Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Pour une place renforcée des parents à l’école

Respectable Loge, Intersection, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : Accueil de la petite enfanceCoéducationHabitatInégalités socialesLieux d’accueil des parentsRéussite scolaireSanté

Problématique : Des rôles complémentaires entre l’école et les familles, dès avant la maternelle

   Il est important de regarder des éléments liés aux conditions de vie et au milieu socio-économique, éléments qui influent très fortement sur les apprentissages des élèves et qui montrent que, d’une certaine manière, beaucoup – mais pas tout – de ce qui détermine la réussite à l’école se trouve hors de l’école.

   Les élèves passent en moyenne un tiers de leur temps dans l’école et deux tiers à l’extérieur. L’École s’inscrit donc comme un partenaire essentiel d’un processus d’éducation partagée, au côté des familles et de l’ensemble des acteurs de la communauté éducative – associations d’éducation populaire, collectivités locales – dont les interventions respectives s’inscrivent, non pas dans une concurrence ou dans une opposition, mais bien dans la complémentarité.

   La réussite de chaque enfant passe donc par une démarche de coéducation impliquant une complémentarité d’action entre ceux qui ont en charge l’éducation des enfants et des jeunes. Pour cela il convient notamment lutter contre le thème à la mode de « la démission des parents ». L’immense majorité des parents essaie tant bien que mal de suivre la scolarité de leurs enfants, de les aider, dans des conditions parfois difficiles. Beaucoup ont compris que l’École représente encore aujourd’hui un facteur décisif pour la réussite de leur enfant.

   La première source d’inégalités et d’échec scolaire dont personne ne parle est celle des conditions éducatives faites aux tout petits enfants, de la naissance à l’entrée à l’école maternelle. Cette période est déterminante pour le développement psychomoteur, pour la construction du langage oral et de l’intelligence, pour la découverte du monde… Or, personne ne s’en occupe.

L’enjeu des inégalités sociales

Les inégalités sociales pénalisent lourdement les parcours scolaires des enfants, et les parents sont inégalement armés pour soutenir leurs enfants. Quelques chiffres peuvent l’illustrer.

   En matière de santé :

– en ZEP, les enfants de 6 ans ont deux fois plus de problèmes dentaires et de problèmes d’obésité que dans les écoles hors-ZEP ;

– en ZEP, les problèmes de vue des enfants sont supérieurs de 30 % à la moyenne ;

   En matière d’habitat :

– 1/3 des adolescents vivent dans un logement avec plus d’une personne par pièce : ces adolescents sont deux fois plus souvent en retard à l’école en termes de scolarité que ceux vivant avec moins d’une personne par pièce ;

– 1/3 des enfants qui n’ont pas de pièce calme pour faire leurs devoirs à l’âge de 11 ans sortent du système éducatif sans aucun diplôme ; 

   En ce qui concerne l’origine sociale :

– un enfant d’ouvrier a 7 fois moins de chances d’obtenir un bac S qu’un enfant de cadre ;

– à l’âge de 15 ans, 59% des enfants d’ouvriers ont redoublé une fois (17% des enfants de cadres) et en classe de 3ème, 75 % des enfants d’ouvriers ont au moins une année de retard (10% des enfants de cadres, 4% des enfants d’enseignants). 

   La quasi-totalité des projets éducatifs commencent à l’âge de l’entrée à l’école, comme si « l’avant école » n’avait pas d’importance, ou comme si tous les parents étaient parfaitement informés des rapports entre le langage et la pensée. La question de la démocratisation de la réussite concerne l’ensemble des acteurs de la communauté éducative, au premier rang desquels se trouvent les parents. 

   Ce que nous constatons souvent, c’est que certains parents ne savent pas quels comportements adopter, quelles règles mettre en place, quelles limites imposer dans le processus éducatif de leurs enfants qui, livrés à eux-mêmes, en viennent rapidement à des comportements déviants.

   L’une des causes majeures d’inégalités se trouve au niveau des contenus et méthodes, des programmes et de la pédagogie. Les « bons élèves » ont été plus ou moins formatés pour s’inscrire dans ce cadre traditionnel et ils peuvent se libérer, apprendre et s’épanouir ailleurs et autrement. Mais les enfants des milieux pauvres ne le sont pas.

Proposition : dans l’école, mettre en place une « école des parents » sous forme de structures d’accueil, de conseil, de formation et d’information à destination des parents, pour les aider à mieux s’approprier l’école

   L’école républicaine doit assumer de travailler sur ces différences sociologiques parce qu’il est établi, de longue date, qu’elles handicapent » aujourd’hui de trop nombreux enfants. 

   Mettre en place des structures ad-hoc… Il convient de développer les structures d’accueil, de conseil, de formation et d’information susceptibles de mettre ou de remettre les parents dans une position et dans un statut dont les enfants ont besoin pour se construire.

   Qui soient regroupées dans un lieu unique. Ces structures d’accueil, plutôt que d’être dispersées, pourraient être regroupées dans un lieu unique. En effet, et plus spécifiquement pour les parents qui n’ont pas eu de scolarité digne de ce nom, cela leur permettrait de rencontrer d’autres parents et de confronter leurs expériences, d’échanger, de mieux comprendre les attentes des personnels qui encadrent les jeunes mais surtout le vécu scolaire de leurs enfants. En un mot, aidons-les à « s’approprier » l’École.

    Qui soient des lieux d’expression, d’accompagnement, d’analyse, de raisonnement et de compréhension. Permettre aux parents d’aujourd’hui de comprendre les programmes scolaires, ce n’est pas figer les savoirs scolaires, c’est se placer dans une perspective d’évolution et de progrès. C’est faire le pari de l’intelligence humaine avec la volonté de donner à chacun la possibilité, non pas d’ânonner des règles et des techniques, mais de s’exprimer, d’analyser, de raisonner, de comprendre.  

     Qui soient des lieux de collaboration et de co-construction. Avec le concours des mouvements d’éducation populaire, l’école dans le village ou le quartier, le collège dans la ville peuvent devenir des lieux de vie et d’échanges, des lieux ouverts où les parents peuvent avoir une place sans attendre d’être convoqués, jouer un rôle en tant que personnes, en tant que porteurs de savoirs, en tant que citoyens. Il s’agit là d’un grand projet éducatif cohérent avec un projet de société moderne et démocratique. 

Proposition phare : mettre en place l’École des parents.

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