Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le monde d’après : comment changer quand tout change ?

Respectable Loge, Etoile des Mascareignes, Orient de Saint-Pierre, Région 3 Afrique-Asie-Amériques-Pacifique-Océanie dite le Monde

Mots Clefs : Changement

La crise sanitaire comme injonction au changement

Dans le monde d’avant où nos regards mondialisés étaient focalisés sur les risques multiples venus d’ailleurs (conflit entre hyperpuissances, prolifération des technologies de l’armement, conséquences du changement climatique et modèle international de développement), une entité microscopique, qui n’en est pas moins reflet de notre civilisation, est venue enrayer le système.

Il a fallu interrompre brutalement le fonctionnement de ce monde pressé par la croissance et la recherche de développement, à toutes les échelles. Ce qui évidemment fait éclater au grand jour ses dysfonctionnements et des alternatives possibles.

Dans un monde quasiment totalement confiné, une question s’est posée à tout le monde, comme une remise en cause absolue et nécessaire : il faut changer, et travailler à un monde d’après, qui sera, vu l’ampleur de la remise en cause, meilleur.

Toute civilisation du progrès auto-proclamé ambitionne forcément au meilleur des mondes, Aldous Huxley nous l’a bien raconté. Il faut donc changer, remettre en cause le système, réorganiser les sociétés, le monde, l’économie, avec les meilleures intentions, la force, la volonté et la participation de tous.

Mais comment changer, quand tout change déjà tout le temps ? Sur quelles bases établir le changement ?

Le changement permanent comme état de fait et comme cadre de référence

Notre monde post moderne est devenu ce que le sociologue Zygmund Bauman appelle un monde liquide. Selon lui, dans les sociétés liquides (c’est-à-dire post-modernes), où la communauté cède le pas à l’individualisme, le changement est la seule chose permanente, l’incertitude notre seule certitude. On surfe sur adopteunmec.com quand autrefois on se mariait pour la vie, on change de voiture là où les biens de consommation et les équipements étaient le fruit d’une épargne patiemment accumulée, on change aisément d’idéologies ou de partis quand autrefois on mourrait pour ses idées, et on varie les discours au gré des aléas, ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui.

La société actuelle dans laquelle nous vivons fonctionne sur un modèle économique fondé sur la consommation, consommation qui ne peut être entretenue qu’avec la notion de changement, d’obsolescence programmée, de modes. Cette société du spectacle et de la consommation a largement été bousculée par la crise : plus de retransmissions de matchs de foot, rupture de certains produits mondialisés, plus de shopping possible durant le confinement !

Les situations dans lesquelles nous nous trouvons changent avant même que des procédures, des dogmes ou des habitudes aient le temps de se consolider. La crise Covid en est une illustration formidable : On ne sait pas si on pourra et où on pourra partir aux prochaines vacances ! Les masques inutiles, voire dangereux d’hier sont devenus les protections incontournables d’aujourd’hui. Les protocoles sanitaires varient au gré des chiffres, de la disponibilité du matériel, des impératifs économiques : c’est une certitude affirmée aujourd’hui que les enfants sont non contaminants, puisqu’il faut remettre les parents au travail. Ne fermons donc plus de classes, plus de précautions inutiles. Avec un recul d’à peine quelques mois et des scientifiques divisés sur la nature même du virus (muté ou pas ?). Un changement de gouvernement au passage pour mieux faire oublier une gestion de crise critiquable.

Il devient difficile pour l’individu de prendre le temps de tirer des enseignements durables de ses expériences, étant donné que le cadre de référence change tout le temps.

Depuis le déclenchement de la crise Covid, l’incertitude est devenue notre quotidien : incertitudes dans les découvertes médicales, informations pléthoriques, cacophonie médiatique et en même temps, une certaine censure des voix dissonantes, très vite disqualifiée par un dogme dont on ignore qui l’a établi. Socrate encore vivant, il aurait twitté, posté sur Instagram, Facebook : « ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

Cela génère une forme de crise de confiance généralisée et nourrit les théories des conspirationnistes. Où se situe le vrai, vu que le dogme change tout le temps ?

Le changement est devenu valeur : qui ne change pas se ringardise. Et il faut aller vite pour ne pas être démodé, suivre les tendances impulsées dans un monde de plus en plus numérique. La volonté même de publier une réflexion sur le monde d’après sans savoir si la crise est finie semble prématurée. L’immédiateté de vouloir tirer d’une leçon peut être encore inachevée pose question. Y a-t-il urgence à ce Livre Blanc ? A nouveau, il est difficile de tirer des leçons d’une expérience mouvante, dont on n’a pas encore cerné les tenants et les aboutissants.

Qu’est-ce qu’était le monde d’avant ? Quand la crise pourra-t-elle être considérée comme finie ? Quand pourrons nous établir les bases d’un monde d’après ?

S’engager à changer est-il encore d’actualité ?

Mais pour changer réellement, il faut une base de référence. Je vais changer, mais quel est le modèle dont je ne veux plus ? Quel était le monde d’avant ?

A titre individuel comme collectif, les mauvaises habitudes reviennent souvent aussi vite que les bonnes résolutions disparaissent.

Changer demande des efforts, du temps, de la discussion et de la bonne volonté.

A peine 4 mois après le déconfinement, la question de l’émergence d’un monde d’après ne semble plus se poser, avec la même acuité. Changer le monde d’avant est-il encore d’actualité ? Nous sommes submergés par les nouveaux dossiers à traiter, ceux de régler la crise économique, celle de relancer la croissance, celle de trouver un vaccin, de savoir qui y aura droit en premier. Changer, c’est aller vers la 5G bien que nous n’ayons pas le recul suffisant pour en mesurer les conséquences sanitaires, en ringardisant les opposants traités d’amishs d’un monde rétrograde et réfractaire au changement. Le changement est à nouveau présenté comme positif et inéluctable.

De quel changement parle-t-on ? A-t-on changé vers des engagements réels, vers le temps de réflexion et de recul nécessaire à toute prise de décision collective et importante ? Il faut s’appuyer sur des changements durables, sans quoi ce serait plus une mise en scène de changement qu’un réel changement. La Convention citoyenne sur le Climat n’a pour l’instant donné lieu qu’à des promesses tièdes.

Le monde maçonnique est attaché aux traditions et à la transmission de rites qui changent peu avec le temps. Les symboles que nous utilisons sont intemporels puisque nous les retrouvons dans les cultures les plus anciennes. Deux symboles en tarologie renvoient au changement : la Roue de la Fortune et l’Arcane sans nom.

Le premier nous rappelle que la vie est faite d’aléas, de moments de difficultés et de moments heureux. La Roue tourne, les choses changent. Le second appelle à un changement radical, celui qui ne peut s’obtenir qu’après la mort de l’état précédent.

Le changement pour faire advenir le monde d’après nécessite que le monde d’avant, avec ses travers identifiés, meurt pour renaître.

A l’heure actuelle, il n’a fait que reprendre ses habitudes, avec un masque… – de changement.

A lire aussi

Nos travaux philanthropiques ne doivent-ils pas entrer dans l’ère de l’humanisme écologique ?

Problématique et contexte Les termes de la question nous incitent à circonscrire tout d’abord ce qu’est, ou devrait être, l’un de nos objectifs principaux en franc-maçonnerie. L’expression « entreprise philanthropique » lui correspond-t-elle bien ? Interrogeons-nous aussi...

Lire la suite
Ecologie

Nos travaux philanthropiques ne doivent-ils pas entrer dans l’ère de l’humanisme écologique ?

L’invasion du covid 19 et surtout la période du confinement ont soudainement provoqué une remise en question de nos structures de vie, beaucoup de questionnements, de grands rêves de changements et peu de réponses. Cette...

Lire la suite
Ecologie

Quel monde souhaitons-nous aider à naître des décombres du virus ?

Notre pays ainsi qu’une partie de notre monde est à l’arrêt. Nous nous  croyions invincibles mais cette crise nous apprend que nous sommes vulnérables et que rien n’est jamais acquis. Cette vulnérabilité peut être l’occasion...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde