La construction d’une autonomie de jugement

Le constat

Le GODF travaille entre autres au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité afin d’améliorer à la fois la société, et ainsi l’Humanité.

Il est un des principes généraux de notre Ordre posé en son article 1^er.

La voie de l’éveil, celle qui doit nous conduire, sinon à la vérité, à tout le moins à un libre épanouissement de l’humain, à cette éducation humaniste. Cette voie doit nous orienter au vouloir vivre ensemble dans le respect de la dignité de tous les êtres.

Non, cette Humanité ne nous est pas donnée à la naissance, elle est gagnée si nous voyons autrui nous l’accorder, car c’est lui qui nous donne le statut d’être humain pour paraphraser Hegel.

Elle ne peut donc éclore que par la construction d’une culture, d’une éducation, d’une instruction pouvant permettre de développer favorablement et indéfiniment la nature humaine.

Cette voie n’est pas simplement éprouvée dans les livres, mais par soi-même, par l’expérience personnelle.  

Dans son ouvrage Écoute petit homme, le psychanalyste W. Reich s’exprime ainsi : « si petit homme, tu tiens tout entre tes mains, tu as de la profondeur en toi mais tu l’ignores ».

En filigrane, il nous explique que l’avenir de l’humanité dépend donc de nos pensées et de nos actes.

Cette construction d’une autonomie de jugement apparait donc comme primordiale voire cardinale pour former des hommes, des citoyens et des travailleurs.

Un des leviers semble déterminant : celui de l’instruction.

Sans entrer dans un détail nébuleux qui tournerait au vétilleux et une bataille de chiffres, force est de constater que les élèves sortent du primaire et arrivent au secondaire avec un bagage qui tutoie le néant en calcul et orthographe pour ne citer que ces deux matières.

Les correcteurs d’orthographe et autres calculettes semblent suffisants et rassurants pour certains mais ne suscitent aucunement une curiosité intellectuelle et n’apportent aucun goût à l’effort intellectuel. 

Ce désert intellectuel est inquiétant car non seulement il ne favorise pas l’esprit critique, mais il ignore certaines notions qui empêchent de penser par soi-même et par-delà d’ignorer la réaffirmation en l’autre le droit institutionnel de penser.

Le levier adéquat : celui de l’instruction et principalement celui de l’initiation à la philosophie.              

La problématique 

Cette matière est aujourd’hui enseignée en terminale et demain avec la réforme du Bac en 2021, elle fera partie d’une spécialité : humanités, littérature et philosophie dès la classe de 1^ère à raison de 4 heures /semaine et 4 heures en Terminale pour tous.

Il est à regretter qu’il faille attendre la 1^ère où l’on s’adresse à des adolescents de 15 ou 17 ans car il est déjà trop tard.

Cet enseignement de la philosophie sur deux ans dès la classe de 1^ère dans un volume horaire qui diminue de moitié est plus que poussif d’autant qu’il est délivré dans son association avec la littérature.

La construction d’une culture est importante pour les humanistes et il est indéniable que l’on éduque plus vite et plus facilement les enfants.

Cette matière, la philosophie doit être enseignée dès le plus jeune âge, et il est à préconiser de définir une structuration graduelle de l’enseignement de la philosophie de la Primaire à la Terminale.

Il y a presque trois siècles, Condorcet préconisait cette construction d’autonomie de jugement afin que l’enfant devienne son propre maitre, afin qu’il puisse aborder les opinions établies non pas en les consacrant mais en les soumettant à son examen libre, à celui des générations successives toujours de plus en plus éclairées.

L’élève comme sujet libre maitre de ses pensées afin d’assumer son rôle économique et social, sa responsabilité de citoyen et sa vie d’homme.   

Pour ainsi former l’homme, le citoyen et le travailleur.

C’est donc une véritable initiation à la philosophie qui doit s’instaurer dès le plus jeune âge, car c’est avant tout apprendre par l’exemple à philosopher.

L’on s’initie au voyage en se rendant dans un pays et non en résumant la substance des guides touristiques.

Seule l’instruction pourra permettre par l’exemple à développer notre nature humaine.

Montrer donc ce qu’est la philosophie en philosophant, en s’engageant sur d’autres itinéraires à l’appui des textes classiques en allant avec l’âme tout entière selon Platon.

À quoi sert-il de comprendre si cette compréhension laisse inchangée notre mentalité, nos attitudes envers le monde, les autres et nous-même.

Ce ne sont pas les mots qui importent, ni leur sens intellectuel c’est l’expérience intime et intransmissible du sens spirituel.

Ce que l’on doit chercher, c’est ce qui n’a pas été écrit.     

Propositions concrètes

Une réforme de l’enseignement de la philosophie.

1. Un enseignement de la philosophie dès le plus jeune âge de la primaire à la terminale.

• Une structuration graduelle de l’enseignement de la philosophie.

• En primaire éveiller la curiosité intellectuelle avec des notions simples.

• En secondaire réaffirmer l’ouverture d’esprit, l’échange, la confrontation des idées dans le respect et donc dans la reconnaissance de la dignité d’autrui.

• Une formation du jugement critique pour une véritable construction d’autonomie de jugement permettant une éducation humaniste.