Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le Travail

Respectable Loge, Les Chevaliers de la Fraternité, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Valeur

Ces derniers temps, la propagation du coronavirus a bouleversé nos vies et fait réaliser de nombreuses choses : nous ne sommes pas si invulnérables que cela laissait à penser, qu’un virus pouvait mettre à mal le fonctionnement global du monde, qu’il pouvait permettre de réduire notre consommation et la pollution engendrée par celle-ci. Enfin, nous avons constaté que l’argent est devenu une valeur qui ne permet pas forcément d’assurer la guérison ou la survie d’une personne.


L’ordre « naturel » semblait avoir repris sa place en écartant temporairement l’ordre établi par l’argent et les puissants. Les valeurs ont été bousculées, notamment la notion de travail.

Jusqu’à présent, et depuis des siècles, le travail était devenu un moyen d’asservissement des populations moyennes ou précaires. En effet, les puissants avec leur argent et leur pouvoir pouvaient se permettre de ne pas travailler et de forcer les autres à travailler à leur place et à leur service. Une sorte de hiérarchisations des tâches et du travail s’est ainsi mise en place, louant certaines professions et dénigrant d’autres. 

De plus, le travail était généralement cantonné à un bâtiment d’entreprise ou de collectivité permettant d’asseoir l’emprise du propriétaire ou du chef sur ses employés.


La crise mondiale que nous venons de subir vient modifier profondément cette vision.

Dans son organisation, le travail a changé. Le travail à distance a été mis en place pour de nombreux métiers (services, éducation.), bon gré mal gré et a permis à l’économie mondiale de ne pas s’effondrer. Cependant, cette situation temporaire que certains souhaiteraient pérenniser n’est pas vouée à s’éterniser. L’humain ne conçoit pas de travailler seul, isolé de ses pairs, de ses collaborateurs, de ses sous-traitants ou de ses donneurs d’ordre. Il a besoin de contacts, d’échanges, de confrontations, d’interactions, de sociabilité pour se réaliser, se transformer, s’épanouir dans ce qu’il fait au travail.
On a eu beau vanter les mérites de la technologie, celle-ci ne peut remplacer le langage non-verbal, l’instinct et la chaleur des échanges.

Dans ses valeurs, le travail a aussi changé. Tous les emplois, qui ont trop souvent été dénigrés par les hautes sphères qui se croient supérieures aux autres, ont retrouvé leur valeur d’emploi essentiel à la vie voire la survie de l’humanité. C’est là que nous nous sommes rendu compte que les hôtes de caisse, les aides-soignants, les enseignants étaient des éléments clés de notre société. Leurs emplois sont des emplois de première nécessité et certains même se sont retrouvés sur la ligne de front de la dangerosité. Ces emplois, sous-rémunérés comparés à d’autres emplois beaucoup plus superficiels et surpayés, nous ont fait réaliser ce qui était vraiment important et essentiel pour vivre. Le monde ne se porte finalement pas plus mal quand les gens ne consomment que le nécessaire et ne s’endettent pas pour du superflu. La sécurité dans le travail et dans la consommation peut se mettre en place si des bonnes volontés le permettent.

Et le maçon dans tout cela, qu’en pense-t-il ? Qu’a-t-il observé ? Comment a-t-il travaillé ? Qu’a-t-il changé ou pas dans sa manière de travailler ?


Le franc-maçon déjà ne s’est pas reposé sur le fait que l’on ne puisse plus travailler en loge. Il a cherché à travailler de manière différente en utilisant de nouvelles méthodes et de nouveaux moyens. Car il se remémore toujours qu’il n’aspire pas au repos.


Alors il a commencé à travailler seul chez lui. Mais il s’est vite rendu compte que ses frères et la confrontation avec leurs idées sont importants. Par petits groupes et comités, il a créé des réunions via les outils de visioconférence et de partage de travaux. Et cela a renforcé en lui l’idée que le travail en loge en primordial et qu’il ne peut pas se passer de ses tenues régulières pour venir travailler à l’avènement d’un monde meilleur et plus éclairé. Avec tous ces éléments, nous comprenons aisément à quel point le travail est l’une des valeurs centrales de la franc-maçonnerie.

Et maintenant que faire pour le travail en ce temps de crise :


1) Il semble particulièrement important de trouver un équilibre entre le travail à distance et le travail en communauté physique et locale. Il sera difficile de revenir aux méthodes d’avant. Mais le tout « travail à distance » n’est pas concevable non plus. Il faudra veiller à encadrer et aider à développer cette pratique du travail.

2) La revalorisation et la reconnaissance des emplois nécessaires à la vie en société est un passage obligatoire, notamment dans le domaine de l’alimentation, de l’hygiène, de la santé et de l’éducation. Certains emplois superficiels mériteraient aussi d’être descendus de leur piédestal. Il faudrait aussi replacer la consommation en priorité dans l’utile et le nécessaire.

3) Il faut garder à l’esprit que le travail est une haute valeur pour les maçons mais devrait l’être aussi pour le reste de l’humanité. Le travail doit garder sa valeur de lien entre les frères, mais pas seulement. C’est aussi et avant tout un lien qui unit les humains entre eux.

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