Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L‘individu et la société

Respectable Loge, Aurore, Orient de Aix en Provence, Région 15 Provence- Alpes - Corse et Loges de Sardaigne et d'Italie

Mots Clefs : ÉthiqueSolidarité

Après cette crise, comment le citoyen peut-il repenser son éthique dans le domaine de la solidarité et du partage pour un monde plus juste et plus éclairé ?

Après cette crise

La crise n’est pas finie. D’autres « crises » l’ont précédé et d’autres viendront.

Vivons-nous un moment historique ? Cette crise est-elle significative ?

Ø  Il est permis d’en douter.

Le déroulement de cette épidémie est remarquablement normal par ses critères objectifs épidémiologiques. Normal par la quantité – Un accroissement de la mortalité de l’ordre de 20% en France, Normal par le mode de diffusion – Interhumaine par les voies respiratoires, Normal par sa nature – Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, en somme, un virus sans qualités.

Tout sera-t-il différent après cela ? Allons-nous changer radicalement ?

Ø  C’est encore plus douteux.

Nous pouvons néanmoins nous saisir de ce moment. Ce moment de frénésie, cette crise si spectaculaire au regard du tapage médiatique, ceci expliquant peut-être cela, est une opportunité.

N’aspirant pas au repos et conscients du travail qui reste à accomplir, nous pouvons user de ce moment, non pas pour crier tel Yves Montand un « vive la crise », mais pour réfléchir.

Réfléchir sans être dans l’urgence, réfléchir sans calendrier électoral, réfléchir sans viser un enrichissement personnel ou sans viser l’éligibilité de notre éminent mérite à une décoration.

Le confinement a marqué notre pays et plusieurs autres par un ralentissement aussi surprenant que soudain. Nous nous sommes retrouvés chez nous pour la plupart avec plus de temps libre que d’habitude.

Un temps où nous avons pu constater que beaucoup de nos actions dans le monde profane ne sont finalement pas si indispensables, futiles, inutiles, voire complètement nuisible pour nos semblables et notre planète.

Ce temps, en suspend, aura permis de s’interroger sur nous-même, individuellement et collectivement, et repenser notre « commun ».

Ce que la crise dit de nous-même.

La crise a parlé de nous. Individuellement et collectivement.

Elle fut, elle est, en ce sens le révélateur d’une crise plus profonde.

Outre le rappel, toujours nécessaire de notre extrême fragilité, de l’identité des risques encourus par tous les membres de l’espèce humaine devant le virus, la crise nous a révélé l’extrême inégalité (ou iniquité) des conditions dans lesquelles chacun doit les affronter (âge, état de santé, ressources, emploi, logement, éducation, lieu géographique, citoyenneté…).

Elle a eu le mérite de mettre en lumière les emplois les plus nécessaires au maintien de notre vie en société. Personnel soignant, éboueurs, professeurs, livreurs…

A contrario, elle a illustré plus encore l’inutilité sociale de nombreux bullshit jobs, pour reprendre l’expression de David Graeber, voire leur caractère nuisible.

Nous nous sommes collectivement révélés incapables d’assurer la simple tâche de fabriquer des masques (production cantonnée à des initiatives locales et souvent individuelles), nous nous sommes montrés incapables d’assurer la bonne prise en charge de nos aînés dont la situation n’était déjà pas reluisante en EPHAD. Nous avions pourtant dit « plus jamais ça » après l’épisode de canicule qui avait décimé une partie.

Collectivement nos états se sont montrés individualistes et toujours portés par la compétition plutôt que par l’entraide et la solidarité.

Ø  Le tableau ne fut pourtant pas si noir.

Si l’État et ses dirigeants ont montré au mieux leur faiblesse ou pire leur incompétence complète nous avons pu assister à une démonstration exemplaire de l’entraide par des initiatives locales.

Des associations organisées et souvent spontanées d’individus ont mis en lumière ce que nous espérons être nos valeurs communes pour un monde plus juste.

Nous souhaitons et nous devons être plus attentifs à la condition humaine aux plus fragiles et aux premières lignes (personnel soignant, personnel de services, personnel de production).

Il faut un monde plus juste avec plus d’équité (qui est différent de l’égalité) et plus solidaire, une meilleure répartition des richesses et bannir les absurdités actuelles (notamment la finance).

La consommation exponentielle des ressources montre que notre système n’est pas soutenable.

Comment agir ?

Si les associations organisées et spontanées de citoyens ont montré que nous avions collectivement un plus petit dénominateur commun autour des valeurs de solidarité et de justice sociale, le ou les cadres permettant de faire vivre celles-ci se sont montrés déficients.

Les instances européennes furent bien inaudibles, les états et leurs dirigeants bien volatiles et creux.

Ils sont devenus bien plus prompts et efficaces pour distribuer des contraventions et quelquefois réprimer les associations qu’ils encensaient opportunément hier.

Que pouvons-nous alors attendre de l’état ? Doit-on attendre quelque chose de l’état ?

Nous proposons de repenser notre éthique collective :

Ø  Une éthique collective nationale.

Nous pourrions aujourd’hui offrir un horizon collectif plus solidaire et remettre le travail au cœur du modèle économique pour mieux en répartir les fruits.

L’état pourrait concrètement et symboliquement supprimer les mots affreux d’impôts et de taxes pour les remplacer par le mot de « contributions » dont le sens reflète une participation citoyenne, collective, et non plus la marque de l’autorité verticale du pouvoir.

Donner comme priorité à NOTRE politique le soutien à l’éducation au savoir-être plutôt qu’à la transmission de savoirs (relatifs et souvent éphémères), le soutien à la culture comme une capacité à considérer un objet sous plusieurs angles différents, le soutien à l’action sociale, associative et écologique.

Dépasser la simple considération économique pour prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux lors de la passation de marchés publics par exemple.

Ø  Une éthique collective supranationale.

Il faut en finir avec la compétitivité et développer la coopération par le truchement des sociétés internationales.

Cette crise n’illustre-t-elle pas aujourd’hui la nécessité de définir un bien commun mondial minimum ?

Un bien commun minimum transcendant les frontières.

L’Europe pourrait être un acteur moteur de ce changement pour peser dans l’échiquier mondial en offrant un poids politique plus important que les États européens pris individuellement. Elle pourrait tenter de s’illustrer par sa volonté de coopération et non plus de compétition. En a-t-elle seulement l’envie ?

Si nos aspirations à un monde plus juste et respectueux de notre environnement apparaissent pour certains illusoires, souvent traités par nos médias comme de l’angélisme béa ou dénigrées au nom de du réalisme économique dans un monde en guerre contre lui-même, nous espérons voir grandir l’espoir d’un horizon plus respectueux de la vie sous toutes ses formes… jusqu’à la prochaine crise.

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