Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

La valeur travail

Respectable Loge, Étoile de Marianne, Orient de Niort, Région 9 Ouest

Mots Clefs : Valeur

Le travail est au cœur de l’activité humaine depuis le début de l’humanité. C’est même une des caractéristiques les plus humaines qui soit.

Une approche historique, voire préhistorique, nous amène à définir le travail comme l’ensemble des actions humaines ayant pour objectif la survie de l’individu et plus largement de sa communauté. Ainsi, depuis les temps les plus reculés, toute l’énergie de l’homme, toute son intelligence ont été mobilisées pour assurer sa sécurité, se protéger des prédateurs, du climat, être de moins en moins dépendant de la nature, dominer cette nature même pour s’en affranchir. En somme s’accommoder au mieux de son environnement. Pour ce faire, l’homme a développé en continue des techniques et des stratégies qui lui ont permis d’arriver à ses fins et aujourd’hui, d’un point de vue purement technique, l’humanité entière pourrait être nourrie, logée, éduquée, protégée.  Comment cela a-t-il été rendu possible ?

D’une part grâce au progrès technique, qui est en fait un processus d’accumulation de compétences et de savoirs issus du travail : recherches, inventions, amélioration de techniques précédentes, etc.

D’autre part, et en parallèle, grâce au développement progressif de systèmes économiques fondés sur la spécialisation et l’échange, qui sont des processus d’accumulation des richesses issues, elles aussi, essentiellement du travail : je pense notamment au capital, à la valeur ajoutée, au taylorisme ou encore à la mécanisation.

Ainsi, si la valeur travail a lentement évolué au cours de l’histoire, elle est aujourd’hui dans une position inédite, précisément du fait du progrès technique et du développement économique. Nous commençons à assister à la fin du travail tel que nous l’avons envisagé depuis des millénaires, voire des dizaines de millénaires… C’est une conséquente inexorable de notre évolution, une véritable lame de fond qui risque de tout emporter sur son passage si nous n’anticipons pas. Car nos modèles actuels d’intégration économique et d’insertion sociale à travers l’accès au travail rémunéré auront de plus en plus de mal à tenir.

Premier point. L’échange est à la base de la notion de valeur au sens économique. D’une certaine manière, sans échange, rien n’a de valeur particulière, la notion n’existe même pas. L’apparition de l’échange en tant que modèle de régulation économique est directement liée à deux facteurs : la spécialisation dans la production (liée au progrès technique) et la disparition progressive des sociétés autarciques régulées par la mise en commun. Dans ce nouveau cadre de sociétés ouvertes, l’échange permet d’avoir ce que l’on n’a pas au fur et à mesure que tous les biens produits se traduisent en valeur. Mais pour échanger un produit contre un autre, je dois savoir ce qu’il vaut.

Deuxième point. La fixation de la valeur est une combinaison subtile de trois critères : l’utilité (objective ou subjective), la quantité de travail (ou de peine) incluse dans l’objet ou le produit, et la rareté.

Mais plus une chose a de valeur, plus les agents économiques s’y intéressent et essayent donc d’améliorer la technique pour la produire. Ce faisant, la plupart du temps, la quantité de travail nécessaire pour obtenir une unité de production est diminuée. Ainsi il y a moins d’un siècle, un paysan pouvait nourrir 3 personnes, aujourd’hui un paysan peut nourrir 130 personnes. Le tout pour un temps de travail équivalent. Dès qu’une possibilité d’amélioration des rendements est possible, l’homme s’y intéresse. Et ce dans l’ensemble des secteurs. Et quand ce n’est pas possible, qu’il y a peu de marges de progrès, les choses évoluent peu au cours du temps. Une coupe de cheveux reste une coupe de cheveux… Dit autrement, nous sommes de plus en plus capables de fabriquer en grandes quantités à peu près toutes formes de production, matérielle ou immatérielle, et ce en ayant de moins en moins besoin d’unité de travail par unité produite. C’est la définition de la productivité.

Troisième point. Cela est-il choquant ? Non, je ne crois pas. C’est même pour cela que nous nous battons depuis des siècles. Et c’est pourquoi le temps de travail diminue sans cesse. Tout simplement parce qu’on a fait en sorte d’avoir de moins en moins besoin de main d’œuvre. C’est notre souhait, notre volonté historique. Pour preuve, et malgré un chômage en progression à peu près partout, presque tous les secteurs sont en surproduction.

Quatrième point. Pour échanger, il faut des producteurs et des acheteurs. Et pour acheter, il faut de l’argent. Et d’où vient cet argent ? Du travail. Au fil du temps, et notamment avec le développement du capitalisme, le travail a été associé au salaire, qui peut être considéré comme une contrepartie dans un système fondé sur l’échange. Travailler c’est gagner de l’argent. Ainsi un bénévole ne travaille pas.

Et finalement avec le temps, la question de la survie de chacun et de la communauté s’est transformée en une question d’argent. Mais s’il y a de moins en moins de travail au sens besoin de main d’œuvre pour produire, comment va-t-on faire pour rémunérer les gens, en contrepartie de quoi ?

Ne devrait-on pas considérer que le travail rémunéré n’est qu’une partie du travail réel fourni par l’humanité ?

A force d’évoluer, n’aurait-on pas oublié l’utilité pour la communauté au profit de l’utilité pour un système économique qu’il faut à tous prix faire tourner ?

Que va-t-il se passer si l’on ne développe pas un système alternatif pour distribuer du revenu et assurer ainsi l’insertion sociale et économique de chacun dans la société ?

Une réponse, si ce n’est La réponse, est probablement à chercher du côté du revenu universel.

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