Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

De la santé publique au Covid-19

Respectable Loge, La Ruche des Patriotes, Orient de Ribérac, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Santé publique

La santé publique est une notion récente qui fait appel à un concept de santé globale d’une population sous ses aspects préventifs, curatifs et éducatifs. L’Organisation Mondiale de la Santé ayant, de son côté, défini la santé comme un état de bien-être physique, mental et social et pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité.

La santé publique est donc une discipline qui aborde la santé de façon collective, dans toutes ses dimensions et dont la finalité est d’améliorer l’état de santé de la population.

La dimension collective qui était à l’échelle d’un pays ou d’une région, il y a encore un demi-siècle, est devenue brusquement mondiale par les possibilités de mouvement et de communication entre les populations des différents continents.

La cinétique d’échange entre les continents est passée de plusieurs mois à une seule journée.

Pendant des siècles, la route de la soie a irrigué le monde occidental des inventions et des pensées chinoises. La peste noire au XIVème siècle a fait périr la moitié de la population européenne (il faudra attendre le XVIIème siècle pour que la France retrouve son niveau de population d’avant) et a modifié durablement les rapports au travail dans la société médiévale. La découverte de l’Amérique a fait connaître le maïs, le tabac, les tomates aux européens, mais a transmis la syphilis et la variole aux amérindiens, avec l’éradication de 90% des populations autochtones.

Religion et Santé Publique

L’homme a, semble-t-il, besoin de faire référence au sacré lorsqu’il ne sait pas expliquer ce qu’il constate et quand il se sent impuissant ou irresponsable.  Le cycle des saisons, la fureur du ciel, la météorologie, les phénomènes naturels, les périodes d’opulence et de famine, d’épidémies, sont autant de domaines pour lesquels l’homme a confié la responsabilité à un ou plusieurs éléments sacrés.

La vie en société n’est possible que si des codes sont définis, plus ou moins acceptés, mais respectés par une majorité. C’est ainsi que faute de n’avoir pu imposer par la voie civile un mode de vie en société, l’homme a inventé la religion afin de faire accepter les contraintes imposées par une vie en commun. L’élévation de l’abstraction engendre l’adhésion.

De nombreuses mesures de santé publique ont été imposées par la religion dans des contextes géographiques, climatiques, épidémiques, etc. La consommation d’alcool sous des températures extrêmes ne permet pas la vie en société, la consommation de viande de porc sous ces mêmes latitudes est un risque important pour la santé.

Concentration et transmission

La propagation des maladies étant liée, selon les modes de transmission, à la promiscuité, il est constaté que l’apparition des principaux fléaux modernes surviennent dans les régions du monde dotées de concentration de population importantes, voire excessives. De plus, dans ces régions à forte densité de population, la pollution atmosphérique semble être un facteur aggravant, voire propice à la transmission des affections.

Hôpital et santé publique

Depuis de nombreuses années, les notions « d’acteurs de soins » et « d’acteurs de santé » ont été confondues. Il est admis que les acteurs de soins influencent 15% seulement des déterminants de santé. Les 85% restants sont influencés par des facteurs sociaux, économiques et environnementaux tels que : la qualité de l’air, de l’eau ou de l’environnement sonore.

L’hôpital doit rester une parenthèse la plus bienveillante et la plus réparatrice possible afin de permettre aux patients de réintégrer leur environnement familial, social dans des conditions compatibles avec leur bien-être.

Certains décideurs, dans les années 2013, affirment néanmoins que la santé est une chose trop importante pour la confier aux médecins.

Santé Publique et prévention

La prévention est la dépense d’aujourd’hui, la santé de demain et les économies d’après-demain. Mais, malheureusement, c’est une parole difficile à porter car la nature humaine a tendance à ne prendre en compte que les événements constatés et occulter l’avenir. Mais l’avenir se construit aujourd’hui !

C’est ainsi que la récente flambée de chikungunya dans l’océan indien est vraisemblablement liée à la baisse régulière des personnels en charge de la lutte antivectorielle. William Dab ancien Directeur Général de la Santé indiquait lors d’une interview récente que la Direction Générale de la Santé avait perdu, en raison des coupes budgétaires, plus de 100 postes depuis le début des années 2000.

Médecine et finances

Les gouvernements successifs depuis le début des années 2000, ont transformé le mode de rémunération des hôpitaux avec la Tarification à l’Activité (T2A). Ainsi, le budget des hôpitaux était, et est toujours, calculé sur la base de son activité réelle avec une obligation d’équilibre financier. Cette mesure assimile l’hôpital à une entreprise qui ne doit pas être en déficit. C’est une approche comptable de la santé.

A une époque peu éloignée, on pouvait entendre autour de la table de la conférence des directeurs, la sentence : « un hôpital qui a un budget en déficit est un hôpital qui a un directeur incompétent, il faut leur botter les fesses ! ». Cette terreur financière conduit malheureusement à pratiquer des actes inutiles dans le seul but de « faire du budget ». Certains établissements médico-sociaux pourraient même sélectionner l’accueil de personnes avec une perte d’autonomie importante, toujours « pour faire du budget ».

Service au public ?

Et le service public dans tout cela ? Et le service au public ?

L’accès aux soins n’est-il pas le fondement d’une égalité de traitement entre les citoyens, quel que soit le territoire dans lequel il vit ?

La théorie qui voulait que « moins de service public égale plus de liberté » semble remise en cause particulièrement dans le domaine de la santé.

Dans les zones où les services publics deviennent de moins en moins présents, la seule lumière qui brille à minuit est bien celle du service des urgences de l’hôpital.

Conclusion

Cette pandémie de coronavirus risque de modifier profondément les rapports entre les citoyens, entre les pays et entre les continents. L’agitation permanente et planétaire sera-t-elle toujours d’actualité au sortir du confinement ?

Saurons-nous tirer les leçons de cet épisode qui aura secoué notre façon d’être tout simplement et nous interroger sur l’obligation permanente de croissance ?

N’oublions pas que « l’expérience est une petite lanterne que l’on porte dans le dos et qui n’éclaire que le chemin parcouru ».

A lire aussi

Quel monde souhaitons-nous aider à naître des décombres du virus ?

Notre pays ainsi qu’une partie de notre monde est à l’arrêt. Nous nous  croyions invincibles mais cette crise nous apprend que nous sommes vulnérables et que rien n’est jamais acquis. Cette vulnérabilité peut être l’occasion...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde

Quelle réforme pour notre système de santé ?

Constat et historique : La médecine française souffrait d’être l’une des meilleures du monde. Selon les macro-économistes, l’emprise excessive des dépenses de santé sur le PIB imposait une réduction du budget santé. Contaminés par cette analyse,...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde

Épidémie et rationalité

Le retour de l’impensé, au travers des craintes du passé. Nous sommes face à une épidémie semblable à celles du passé, comme celles que nous pensions ne plus avoir à vivre depuis l’invention des antibiotiques...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde