Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Santé et environnement : un même combat !

Respectable Loge, Triple Union, Orient de Dinan, Région 9 Ouest

Mots Clefs : Actions localesApproche systémiqueEnvironnementParticipation citoyenneSanté

Problématique : La santé et l’environnement sont deux faces d’une même pièce

Comme l’a récemment précisé le Ministre de la transition écologique et solidaire, « l’état de santé n’est pas le résultat de la seule efficacité du système de soins mais la synthèse d’une multitude de facteurs parmi lesquels l’environnement joue un rôle majeur ». Rien de surprenant puisque, selon la définition de l’OMS, la santé ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité mais traduit « un état de complet bien-être physique, mental et social ». La santé et la préservation des écosystèmes vont donc de pair : chacun de nous doit en tenir compte, de même que nos dirigeants dans leur gouvernance.

L’une des hypothèses les plus vraisemblables de l’émergence du coronavirus serait la transmission d’agents pathogènes de l’animal sauvage à l’homme, conformément à ce qui se produit pour une vaste majorité de maladies infectieuses dans le monde. Les animaux proches de l’homme peuvent en effet servir de passerelles et d’amplificateurs pour les pathogènes et parasites hébergés dans les animaux sauvages. Chiens, chats, vaches, cochons domestiqués ont ainsi colporté la rougeole, les oreillons, la rubéole, la variole ou les grippes. Les animaux commensaux, comme le rat, nous ont donné la peste, le typhus, les fièvres hémorragiques ou la leptospirose. Mais le fait que des virus qui restaient jusqu’ici dans les chauves-souris en Asie parviennent jusqu’aux humains de toute la planète est nouveau, et directement lié à leur perte d’habitat, qui les rapproche indûment des animaux domestiques. Autre exemple comparable : il y a une vingtaine d’années, l’habitat de chauves-souris de Malaisie a été transformé en plantations de palmiers à huile. Les animaux ont donc cherché de nouveaux territoires et sources d’approvisionnement et se sont retrouvées près d’élevages porcins destinés à l’exportation. Le virus Nipah est passé chez le cochon, puis a contaminé les humains jusqu’aux employés des abattoirs de Singapour en semant la mort. Les chauves-souris délogées pour les besoins du marché international ont été vengées malgré elles !

Quant à nous, Européens et pays riches en général, nous sommes certes moins célèbres pour nos maladies infectieuses mais très experts en maladies chroniques. Les cardiopathies, AVC, cancers, affections respiratoires chroniques, souvent aggravés par l’obésité ou le diabète de type 2 – qui renvoient clairement à la dégradation de notre mode de vie et de notre environnement – sont la toute première cause de mortalité dans le monde.

État des lieux : Une crise sanitaire et environnementale aux origines multiséculaires

Mais comment en sommes-nous venus à vouloir consommer et produire autant ? Et comment, à la poursuite de ce rêve absurde du toujours plus, avons-nous pu faire ainsi fi de notre environnement, nous en dissocier à tel point ? En Occident, le christianisme n’y est pas étranger puisqu’il a propagé une vision anthropocentrée de la vie sur Terre. Selon la Genèse, Dieu bénit les hommes en leur disant « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ». Voilà donc, dès le Moyen-Âge, l’Homme régnant en maître sur son écosystème alors que dans leurs rituels, les religions primordiales limitaient par des interdictions une surexploitation des ressources naturelles. Libéré de ces contraintes, l’Homme pouvait alors laisser libre cours à ses ambitions en se rendant « maître et possesseur » de la nature (Descartes, 1637). Or, si la vision scientifique et technologique est ensuite venue émanciper l’Homme d’une conception purement religieuse, elle n’a fait que renforcer l’anthropocentrisme et la vision de la nature-objet, intégralement soumise par un Homme prométhéen.

Notre mode de consommation est basé sur un modèle économique inspiré des écoles classiques libérales. Adam Smith considérait la nature comme une ressource naturelle marchande dont l’Homme pouvait faire usage pour croître. La révolution industrielle a donc donné ses lettres de noblesse à la domination de l’homme sur un monde « vide » à remplir – certes au terme de plusieurs siècles de famines, de guerres et d’épidémies – ne laissant aucune place possible à un usage respectueux de la nature, à une possible « sobriété heureuse ». Après l’industrialisation, notre économie s’est concentrée sur la (sur)consommation individuelle, l’associant à la satisfaction qu’elle procure, modèle qui n’a guère été remis en question avant les années 80 où est enfin apparue la notion de développement durable.

L’idée n’est évidemment pas de retourner à des croyances et interdits antérieurs au christianisme et à la révolution industrielle mais de rechercher l’essentiel : une cohésion entre l’homme et son environnement naturel, au prix d’une prise de conscience collective, de quelques sacrifices à une consommation effrénée et d’une réorganisation sociétale qui facilite la prise de conscience par la formation et la participation citoyenne.

Propositions concrètes : Des pistes pour un changement

Il existe désormais un Plan National Santé Environnement. Jusqu’à présent, il a certes contribué au développement de recherches fondamentales mais n’a pas encore permis de mettre en place une stratégie. Or l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) estime que les effets sanitaires de la dégradation de l’environnent représentent plus de 7,5 % du produit intérieur brut, en ne tenant compte que de la pollution de l’air, de la pollution sonore et de la faible proportion de dégâts chiffrables des perturbateurs endocriniens tels que pesticides, plastifiants ou autres. D’où l’urgence des 5 mesures globales suivantes :

Une approche systémique de la corrélation entre santé, alimentation et environnement : L’État doit veiller à ce que tous les acteurs concernés coopèrent pour évaluer les impacts environnementaux et remédier dans les plus brefs délais à leur nocivité. Les applications concrètes peuvent être relativement simples, par exemple mettre en place une politique volontariste de circuits courts d’approvisionnement, en imposant des produits locaux, saisonniers et majoritairement bios dans la restauration collective (cantines, hôpitaux, etc.).

Une meilleure prise en compte des expositions et des effets de l’environnement sur la santé : Les expositions nocives doivent être prises en compte dans le code de la santé publique afin de mieux comprendre et d’agir sur la survenue des maladies chroniques et d’offrir à chacun la possibilité d’évoluer dans un environnement favorable à sa santé. L’évaluation de expositions nocives pour chaque individu concerné doit prendre en compte le cumul des expositions tout au long de sa vie, par exemple pour les agriculteurs exposés aux pulvérisations de pesticides.

Une réduction de l’exposition aux facteurs nocifs : Cette réduction doit devenir absolument prioritaire compte tenu du nombre élevé et croissant de pathologies induites par la dégradation de l’environnement dans lequel nous évoluons au quotidien. La qualité de l’air intérieur en est l’un des volets.

Des actions locales concrètes : Les collectivités locales sont en prise direct avec les citoyens, or elles disposent de réels leviers d’actions pour réduire l’exposition des populations tout en tenant compte des inégalités sociales. Des initiatives locales innovantes existent déjà et permettent d’évoluer dans un environnement plus favorable à sa santé. Les collectivités pourraient être chargées de réaliser des bilans santé-environnement et les populations invitées à se prononcer par des outils de participation citoyenne.

L’information, la communication et la formation des citoyens et les professionnels : elles constituent un axe majeur d’une politique efficace de prévention en matière de santé-environnement. Elles doivent reposer sur l’utilisation de technologies numériques innovantes et s’appuyer sur les dispositifs et structures de formation existants.

La sauvegarde de la Planète passe par l’engagement de chacun.

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