Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Refuser le repli sur soi

Respectable Loge, Harmonie Universelle, Orient de Castres, Région 17 Sud et Loges d'Espagne

Mots Clefs : Maçonnerie

Beaucoup considèrent que la crise que nous venons de connaître (et dans laquelle nous sommes toujours) doit conduire à un retour vers les frontières, à une relocalisation des entreprises et des productions, à une remise en cause fondamentale de la globalisation que nous avons connue, tout particulièrement depuis trois décennies. Ce choix politique et idéologique ne touche pas que les partis extrêmes. Les médias et certains leaders d’opinion, politiques ou non, professent cette thèse, en France et à l’étranger.

Les quelques lignes qui suivent privilégient une toute autre perspective et expliquent pourquoi le « Monde d’après », appelé de leurs vœux par beaucoup de nos Sœurs et Frères, ne doit, en aucun cas, se traduire par un repli sur soi.

  • Un tel repli sur soi se ferait d’abord au détriment de l’humanité, dans son ensemble.

Le mouvement de globalisation que nous avons connu, au cours des trois dernières, décennies a incontestablement augmenté la richesse disponible dans des pays non développés. Selon les sources de la banque mondiale, un milliard d’êtres humains sont sortis de la situation de pauvreté absolue, exprimée en parités de pouvoir d’achat. Certes, cette augmentation de richesse a trop peu bénéficié à l’Afrique et à l’Amérique latine, mais un recul de l’internationalisation des échanges leur bénéficierait encore moins. Plus on relocalisera des activités économiques, notamment industrielles, dans les pays développés, plus on observera – toutes choses égales par ailleurs – une diminution de la richesse dans les pays qui ont bénéficié de ces transferts d’activité.

La pression migratoire n’a pas fini de s’exercer, si c’est le choix qui est fait.

En outre, il faut être aussi futé que Trump pour croire qu’un pays dont on refuse les produits va acheter les vôtres. Je souhaite du courage à nos exportateurs, dans les produits de luxe, dans l’agroalimentaire ou dans l’industrie, dans une telle hypothèse !

  • Ensuite, un tel repli sur soi impacterait négativement les intérêts strictement économiques de nos populations, qui devraient supporter la facture de productions dont le coût serait sensiblement renchéri.

Ce renchérissement des coûts aurait un effet significatif sur le pouvoir d’achat des ménages français et européens.

  • Enfin et surtout, ce repli sur soi économique diminuerait sensiblement la richesse de nos échanges non matériels.

Personne ne peut raisonnablement penser qu’une fermeture des frontières et un refus des échanges commerciaux pourrait s’accompagner du maintien, a fortiori du développement des échanges intellectuels et culturels entre les peuples. Ce sont les échanges commerciaux, même bien avant les « Routes de la Soie », qui ont permis la multiplication des rencontres, lesquelles n’ont pas seulement débouché sur des affrontements, mais aussi des enrichissements artistiques et philosophiques.

Un repli sur soi serait d’ailleurs porteur de graves inefficacités pour les objectifs planétaires non strictement économiques que nous poursuivons. Noah Yuval Harari, dans une interview publiée par Les Échos du 7 mai 2020, disait à très juste titre : « Aucun pays ne peut lutter seul contre le dérèglement climatique ou l’effondrement de la biodiversité ».

Un nouvel ordre économique mondial ne peut pas se borner à une vision strictement nationale de nos intérêts.

Cela ne signifie pas que nous ne devrions pas tenter de mieux définir les conditions de notre sécurité et de notre souveraineté, y compris sur le plan sanitaire et industriel, à condition que cela ne conduise pas à un retour vers les frontières nationales, ni, a fortiori, à un repli sur soi de nos sociétés et des individus qui les composent.

Retrouver la maîtrise de notre destin

La fragilité de nos sociétés a été mise en évidence par la crise que nous venons de subir :

  • Insuffisance des équipements nécessaires à la protection sanitaire de population ;
  • Défaillances dans la chaîne logistique d’approvisionnement de certaines de nos unités de production ;

D’autres faiblesses pourraient se révéler à l’occasion d’autres crises, qu’elles soient liées à des catastrophes naturelles, sanitaires ou humanitaires.

Ces risques doivent être anticipés et gérés, notamment par la mise en place de stocks de sécurité, publics et privés, de structures de réaction agiles et facilement mobilisables, inspirés d’un modèle que connaissent bien ce qui ont été formés à l’art militaire.

Bien peu de français savent, sauf lorsque des journalistes en mal de sensationnel font croire qu’on pourrait les utiliser en cas de hausse des prix, que notre pays dispose de stocks de trois mois d’hydrocarbures, dont la gestion a été efficacement déléguée aux opérateurs du secteur, sous contrôle public. Ce modèle, qu’on a tenté de reproduire à l’occasion de l’épidémie H5N1, a totalement failli et il faudra s’interroger, non seulement sur les raisons, mais sur les conditions dans lesquelles il peut être remis en œuvre est généralisé à d’autres secteurs de l’économie et de la sécurité.

Cela peut se faire et cela doit se faire sans mouvement global de relocalisation des chaînes de production industrielle, lequel aurait pour principal effet une diminution de la richesse mondiale.

Créer une « Europe de la sécurité »

La plupart de ces initiatives ne peuvent avoir des efficacités à un échelon strictement national.

C’est aussi un des enseignements de la crise épidémique, qui a vu tous les pays subir des pénuries plus ou moins graves et chacun lutter individuellement et de façon égoïste pour s’approvisionner. On a même vu un pays, le nôtre, confisquer des équipements médicaux destinés à être exportés vers un autre pays de l’Union européenne, ce dont bien peu de nos médias ont rendu compte, alors que les gazettes étrangères, notamment dans l’Europe du Nord, nous montraient du doigt.

Nous devons jeter les bases d’une « Europe de la sécurité » qui permette non seulement de prévenir de tels égoïsmes stupides, mais également de renforcer l’efficacité de nos dispositifs de protection, qu’il s’agisse d’enjeux sanitaires, de protection civile, de sécurité contre le terrorisme, de sécurité énergétique et alimentaire, etc.

Renouer avec ce qui constitue l’essence même de notre engagement : rassembler les hautes valeurs morales de l’humanité

À ce jour, la Franc-Maçonnerie n’a pas tenu la promesse d’universalité qui figure dans ces textes fondateurs et que nous évoquons lors de chacune de nos tenues. Il est plus que jamais temps de s’y attacher. Même si le texte ci-dessus est d’un abord complexe, il a l’avantage de faire un constat ET des propositions.

Certes en FM on n’est pas dans l’immédiateté et le FM doit prendre du recul mais il doit tout autant s’impliquer dans la Société en analysant ce qu’elle montre.

Relocaliser les productions ne signifie pas qu’il faille fermer les frontières ; il s’agit juste de se réapproprier une non dépendance trop marquée vis-à-vis d’autres pays et ainsi ne pas subir chantages et pressions .

On aura au moins l’avantage avec ce texte de s’offrir une utopie et qui sait elle permettra de travailler concrètement sur le devenir de l’Humanité en dépassant les égoïsmes.

Sans doute manquons nous d’une certaine forme de militantisme…Le FM est donc appelé à agir…

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