Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Penser la santé en Franc-Maçon

Respectable Loge, Saint-Jean, Orient de Tours, Région 5 Centre

Mots Clefs : ÉgalitéÉthiqueMaladieSantéVirus

Le GODF nous propose de penser l’Après, réflexion qui vient après la déflagration du COVID-19 et de faire des propositions d’amélioration de notre système de santé.

Nous choisissons de ne pas répondre directement à ce questionnement estimant qu’il n’est pas de notre rôle de dire ce qu’il convient de faire en matière d’organisation des soins et/ou de la solidarité – problème strictement politique.

Mais il nous appartient d’énoncer les conditions d’une évolution de notre rapport à la santé.

Etat de la réflexion actuelle sur l’évolution des problématiques de santé et des questions éthiques s’y rapportant.

Le CCNE dans son rapport de 2018 sur les états généraux de la bioéthique (avec comme objectif général de discerner le possible du souhaitable) propose d’aborder neuf thématiques dont le simple énoncé est éclairant sur la manière dont notre société pense ses problèmes de santé :

  • la recherche sur l’embryon humain et les cellules souches embryonnaires humaines,
  • les examens génétiques et la médecine génomique,
  • les dons et transplantations d’organes,
  • les neurosciences,
  • les données de santé,
  • l’intelligence artificielle et la robotisation,
  • la santé et l’environnement,
  • la procréation,
  • la fin de vie.

Nous noterons que 4 de ces questions concernent le début ou la fin de vie mais une seule se rapporte à ce que nous vivons actuellement – santé et environnement : la santé publique. La santé publique est porteuse du paradoxe de l’efficacité ; en effet si elle est efficace alors la maladie n’apparaît pas et les coûts liés aux dites maladies disparaissent laissant alors à penser que ces maladies n’existent plus.

Pour nous résumer les problématiques de santé aujourd’hui se posent essentiellement à deux niveaux : la reproduction humaine (dans les pays développés) avec des questions délicates autour de la PMA / GPA, et la fin de vie avec l’augmentation de l’espérance de vie toujours dans les pays développés.

Nous savons aussi que les maladies allergiques sont devenues le 4ème facteur de maladies chroniques dans le monde et que 20 à 30 % de la population des pays développés souffre aujourd’hui d’une maladie allergique, et encore que 20 000 à 40 000 personnes sont mortes des conséquences de la pollution atmosphérique en France en 2008 (source INSERM).

Nous ne méconnaissons pas pour autant les questions du traitement et de la conservation des données de santé, problème aujourd’hui crucial avec l’utilisation de la robotique et de l’intelligence artificielle. Pour autant il ne faudrait pas oublier que nous restons fragiles face à certains évènements comme la circulation virale, voire l’évolution des virus qui sont parties prenantes du processus de vie.

Qu’est-ce que l’objet dont nous parlons : la santé ?

SI nous nous référons à la définition de l’OMS la santé se définit par l’absence de maladie, alors qu’est-ce que la maladie ?

Les termes maladie et malade proviennent du latin male habitus signifiant qui est en mauvais état. La maladie indique une altération du ou des fonctions d’un organisme vivant, animal ou végétal.

Quelque soit le cas considéré, la cause de la maladie est soit endogène soit exogène à l’organisme atteint de maladie.

Globalement les maladies infectieuses ou à déterminant unique ont largement reculé avec l’apparition entre autres des antibiothérapies, mais aussi des progrès de l’hygiène, des vaccinations, ceci a eu deux conséquences. L’augmentation de l’espérance de vie et concomitamment le développement des maladies chroniques à déterminants multiples. Dans ce cas on n’est pas en capacité de dire précisément quel est le poids de tel ou tel facteur dans la genèse du processus pathologique. Ainsi quel est le poids du facteur biologique, génétique, physique, social, comportemental, environnemental dans l’apparition de telle ou telle maladie métabolique (diabète, athérosclérose, obésité …etc) ?

La Pandémie, problème du vivant, problème de société

L’apparition du fameux COVID-19 questionne très profondément notre relation à la vie ou plutôt au vivant/ Le vivant se défini par trois grandes fonctions :

  1. La possibilité de se maintenir en vie par la nutrition, l’assimilation, les réactions énergétiques de respiration et de fermentation
  2. La possibilité de propager la vie par la reproduction
  3. La possibilité de se conduire soi-même par la coordination, la synchronisation, la régulation et le contrôle des réactions d’ensemble

A y regarder de plus prêt un virus ne répond qu’à une partie de cette définition, ce n’est donc pas un organisme vivant, et pourtant il affecte le vivant – il est en nous, c’est un acaryocyte. Ces caractéristiques en font une question quasi métaphysique puisque ce virus est possiblement porteur de la fin de vie, serions-nous dans certaines circonstances porteuses de notre propre limite (en dehors de la fin normale du cycle de vie), limite qui s’exprime dans nos habitudes de vie ?

Il nous faut faire preuve d’une extrême modestie devant ce que l’on a pensé être la toute puissance de la science, cf. le VIH et EBOLA pour lesquels on n’a toujours pas de vaccins.

Et si l’on s’en réfère aux définitions supra la relation homme / virus, sorte de relation de parasitage nous indique que plus il y a d’individus plus il y a de risques d’évolution de ce parasitage.

L’autre conséquence est celle de la communication, le modèle économique adopté par tous du libre échange et de la libre circulation des biens et des hommes a comme conséquence la contamination potentielle de toute la planète par tout élément affectant l’équilibre ou la santé des populations.

Ce qui est ici pointé c’est la double problématique du développement exponentiel de la population humaine et l’impact de celui-ci sur l’environnement, santé publique et réflexion environnementale se rejoignent ici. 

Il est aussi peut-être temps d’en finir avec ce qui semble nous définir aujourd’hui – la capacité consommatrice comme modèle identitaire. – et de rappeler que en tant que Franc-Maçon nous devons : « préparer la concorde universelle tout en travaillant à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité » faute de quoi nous ne serions que de bien piètres et pâles humains.

Conclusion, propositions

Pour inscrire nos propositions dans ce que nous avons énoncé en introduction nous proposons de réintroduire dans l’organisation de la santé des valeurs qui semblent parfois s’être dissoutes dans un système qui énoncé il y a plus de 70 ans ne semblent plus pertinentes avec une organisation de la santé en adéquation avec son objet humaniste. Sommes-nous ainsi que l’énonçait Michel Foucault dans l’archéologie du savoir face à une nouvelle relation discursive du discours médical (qui a à faire avec ce nouvel objet le COVID-19 dont on ne voit pas les limites) mais dont nous aurions à apprécier les conséquences sur notre organisation sociétale : pour un Grenelle de la santé ?

1) Égalité de tous devant le soin (pour mémoire on constate une augmentation régulière des dépassements d’honoraires dans certains secteurs du soin cf. les honoraires libres) – donc encadrement strict des honoraires car un produit de santé (soin ou prothèse ..) n’est pas un produit commercial

2) Juste répartition de la ressource (hommes et équipements) cf. l’installation des auxiliaires de santé sur tout le territoire, avec une réglementation de la formation médicale (numérus clausus par disciplines) ce qui garantirait d’avoir suffisamment de médecins spécialisés dans toutes les disciplines, assorti d’une obligation d’installation territoriale à l’instar des pharmaciens.

3) Prise en charge du coût des soins équitables, incluant peut-être un facteur humain (participation minime mais réelle du patient) au nom d’un principe de réalité, qui aide à la disjonction du couple besoin / désir.

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