ces différents pôles pour éviter la redondance d’examens médicaux couteux.

Par ailleurs, il serait bon de limiter le montant des dépassements d’honoraires des spécialistes, en particulier lors d’interventions chirurgicales pour éviter que ne se déploie une médecine à deux vitesses : celle des riches, qui sont en mesure d’assurer ce surcoût et celle des pauvres qui sont contraints à ne pas se soigner ; même si cet aspect est sans rapport avec les leçons de la pandémie. Pour l’avenir, il faudra revoir l’organisation de notre système de santé, notamment hospitalier en s’inspirant peut-être des Allemands qui ne le centralisent pas mais laissent aux länder la responsabilité de leurs structures, ce qui pourrait s’appliquer aux régions en France. La suppression de nombreux hôpitaux ces dernières années a désertifié les campagnes tout autant que les médecins généralistes qui s’installent préférentiellement en ville. Il faudrait non seulement augmenter le nombre de médecins formés mais aussi les inciter à s’installer dans nos campagnes où ils font cruellement défaut en créant des pôles médicaux regroupant médecins et paramédicaux.

L’organisation des hôpitaux devraient se faire davantage en collégialité entre les médecins et les administratifs dans un souci d’efficacité des soins plus que d’une rentabilité financière, en augmentant le nombre de personnels soignants ainsi que leurs émoluments afin de rendre le métier attractif et en augmentant aussi le nombre de lits drastiquement diminué ces dix dernières années.

Les personnels hospitaliers français, conscients de ces problèmes, ont reconduit pendant des mois des grèves qui sont demeurées quasiment sans effets. Espérons que la crainte produite par le Covid 19 et l’exemplarité montrée par les personnels soignants pendant toute cette pandémie seront les moteurs qui nous donnerons un système de santé parfaitement opérationnel et indépendant de ressources extérieures.

L’image désastreuse de ce début de pandémie et la prise de conscience de la nécessité d’une solidarité européenne en matière de santé devrait être le moteur d’actions communes dans les domaines de la fabrication et de la distribution des médicaments et matériels nécessaires aux différents domaines de la santé mais aussi de la recherche médicale (Traitements, vaccins,…). Ainsi l’Europe serait autonome en cas de crise sanitaire et une véritable entraide serait instaurée entre tous les pays. Cela pourrait aller jusqu’à la création d’un comité de « conseillers scientifiques » qui pourrait définir les attitudes et principes à déployer quant aux modes de protection (masques, gestes barrière, confinement, etc.) et éviter la cacophonie observée tors de l’épisode Covid19 : pas de confinement ni de protection pour la Suède et le Royaume-Uni, pas de tests pour la France, mais tests pour l’Allemagne, etc. Seule l’union peut atténuer les effets dévastateurs d’une telle pandémie et c’est d’autant plus urgent que le monde n’est pas à l’abri d’un rebond épidémique du Covid 19, dont on n’est encore pas certains de l’immunité, ni de l’apparition d’autres virus dont la propagation est le résultat de nos actions de déforestation qui engendre un recul du monde sauvage et des cohabitations entre les animaux domestiques et les animaux sauvages véritables réservoirs de virus (SRAS, HI NI, EBOLA, HIV, etc.). Face au constat du vieillissement de la population et en conséquence de la nécessité croissante d’aide aux personnes âgées dépendantes, le nombre des EHPAD devrait être considérablement augmenté et disposer de plus de personnels soignants formés à cette tâche difficile nécessitant beaucoup d’écoute, de patience et de dévouement. Par ailleurs la privatisation de ce secteur entraîne des coûts prohibitifs pour les bénéficiaires dont les revenus sont très souvent insuffisants. Il est donc indispensable de développer davantage le secteur public. Il faut aussi développer l’aide à domicile qui, lorsque l’état des personnes ne nécessite pas trop de soins médicaux lourds, est la solution qui offre les meilleures conditions de vie aux bénéficiaires.

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