Transformons cette crise en voie d’espérance

Une crise mondiale, une crise de modèle

Nous vivons une crise sanitaire jamais vue qui entraîne une crise économique, financière, sociale sans précédent, qui s’ajoute à une crise écologique planétaire. Cette crise agit comme un révélateur et un amplificateur des failles de notre société, et mets à mal notre devise républicaine Liberté, égalité, Fraternité. Qu’avons-nous fait à nos enfants ? Ils ont devant eux un héritage constitué notamment d’une montagne de dettes, d’un changement climatique, d’un déclin de la biodiversité, d’une mondialisation qui épuise les ressources terriennes, d’une pollution de l’air, des océans et des sols.

Le Statu Quo est impossible, seule une transformation profonde est envisageable

La dilution de notre souveraineté et de notre indépendance dans des secteurs clés comme la santé et certaines filières de production a provoqué cette perte constatée de la maîtrise de notre destin sur le plan national, européen et mondial. L’absence de reconnaissance des derniers de cordée, ces métiers essentiels à forte utilité sociale (aide-soignant, caissier(e)s, enseignants, livreurs, etc, …), qui se sont retrouvés en première ligne, a été mis au grand jour.

La crise a amplifié les effets de la fracture numérique pour les scolaires/étudiants, les territoires, et a accéléré la paupérisation de certaines classes sociales. Cette crise a amené certains citoyens à la prise de conscience d’une nécessité de consommation plus vertueuse pour la santé et l’environnement. Elle a mis en lumière le besoin d’une nécessaire solidarité et d’une plus grande fraternité : soutien des professions médicales, courses pour les personnes peu autonomes, etc…

Il a été frappant de constater que le premier réflexe des démocraties a été de laisser de côté l’économie au profit de la santé, tandis que les régimes populistes ont eu au début des politiques liberticides ou de déni. La recherche de la sortie de la crise nous pousse-t-elle à nous écarter de plus en plus de nos utopies maçonniques, de l’esprit des lumières ? L’hypothèse d’un verrouillage universel liberticide est-elle inéluctable ?

 Des choix importants sont à faire à tous les échelons, de l’individu aux états, et le temps joue contre nous. Il nous faut choisir entre le meilleur et le pire et quelquefois le meilleur se réduit au moins pire. Le pire est le repli sur soi, de ne pas maîtriser les effets de la peur engendrée par un avenir de plus en plus incertain. La peur peut provoquer la recherche de certitudes, certitudes que l’on peut trouver dans l’appartenance à une communauté, que l’on peut trouver dans la soumission à une autorité, à des discours simplistes ou prônant le complot, dans la croyance en des idées intégristes qu’elles soient religieuses, écologistes ou mystiques, le pire c’est de ne voir dans la différence chez les autres qu’un danger, qu’une menace, au détriment d’un potentiel d’enrichissement, de nouvelles pistes à explorer.

 La volonté de choisir le meilleur c’est de mettre à profit cette crise pour faire un pas de côté, pour imaginer un nouveau paradigme, un nouveau pacte social et démocratique, une envie de construire un avenir juste et résilient au changement climatique, aux crises financières, où la hiérarchie des valeurs privilégierait l’humain et le sens, plutôt que l’avoir et l’hubris. 

Comment faire bouger les lignes pour que les esprits se saisissent de la manière la plus efficace de ce moment historique pour nos civilisations ? Il y a-t-il un rapport, une proportion entre les grands défis que nous avons à résoudre ?

Prospective pour une nouvelle voie d’espérance avec nos valeurs fondamentales humanistes, philosophiques, philanthropiques et progressives

Au-delà des orientations politiques, si la transformation de notre modèle démocratique doit passer par une prise de conscience citoyenne, comment définir une nouvelle éthique citoyenne, et quels processus et organisation pour en définir tous les pans ? La société actuelle valorise principalement les besoins du consommateur et ses pulsions, éloignant de plus en plus le citoyen de ce travail de prise de conscience qui changerait profondément sa relation au monde. Les nouveaux enjeux nécessitent exactement l’inverse : que le citoyen développe une nouvelle éthique. Comment faire vivre et valoriser cette nouvelle éthique à tous les échelons de décision : individuel, foyer, collectivité, entreprise, région, gouvernement… ?   Nous connaissons parfaitement les faiblesses qui nous empêchent de changer de paradigme sur un claquement de doigt : l’individualisme, le communautarisme, le corporatisme, les divisions dans chaque groupe politique, association philosophique, une perte de repères idéologiques, une baisse de confiance dans l’avenir, dans les institutions, des mauvaises habitudes prises sur les réseaux sociaux qui habillent la liberté d’expression d’intolérance,  de violence,  de déresponsabilisation, un laxisme face aux incivilités qui ne valorise pas la démarche citoyenne, une banalisation des thèses du complot qui enferment les pensées,  une défaite de la laïcité en rase campagne face au communautarisme, une absence de vision européenne, une démocratie locale, dernier bastion, qui ne fait plus recettes. A l’opposé de ces faiblesses il nous faut regarder d’autres horizons : la manière d’instaurer une plus grande justice sociale, la façon d’intégrer le respect de l’environnement, la prise en compte permanente d’un objectif de résilience, la valorisation du civisme, de la laïcité, et du vivre ensemble. Ces nouveaux horizons s’intègrent bien avec notre logiciel Liberté, égalité, Fraternité. Nous avons la capacité de refaire nation, de redéfinir la République comme un seul bloc, et de montrer l’exemple au monde à l’aune de ce Rendez-Vous, comme la France a su le montrer de nombreuses fois dans le passé. Nous devons avoir ces débats à tous les échelons, et la F∴M∴ doit être très active à la manœuvre. Mettre en mouvement c’est déjà faire les premiers pas, c’est construire de nouvelles fondations depuis la base avec de nouveaux lieux démocratiques dans lesquels la participation devrait être valorisée au même titre que devrait être valorisées les actions civiques. Beaucoup de sujets de fond sont à penser de manière cohérente dans cette nouvelle voie d’espérance. Cette nouvelle éthique devra nous permettre de traiter des sujets d’avenir pour notre pays :

• comment définir une nouvelle charte des Devoirs et de Solidarité que tous les citoyens devront accepter et signer à la majorité et à la naturalisation ?
• quelles modalités de contrôle des droits et devoirs concernant la laïcité ?
• comment éduquer à un comportement citoyen sur les réseaux sociaux, et contrôler et pénaliser rapidement tout en garantissant une régulation démocratique ?
• quelle politique sur le droit au numérique pour les territoires et les familles modestes, qui sont abandonnés face aux impératifs de télétravail et de formation en distanciel  ?
• quelles modalités de subsidiarité économique pour développer les circuits courts ?
• quel revenu universel conditionnel et local face aux nouveaux défis de la crise sociale ?
• comment choisir une démarchandisation de certains biens communs ?
• quels objectifs et quel dispositif pour une taxe locale associée à une monnaie locale utilisable pour certains biens et services locaux, et quelles passerelles avec la transition écologique, la souveraineté et les circuits courts ?
• quels équilibres trouver dans la mise en place de la légalisation du cannabis récréatif via un monopole d’état ?
• quelle feuille de route pour une véritable gouvernance de notre souveraineté nationale et européenne sur certains produits/services/filières stratégiques ? 

Nous Francs-Maçons, nous devons dessiner une nouvelle voie d’espérance, une nouvelle éthique au nom de nos valeurs fondamentales humanistes, philosophiques, philanthropiques et progressives.