Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

De quoi sommes-nous riches ?

Respectable Loge, Intersection, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : Cité-modèleDroits naturelsÉgalitéLibertéNew-deal à la françaiseNouvelle convention sociale

L’aspiration au vivre ensemble dans le respect de nos différences

Animaux sociaux… Nous sommes à la fois des Hommes[1] inquiets, curieux, insatisfaits et aussi animés par le désir de comprendre. Avec Aristote, nous sommes des animaux sociaux, interdépendants les uns des autres. Associée aux valeurs individuelles qui nous animent, la raison nous impose une responsabilité fondée sur le respect envers autrui.

L’esprit en éveil…Nous sommes aussi des esprits en éveil permanent, capables de nous retourner contre notre logiciel de départ – nos origines, le poids des traditions familiales et locales – pour accéder à une humanité élargie. C’est le projet porté par les philosophes du siècle des Lumières.

Avec des droits naturels et dans une société contractuelle… Marianne est détentrice de droits naturels, ceux que Jean-Jacques Rousseau a pu exposer dans le Contrat social, mais nous avons décidé librement de vivre ensemble en acceptant nos différences originelles. C’est la question du choix, fondée sur la raison et non plus sur la race. Dès lors que nous parlons une langue commune, que nos cultures régionales se sont fondues dans un espace élargi, celui de la nation, nous partageons une histoire commune et un destin collectif. Ceci nous impose des obligations les uns vis à vis des autres et nous avons des devoirs librement consentis. La théorie des droits naturels est fondatrice d’une humanité nouvelle.

Construisant une cité-modèle… Ces aspirations émancipatrices s’étaient déjà exprimées au Moyen-Âge, notamment à travers l’œuvre de Christine de Pizan [2]. Notre travail consiste aujourd’hui à construire une cité-modèle dans un espace où les concepts de raison, de droiture, de justice, d’égalité et de fraternité deviendront réalité. Ainsi, les hommes, libérés de leurs chaînes, pourront-ils vivre dans la jouissance librement consentie de leurs droits et de leurs devoirs.

Par un travail sur soi… Si l’apport des Lumières philosophiques irrigue notre vie profane, notre initiation maçonnique a développé en nous cette faculté à renaître dans un espace symbolique dont les outils favorisent un travail d’introspection et d’amélioration individuelle. Cette part d’ascèse égocentrique constitue une étape obligée pour aller vers les autres et contribuer à l’amélioration de la société. Notre initiation maçonnique ne doit pas rester lettre morte. Il importe, selon Thomas Hobbes [3], de ne pas nous soumettre aux seules restrictions de nos propres intérêts.

Forts de la philosophie des Lumières et de notre initiation maçonnique… A fortiori, les conséquences de l’état de guerre provoqué par la pandémie suivie du confinement que nous avons pu vivre récemment, ont fait émerger un grand nombre d’inégalités, aggravant les fractures sociales préexistantes. Parfois, cette guerre a eu pour conséquence de réduire notre vie à sa plus simple expression ; une forme de déshumanisation en quelque sorte. Il nous faut à présent construire le “jour d’après”.

L’égalité entre les hommes et la liberté

Le triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité » nous invite à dépasser le domaine du rêve pour nous installer dans celui de l’utopie constructive. Les hommes sont égaux en droit depuis la Révolution française, au nom de la théorie des droits naturels. D’abord civile, cette égalité s’inscrit en rupture avec la société trifonctionnelle – ceux qui travaillent, ceux qui prient et ceux qui combattent – dont Adalbéron de Laon s’était fait le concepteur en l’an Mille. Cette société aura duré pendant plus de sept-cents ans, organisant la société du Moyen-Âge et celle d’Ancien Régime.

   La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen votée par l’Assemblée constituante, le 26 août 1789, se veut universelle. Elle s’adresse à tous les hommes de la terre, au-delà de leurs origines et de leurs conditions. Son caractère messianique constitue un appel émancipateur pour l’humanité toute- entière.

   La Liberté est inséparable du principe d’Égalité. La liberté ne pouvait exister dans une société où la domination sociale se traduisait par le principe de subordination ou d’appartenance au détenteur de la fortune foncière et mobilière et de la puissance publique. Au Moyen Âge, esclaves, serfs ou mainmortables dépendaient personnellement de leur seigneur, en dépit des nuances légitimes entre ces différents statuts qui ont été finement analysés par les historiens. Ce principe de dépendance constitue l’antonyme de la liberté ; liberté de mouvement, liberté de conscience, liberté d’opinion, liberté d’expression.

   Francs-Maçons, nous devons donner au « jour d’après » une tonalité fondée sur une dynamique de reconstruction. De quelle manière ? En utilisant notre engagement et nos valeurs pour établir une nouvelle convention sociale destinée à construire la cité permettant à chacun de vivre les états de paix ou de guerre sans aliénation subie mais raisonnée.

Un appel à la mobilisation autour de nos valeurs philosophiques

Créons une méthodologie ! Notre mission cardinale consiste à faire redécouvrir les vertus de l’intelligence humaine pour mieux vivre avec et pour les autres en :

   – réinventant les solidarités interprofessionnelles et intergénérationnelles,

   – consolidant l’appropriation et l’analyse de l’information avec discernement,

   – défrichant de nouveaux horizons à la lumière des découvertes scientifiques et de leur diffusion,

   – redécouvrant et valorisant les ressources citoyennes en péréquation avec les valeurs individuelles, professionnelles, politiques.

Devenons maîtres de cordée ! Il sera alors possible d’atténuer les fractures quasi-sismiques que la situation sanitaire a révélé. Notre action progressive et féconde consiste à répandre à l’extérieur du temple maçonnique les valeurs que nous avons acquises. Nous sommes un moteur de toutes les transformations sociétales possibles. Alors levons nous, entreprenons, proposons et donnons ! Car même si le monde est dangereux à vivre, il ne l’est pas seulement à cause de ceux qui agissent, mais surtout à cause de ceux qui regardent et laissent faire.

« Agissons ! » : Confronté à la tempête, un honnête homme réagit, mais un grand homme agit. Soyons tous de grands Hommes ! Devenons force de proposition auprès des instances dirigeantes de notre pays ! Transformons nos réflexions en propositions de lois ! Amendons les textes qui nous régissent ! Construisons les fondamentaux du monde d’après, tout en restant vigilants aux étapes de son édification !

Construisons d’autres temples profanes où la liberté et la fraternité seront les garants de de l’égalité pour tous et de la liberté communément partagée. 

Appuyons-nous sur les succès de notre histoire ! Ces aspirations ne relèvent pas du domaine du rêve. Pendant la haute période de la IIIème République (1877-1914), les loges maçonniques ont exercé une action profondément innovante dans l’organisation d’une société encore rurale et dont les fondements commençaient à vaciller sous l’influence de la révolution industrielle et de la progression démographique des villes. Le périmètre d’influence des loges se confondait souvent avec celui des circonscriptions parlementaires à l’échelle des arrondissements qui constituaient alors le cadre des débats et des combats d’idées. Les grands combats en faveur de l’instruction, de la laïcité, de la propagation de l’hygiène publique et de la santé se sont déroulés dans un climat de tension politique. Les républicains de progrès ont fini par l’emporter au terme de luttes ardentes dont témoigne l’affaire Dreyfus.

Un Green et New deal à la française ! La reconstruction de la société émancipatrice a commencé avec la rédaction du Libre Blanc et ne se fera pas sans grands affrontements. La crise sanitaire se transforme en crise économique avec son cortège de licenciements porteur de souffrances sociales et de misère. Nous avons à mobiliser les ressources à disposition, à commencer par celles de l’Etat, pour construire un nouveau pacte social destiné à réhabiliter artisans et salariés face au pouvoir des actionnaires des grandes entreprises de biens et de services. Le “jour d’après” donne la main à un nouveau rapport de l’homme à la nature – le fameux green-deal du Livre Blanc ; un new-deal à la française répondant aux exigences sociales du présent s’impose. C’est grâce aux valeurs et aux méthodes de travail dont nous sommes riches – nous Francs-Maçons – que nous pourrons en dessiner le projet.

Proposition phare : nous mobiliser pour faire vivre et répandre les valeurs philosophiques dont nous sommes riches.


[1] Ici le mot homme, regroupe les hommes et les femmes.

[2] Christine de PIZAN, (1364-1431) Le Livre de la Cité des Dames, Texte traduit et présenté par Thérèse MOREAU et Éric HICKS, Editions Stock, collection « Moyen Âge », 2005.

[3] Thomas HOBBES, Le Léviathan, chapitre xvii, 1651.

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