Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le chemin qui mène à la Lumière suit-il une ligne droite ?

Respectable Loge, Les Amics de la Via Domitia, Orient de Poussan, Région 8 Languedoc - Roussillon

Mots Clefs : Maçonnerie

Le chemin qui mène à la Lumière suit-il une ligne droite ? Et cette ligne droite, comme toute ligne droite idéologique trop rigide, ne risque-t-elle pas de générer un dogmatisme que nous Maçons, nous rejetons ?

En effet, la vie est par essence sinueuse, étant sans cesse confrontée à des obstacles imprévus (comme la récente pandémie), des rencontres improbables, des dérives dangereuses. C’est pourquoi il faut sans cesse nous remettre en question, sans haine ni violence. Exercice difficile aujourd’hui, mais la F \ M \ nous y aide en nous offrant une boussole qui nous guide vers la Lumière.

Mais la boussole « raison » suffit-elle ? N’est-il pas dans l’essence même de la F \ M \d’instiller en nous un doute méthodique et salvateur ? Celui de Descartes, sans doute, et bien avant lui celui de Socrate et de ses disciples. Mais aussi les renversements dialectiques, les « pas de côté », les paradoxes fructueux, bref, ce qu’on pourrait nommer les « folies » de penseurs comme Thomas More (créateur du mot utopie), Érasme, Cervantès, Shakespeare, Rabelais, Montaigne, Diderot ou Lafargue.

Car pour ces grands penseurs, Maçons « sans tablier » ou Maçon, comme Lafargue, le chemin vers la Lumière et la Vérité nécessite des remises en cause constantes, des prises de distance audacieuses, mais aussi des constructions utopiques créatrices d’espoir et indispensables pour trouver la Voie au sens où la sagesse asiatique entend le mot. C’est cela, pour nous, « l’utopie constructive », ou « utopie réaliste » évoquée dans les suggestions que nous a envoyées le GODF. A charge pour nous de faire en sorte que l’expression ne reste pas à l’état d’oxymore !

La crise que nous vivons aura eu cela de positif qu’elle nous oblige à nous interroger sur nos valeurs fondamentales, à les redéfinir, à les rénover, à faire un salutaire « pas de côté » pour construire un monde meilleur.

Voici les deux pistes que nous avons rapidement explorées :

1. N’est-il pas temps de revivifier, d’actualiser quelques concepts clefs qui sont à la base de notre engagement pour les débarrasser de toutes sortes de scories mortifères ?

Par exemple, qu’entendons-nous exactement aujourd’hui par « humanisme » ? La colonisation, les deux guerres mondiales, les compromissions politiques de toutes sortes ont pu le dévaloriser. Comment aujourd’hui penser l’homme sans prendre en compte ce que nous disent éthologues, philosophes, historiens, militants écologistes, qui remettent enfin l’homme à sa vraie place : un vivant parmi les vivants respectant son environnement, la biodiversité, les animaux (nos « frères », comme le disait Hugo).

Il nous semble qu’il faut désormais, dans nos prises de position maçonniques, fuir certains poncifs hérités du passé et rénover quelques notions clés, comme, par exemple, le travail (de quel travail parlons-nous ?), la solidarité, la fraternité, le bonheur, la raison (« lanterne à tête de fourmi », selon le poète Paul Eluard), la laïcité, etc. Il nous paraît urgent de nous repositionner sur ces sujets fondamentaux car nous sommes en quête de Vérité. On connaît la position de Camus : « Mal nommer les choses, c’est ajouter à la misère du monde ».

2. Il nous paraît nécessaire que notre obédience s’engage enfin concrètement en menant des actions pour l’instauration d’une société plus juste, tout en gardant une hauteur de vue qui fonde notre identité.

Proposons, innovons, combattons plus vigoureusement tous les dogmatismes, retrouvons enfin l’enthousiasme de nos aînés de la IIIe République qui ont souvent mené un remarquable combat social, au lieu de nous enliser dans de vains débats, comme le choix de tel ou tel rituel, la primauté de la réflexion symbolique, etc.

Retrouvons donc ce petit bonheur à hauteur d’homme dont avaient rêvé les philosophes présocratiques comme Epicure et, plus près de nous, Voltaire (dans Candide), notre F :. Maçon Paul Lafargue qui réclamait « le droit à la paresse », ou Camus qui imaginait un Sisyphe heureux. C’est une des leçons positives que nous pouvons tirer de la période du confinement qui nous a forcés à « cultiver notre jardin » !

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