Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Un nouvel horizon : une prospective maçonnique

Respectable Loge, La Parfaite Égalité, Orient de Rouen-Canteleu, Région 9 Ouest

Mots Clefs : DeuilMaladieMortPossibleVie

La maladie, la mort, le deuil, la valeur de la vie sont des notions qui ont été bousculées. Comment repenser ces notions en continuité ou en rupture ?

2020 restera sans aucun doute dans les mémoires de nos générations comme celle d’un grand bouleversement : comment penser qu’une pandémie aurait pu nous atteindre collectivement et individuellement avec la fulgurance que nous avons connue ? Bien des pensées, des certitudes ont vacillé ou sont remises en cause, affectant parfois directement nos vies. Car c’est bien à un coup de tonnerre, à un orage même auquel nous avons été confrontés. Nous pensions que ce coronavirus était au loin, que nous étions à l’abri, que rien ne pouvait nous arriver. Le SRAS en 2003 était bien resté cantonné à l’Asie et au Canada alors là ce serait pareil. Et bien non.

Nous ne reviendrons pas sur l’inconséquence des Etats à se préparer, à anticiper, malgré les mises en garde répétées de la communauté scientifique et l’Organisation Mondiale de la Santé, ce que nous savons aujourd’hui devait arriver un jour : une pandémie se répandant sur le globe à la vitesse de l’éclair en entrainant son lot de malades, de morts, de souffrance. Des individus se sont révélés aussi. Je pense particulièrement aux soignants qui ont fait tenir le système de soin pour lui assurer une continuité dans des conditions difficiles, parfois sans protection et avec les moyens du bord. Nous nous interrogerons longtemps sur la faillite des Etats à être là. Ce sont des femmes et des hommes, soignants, éboueurs, logisticiens, caissières qui ont fait tenir la société. Le bas étage que l’on ne veut jamais voir et le smicard à vie.

Peu de connaissances sur cette maladie et ses conséquences

C’est une forme de témoignage que j’adresse puisque j’ai eu la confirmation que j’avais croisé cette maladie bizarre. Je dis bizarre car elle ne ressemble à rien de connu : face à elle, plus de repère. Sa fulgurance, sa force, son côté sournois étonne. Tout d’un coup, un monde de certitudes s’écroule. D’abord, personne n’est à l’abri. Et au moment où j’écris ces lignes nous savons si peu de ce coronavirus, de sa transmission, de ses développements si différents selon les individus. De ses répliques aussi. Cette maladie bouleverse nos acquis, nos croyances profanes. Oui, au XXIe siècle le monde peut être chamboulé par une pandémie. Ce monde qui est apparu avec un sacré talon d’Achille : la globalisation qui nous était présentée comme une force est devenue soudain d’une faiblesse incroyable entrainant pénurie et désorganisation.

Face à la maladie, malheureusement pour certains et certaines la mort, nous sommes seuls, profondément. Et Covid-19 a particulièrement rappelé cette souffrance-là : pas d’accompagnement des proches, des hommages rendus sommaires à cause de la maladie même. Je me souviendrai longtemps de la litanie des soirs de pandémie avec le point médical comme seul rendez-vous ponctuel. Avec l’hommage aux soignants aussi, expression et témoignage d’une reconnaissance des citoyens et d’une solidarité.

Et si c’était possible ?

Le confinement de 55 jours a tout à la fois cassé quelque chose et remis les pendules à l’heure. Cassé quelque chose, un rythme, une routine. Un monde s’arrête, c’est possible. Une économie cesse, c’est possible. Nous pouvons vivre avec moins, c’est possible. Nous pouvons cesser de prendre l’avion comme on prend sa voiture, c’est possible. Nous pouvons porter un autre regard sur nos proches, avec du temps pour soi, c’est possible. Nous pouvons écouter le silence, voir le ciel bleu, admirer un lever de soleil, voir le retour des animaux dans une forêt urbaine : tout cela est devenu possible. Donc, un monde avec autre chose que des valeurs consuméristes est possible puisque nous l’avons vécu. Ce monde étourdissant qui faisait oublier ce que nous ne voulions plus voir : nous sommes mortels. Et pourtant, l’on peut dire en Maçonnerie qu’on nous le rappelle souvent ! Et pourtant…

Je trouve le monde d’Après en rupture. Le confinement a cassé quelque chose. La pensée même a changé. Le coronavirus est toujours là et un constat est à faire : nous ne savons pas. Nous ne savons pas si le virus reviendra, quand. S’il y aura un jour un vaccin. Si je vais continuer à vivre. Si mon entourage sera toujours là demain. Comment nous reprendrons nos travaux et dans quelles conditions. Si je pourrais un jour tenir de nouveau dans mes bras ma S∴, mon F∴.

La distance, le masque nécessaires (les gestes barrières) m’empêchent d’aller vers l’autre, de le toucher, de l’embrasser. Seuls, les yeux parlent au-dessus du masque et disent. Ils sont la seule lumière et expression de l’âme. Même la parole devient masquée et se perd avec lui. Notre relation aux autres a changé et à mon sens il n’y aura pas de retour au monde d’Avant. En tout cas pas avant la vaccination si elle a lieu. Car ce coronavirus a encore beaucoup à nous apprendre.

Une chose est sûre, la seule chose positive avec cette épreuve : la vie est toujours là et ça, c’est inestimable. Nous l’avions peut-être oublié.

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