Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Qu’avons-nous a appris de cette crise qui puisse nous aider à bâtir une société nouvelle ?

Respectable Loge, Les Amis choisis, Orient de Lyon, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : Acceptation des incertitudesÉcologieIndividuel vs collectifInteractions continuesNouvelle ConstitutionPause vs urgenceSolidarité

Qu’avons-nous appris de cette crise ?

Des vécus différents du confinement

Nos vécus du confinement ont été très différents. Au-delà de la sensibilité de chacune et chacun d’entre nous, cela tient à deux facteurs : l’activité professionnelle et les conditions de vie.

Schématiquement, on pourrait dire que le confinement a moins pesé lorsqu’on est retraité et que l’on est parti s’installer dans une maison de campagne loin de la ville. La consigne du temps de la peste au moyen âge « pars vite, va loin et reviens tard » s’est avérée très efficace, certains d’entre nous nous disant se trouver « loin du stress », avoir le temps de se « réapproprier leur jardin », voire de faire « un peu l’autruche ».

A l’inverse, les FF et les SS en activité, qui sont restés en ville, en appartement plutôt qu’en maison, ont vécu plus difficilement le confinement. Mais ici aussi, il y a une gradation de par les métiers exercés, selon que l’on pouvait rester chez soi ou que l’on était obligé d’en sortir. Aux deux extrêmes se trouveront celui qui a vécu ce temps comme une espèce de pause, le forçant à ralentir un rythme effréné, et celle qui a dû aller travailler, gérer des urgences sans en avoir toujours les moyens.

Nos points communs

Au-delà de ces différences individuelles, il nous parait riche d’enseignements de mettre au jour ce qui nous rapproche, ce qui témoigne de notre commune humanité.

Pour ce faire, nous rappellerons simplement que les travaux des anthropologues et des psychologues évolutionnistes ont montré qu’homo sapiens avait assis sa supériorité sur les autres espèces en manifestant une très grande capacité de coordination collective.

Nous avons fait montre de cette capacité pendant le confinement. Plusieurs d’entre nous ont insisté sur la « plasticité » dont ils avaient su faire preuve dans leur milieu professionnel, notamment dans le secteur de la santé. Ce qui paraissait impossible jusqu’alors est devenu possible en quelques semaines, voire quelques jours. D’autres disent avoir pris conscience de l’importance de certains métiers pour la société.

Cette capacité de coordination propre à notre espèce repose sur des interactions continues. A ce propos, les FF et les SS ont toutes et tous décrits la manière dont ils avaient cherché à « maintenir le lien »   pendant leur isolement, bien que la crise a montré que nous ne formions plus un tout :

  • En prenant des nouvelles non seulement de leurs proches, mais aussi de personnes plus éloignées qu’ils ne contactaient pas d’habitude.
  • En discutant en famille plus que de coutume quand ils en avaient la possibilité.

Si la communication bilatérale s’est maintenue voire s’est amplifiée pendant le confinement, la communication de groupe, elle, a été mise à mal. Plusieurs d’entre nous ont souligné que les réunions à distance et autres « apéros zoom » ne pouvaient pas remplacer les « vraies » réunions. En effet, l’écran de l’ordinateur où l’on participe à une réunion à distance manifeste la discontinuité spatiale : chacun de nous est enfermé dans une fenêtre bien délimitée, nous sommes juxtaposés. Alors que lors d’une réunion physique, nous formons une continuité.

Nous avons d’autant plus ressenti cette différence entre le distanciel et le présentiel, entre l’individuel et le collectif que nous, Francs-Maçons, basons notre travail et notre progression sur un rituel collectif, sur des prises de parole organisées, sur la chaîne des mains et des cœurs, sur l’égrégore qui se manifeste durant nos tenues.

Autre point. Cette capacité de coordination propre à notre espèce s’appuie notamment sur une caractéristique cognitive que nous partageons tous. Nous sommes littéralement programmés pour glaner en permanence des informations sur notre environnement, pour l’interpréter, pour y repérer les dangers et les opportunités. Pour nos ancêtres qui parcouraient des contrées à la recherche de nourriture et qui devaient interpréter des signes, des traces, c’était une question de survie.

C’est fondamentalement à ce type de situation que nous avons été confrontés pendant le confinement. Face à une situation à risque, un « ennemi invisible », nous nous sommes gavés d’information.

Quelle société voulons-nous pour demain ?

En préalable à nos propositions, il est nécessaire de prendre conscience de nos limites pour mieux ancrer nos utopies dans le réel. Ceci nécessite beaucoup d’humilité, la crise a fait voler en éclat certains schémas mentaux.

Le point de départ de notre réflexion est la grande incertitude dans laquelle nous trouvons: Sommes-nous capables de la supporter? Une question que la deuxième vague de la coronavirus cet automne va rendre plus cruciale encore.

En partant de la prise de conscience écologique et sociale durant la crise pour parler de la société de demain, les frères et sœurs ont voulu montrer quelle est leur priorité pour bâtir une société nouvelle. La sortie de crise pourrait être une nouvelle constitution avec des obligations écologiques et sociales auxquelles les partis qui se succèderont au pouvoir ne pourront déroger. C’est l’électrochoc dont nous aurons besoin pour avoir une nouvelle pensée collective, avec de nouveaux objectifs politiques afin de remettre du lien dans la société. Pas de manière révolutionnaire mais il faut bien admettre que les idées de 1958 sont révolues. Les changements ne peuvent pas uniquement institutionnels. Le toilettage d’un texte qui est celui de la 5e république n’est pas suffisant. Il faut une domination par les idées.

L’après, c’est d’abord changer notre vision de nos conditions d’existence et accepter des incertitudes qui peuvent avoir des points positifs. Comme par exemple la mondialisation à qui l’ont a reproché l’incapacité à produire des masques ou des médicaments, mais qui a aussi permis d’avoir une vision mondiale de la pandémie et peut être un vaccin d’ici deux ans. Il ne faut pas opposer mondialisation et souveraineté nationale, il faut faire du ternaire, c’est que qui s’appelle la solidarité internationale.

Notre quête doit aussi porter sur une solidarité plus grande entre les pays de l’Europe. La réflexion doit porter sur ce qu’on veut faire au titre de la mondialisation d’une part, et au titre de la souveraineté nationale d’autre part. Par ailleurs, la logique des flux qui fait que l’on veut toujours aller plus vite doit être proscrite à l’avenir.

Nous sommes dans l’attente d’ un monde de solidarité. On a vécu dans le négatif la crise des gilets jaunes comme la crise sanitaire, or il faut utiliser ces évènements pour bâtir notre réflexion. Où souhaitons-nous aller dans les années futures ?

Parmi les propositions évoquées pour cette 6e Constitution, plutôt qu’une proportionnelle souvent retenue par les thuriféraires d’une nouvelle République, laquelle peut amener au pouvoir des dérives populistes, ce qui pourrait changer les règles, ce serait de modifier la 2e Chambre, c’est-à-dire le Sénat, en d’en faire une structure de citoyens tirés au sort, donc une assemblée réellement représentative. Autres suggestions admises dans notre réflexion et livrées ici en vrac : la nécessité d’une couverture internet pour l’ensemble des citoyens, car sans elle on ne peut pas parler ni d’égalité, ni de liberté ; la mise en place d’une réelle décentralisation, y compris dans des domaines régaliens tels que la santé.

Comment financer la société de demain ? La rapidité avec laquelle on a pu, durant la crise sanitaire, lever le verrou des limites budgétaires montre que là aussi, beaucoup de choses sont possibles. Avec un bémol qui pourrait toutefois être amené, cette dette sera laissée à nos enfants. Or dès l’instant où cette dette est internationale comme c’est le cas actuellement, elle doit être la même dans chaque pays. Elle devient ainsi une dette perpétuelle qui ne sera jamais remboursée. Mais n’est-ce pas aussi un moyen de perpétuer le système afin d’éviter qu’il ne s’écroule ? A noter encore que la dette peut nous ôter de la souveraineté. Enfin, le sujet de la dette ne doit jamais être dissocié de celui de la confiance et la société de demain ne doit pas être prise en otage par les finances. Il est surtout nécessaire de revenir au niveau des peuples, et pourquoi pas, comme en Espagne,, créer un revenu universel ? Il est également nécessaire de réintroduire les humanités dans l’enseignement. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » selon Rabelais dans Pantagruel.

Pour finir, notre triptyque Liberté/Égalité/Fraternité est-il compatible avec les enjeux écologiques abordés en début de réunion ? Une question posée à laquelle nous n’avons apporté aucune réponse.

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