Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le monde d’après

Respectable Loge, L’Amitié, Orient de Paris, Région 11 Paris 1

Mots Clefs : LibertéPeurSanté

Contexte

Nouveau monde ou continuation ? Ce nouveau monde, que beaucoup appellent de leurs vœux, n’apparaît-il pas en fait que comme la continuité de notre monde qui a subi un coup d’arrêt, comme une parenthèse ? Sur un sujet aussi inédit, encore brûlant et peut-être pour longtemps, il évoque bien des sentiments, des peurs mais aussi quelques raisons d’espérer. C’est donc un virus, apparu soudainement, qui a surpris tout le monde et perturbé nos existences. Et pourtant, l’épidémie n’aurait pas dû être une inconnue, car beaucoup de médecins ont signalé des symptômes typiques dès le mois de décembre. Or, nous regardions ce qui se passait en Chine, puis en Italie, avec un certain mépris et une certaine condescendance. Pire encore, nous avons fait preuve de la même condescendance à l’égard de nos voisins italiens qui, les premiers, ont été durement confrontés à ce coronavirus devenu Covid-19. Nous ne sommes pourtant pas infaillibles : soudain dans les hôpitaux, ce fut l’affolement, le débordement, la peur de mourir et l’angoisse. Tous ces événements ont conduit nos gouvernants à accéder à la demande pressante en prenant des mesures extraordinaires pour pallier, voire masquer, la non-anticipation d’une épidémie qui deviendra par la suite une pandémie.

Ainsi, en quelques heures, le confinement général a été décrété : interdiction pour tous de circuler, de se rencontrer, de se rendre au travail. Rien, ou presque.

Ce fut donc un accroc sérieux à la liberté, à nos libertés. Certains le regrettent vivement, d’autres estiment qu’il était difficile de faire autre chose. Un constat néanmoins : les pays qui n’ont pas confinés, et surtout ceux qui ont agi plus tardivement, enregistrent des résultats sanitaires pires que les nôtres. Mais les questions restent posées.

La santé : une inéluctable peur

La peur, la panique, et l’inquiétude développés largement par les décideurs, les médias, et surtout la surinformation, ont provoqué un climat anxiogène qui a brouillé tous les messages, et donc qui fut propice à l’acceptation de l’inacceptable, et pour certains du non acceptable en démocratie.

Nous avons tous mis entre parenthèse notre liberté, au nom de la santé. Mais au nom de cette santé primordiale érigée en valeur suprême, la société a abandonné ses bases habituelles, c’est-à-dire le travail à plein temps, l’économie, le bien être, la recherche d’une vie meilleure.

La santé n’a jamais été une valeur suprême. C’est un bien obtenu par la collectivité et l’envie de mourir en bonne santé, car la médecine n’a jamais empêché la mort.

Apparaît donc ici notre impréparation psychologique à la mort. Lorsque l’épidémie a gagné la France, le pays tout entier a été plongé dans la sidération. Pire encore, face à un événement d’ampleur les citoyens semblent avoir perdu tout sens commun. Certains considéreront comme facile de tirer des conclusions a posteriori, néanmoins la constatation précitée n’en reste pas moins prégnante. Si la santé n’est donc pas une valeur suprême, elle provoque peur et irrationalité.

Démocratie et acceptation

Seules, la liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs suprêmes. Elles ne se calculent pas, elles s’acquièrent au fil de la raison de l’individu et des peuples.

Nous avons donc abandonné toutes ces valeurs au nom de l’injonction de nos dirigeants dans notre régime démocratique. Il est intéressant de noter l’acceptation des citoyens à une soumission aux ordres dictés essentiellement sur des hypothèses sanitaires. Cette acceptation mérite néanmoins d’être nuancée : nous n’aurions reçu aucune consigne de nos dirigeants, ceux-ci auraient été taxés de laxistes, mettant la santé des concitoyens en danger.

Comment, dans un système autoritaire, au nom d’une pandémie, qui fait pour l’instant peu de morts en pourcentage, aurions-nous obéi sans réagir et en courbant l’échine ?

Les libertés mises à mal ? Notre responsabilité.

Nous sommes bien sûr en démocratie mais on s’aperçoit que certaines libertés individuelles peuvent être entamées, à petites doses. Toutefois les tentatives redoublent : dispositions de traçage, confinement individuel, caméras de surveillance.

Notre monde c’est aujourd’hui, il continue de tourner au rythme de la nature. C’est sans doute un des points sur lesquels le Grand Orient aurait un rôle à jouer : faire comprendre aux médias le rôle qu’ils peuvent tenir en pareille circonstance : éclairer plutôt qu’informer.

Un accroc est apparu, un dysfonctionnement passager, voire un dérèglement. Nous aurions, nous francs-maçons, pu faire plus, et mieux. Pendant des jours, alors que les responsables de la santé égrenaient des chiffres morbides, nous étions abreuvés d’informations non hiérarchisées, non relativisées, parfois non vérifiées. Nous assistions aux polémiques entre scientifiques qui avaient certainement chacun leurs raisonnements et leurs raisons, mais à aucun moment ces informations brutes n’étaient explicitées. Rappelons-nous le combat de Voltaire contre l’ignorance. Notre voix, pour défendre nos libertés et demander une information débarrassée de ce que l’époque appelle « fake news » aurait dû être portée plus fortement auprès des médias, puisque ces derniers étaient le principal relai d’informations.

Des enseignements, des craintes…

Reste à obtenir rapidement un bilan statistique sérieux et argumenté de cette crise qui se poursuit. La science ce n’est pas le bon sens, mais la rigueur et la méthode. De ce bilan nous tireront les enseignements. Rien ne va changer demain, disent les plus nombreux. Et en effet, la résilience collective a beaucoup d’avantages pour surmonter une crise, elle a un inconvénient majeur, celui de n’être justement qu’une parenthèse.

Aujourd’hui, la collectivité n’aspire majoritairement qu’à revivre comme avant, elle ne veut pas entendre ceux qui voudraient infléchir leur mode de vie. Ainsi demain risque d’être comme hier. En effet, depuis plusieurs semaines, nous continuons, nous reprenons le rythme qui nous habite. Il faut se méfier des promesses d’avenir. Elles sont, par nature, inexistantes. Posons-nous la question de la croissance à tout prix, et de la relance de l’économie. Nous sommes certes dans un système mondialisé auquel nous ne pouvons échapper, mais pourquoi ne pas développer les initiatives personnelles et créatives, et de réfléchir à un autre mode de consommation. Pourquoi ne pas tenter de faire de cette contrainte une opportunité ?

… et quelques espoirs : sans lendemain ?

Ainsi dans cet ensemble sombre, quelques touches claires ont pu être constatées : beaucoup ont fait preuve de solidarité ou ont fait le geste de porter un masque lorsque son port n’était pas obligatoire, et même déconseillé par certains pouvoirs publics, pour protéger les autres. Porter un masque, pouvant apparaître gênant à presque tous, a été réalisé par la majorité. Beaucoup ont profité de ces temps pour donner du leur, d’autres se sont retrouvés en famille, trouvant dans ces circonstances exceptionnelles, paradoxalement, le temps de donner du temps au temps. C’est l’immédiat le plus important, et méfions-nous des rêves infondés.

En conclusion, méditons ces trois citations :

« J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » et « Le superflu, chose très nécessaire », de Voltaire, et enfin une dernière d’Oscar Wilde : « la vie est trop courte pour supporter le fardeau des erreurs d’autrui ».

– Faire comprendre aux médias le rôle qu’ils peuvent tenir en pareille circonstance : éclairer plutôt qu’informer. – Obtenir rapidement un bilan statistique sérieux et argumenté de cette crise. – Continuer à inventer, à progresser en réagissant aux dangers qui ont pu apparaître dans cette période et aux incohérences flagrantes dans certains domaines. – Développer les initiatives personnelles et créatives, et réfléchir à un autre mode de consommation. – Reprendre les idées, les innovations, les inventions qui, seules, redonneront la parole aux citoyens. – Ne pas attendre les solutions toutes faites et subies. – Se référer encore plus à nos idées de liberté, d’égalité et de fraternité, qui ont été un peu battues en brèche. A notre niveau, et par le biais de nos instances, il importera de poursuivre le combat contre la résignation, contre l’immobilisme, contre le retour à la consommation effrénée sans besoin réel. – Redonner de l’importance à la solidarité, au collectif et à l’échelon local. – Aborder les questions de santé – et donc de mort – de manière rationnelle. – Faire attention au renfermement identitaire sur eux-mêmes des pays concernés.

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