Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment faire pour que l’argent ne soit plus l’étalon normatif de nos vies ?

Respectable Loge, Amour et Liberté, Orient de Thionville, Région 4 Champagne - Ardenne - Alsace - Lorraine et Loges d'Allemagne

Mots Clefs : ArgentBesoinsCroissanceInégalités

Constat

Le confinement a montré un certain nombre de choses :

  • l’urgence permanente n’est pas une fatalité
  • les relations humaines sont indispensables
  • on peut vivre en consommant moins
  • la nature est résiliente et reprend lentement ses droits
  • la pollution peut ralentir.

Maintenant que le dé-confinement commence, se pose la question de l’après.

Oublions le fait que ce n’est pas après une crise que l’on change tout. Il faut être serein pour envisager le monde d’après qui ne soit pas que le contraire du monde d’avant.

L’argent ? Retour sur le passé lointain.

Les hommes consacraient leur vie et leur énergie à des communautés qui assuraient en retour la subsistance de chacun. La tradition tenait lieu de loi et l’individu n’existait pas ; il était un statut défini par la place qu’il occupait dans le groupe.

Petit à petit, par le commerce et les échanges, l’homme se libère de la communauté et acquiert des droits subjectifs.

Le commerce des idées, des richesses, assure la liberté, fait reculer les guerres et contribue au développement de la civilisation.

La cité échangeante a besoin « d’une agora et de la monnaie, symbole de la valeur des objets échangés » selon Platon ; Une agora est un espace public régi par des lois. Une monnaie est un signe destiné à servir « d’équivalent universel » de choses qualitativement différentes.

Maintenant que l’argent est là on le soupçonne de devenir l’étalon normatif de nos vies.

Quelle est notre relation à l’argent ?

  1. En premier approche, l’argent est un étalon normatif car la quantité d’argent disponible pour un individu défini l’étendu et la qualité des choix qu’il pourra faire. En réalité, l’étalon normatif de nos vies ne serait-il pas plutôt le besoin qui est un lien universel ? Si les hommes n’avaient besoin de rien, ou si leurs besoins n’étaient pas pareils, il n’y aurait plus d’échange du tout. Mais l’argent est devenu une sorte de substitut du besoin et cela par convention.
  • Si l’argent est devenu un substitut au besoin par convention entre les hommes, il est possible de changer ou d’adapter cette convention pour répondre à tout type de besoin fut-il climatique, redistributif, égalitaire, social.
  • En France, c’est quasiment un tabou de parler d’argent. Nos racines chrétiennes ? Peut-être. Mais également notre ignorance sur les mécanismes financiers. Le manque d’éducation sur ces sujets fait fantasmer certains. Une partie des milliards d’euros épargnés pendant la crise pourrait utilement être investi en action dans des sociétés pour en orienter la stratégie.
  • Un mot sur la croissance qui nous fait courir après l’argent ?
  • Nous autres Francs-Maçons, sommes progressistes et travaillons à l’amélioration matérielle et morale de l’humanité. Comment faire cela sans croissance ?
  • Je cite une partie des conclusions du livre blanc de 2012 : « ne s’agit-il pas en définitive de penser l’avenir de l’homme non pas en termes d’accroissement permanent de biens matériels donc en termes d’affrontements et de compétions, mais au contraire en termes de qualité de vie aux plans de l’accès à l’eau et à la nourriture, à la liberté et à l’éducation, aux loisirs et à la culture, ainsi qu’aux soins, ce qui suppose frugalité, responsabilité partagée, donc éducation et sagesse. Notre engagement permettra peut-être de construire, à l’échelle de la planète, un développement soutenable, ou plutôt un progrès durable. »

Quelles solutions possibles ?

Si nous pensons que l’humain vaut plus que l’argent, alors augmentons les salaires les plus faibles et rémunérons correctement l’utilité sociale. Cela ne choque personne qu’une aide-soignante indispensable à la survie de nos aînées gagne peu et qu’un trader de banque, parfaitement improductif, soit riche à million.

Cela ne se réglera que par une autre répartition des richesses. Elle sera forcément contrainte.

Faut-il qu’une rémunération se fasse au mérite ou selon les besoins de celui ou celle à qui elle est destinée ?

Nous pouvons également nous tourner vers une « croissance verte » qui permettrait de réduire les dépenses de tous, par l’isolation des logements, le déploiement massif des transports publics, la multiplication des SEL (Système d’échange Local), le revenu universel etc.

Nous pouvons également développer une « économie de fonctionnalité » dans les domaines ou cela est possible. Le numérique nous y aidera par la facilité des échanges instantanés qu’il permet.

Mais toutes ses solutions sont ponctuelles et ne règlent pas le problème global qui provoque l’accumulation de richesses d’un côté et la misère de l’autre.

Propositions concrètes

Dans la mesure ou (quand) la solidarité permet d’assurer une relative sécurité à tous et à tous les stades de la vie, d’autres solutions peuvent être appliquées :

  • la suppression de l’héritage ou sa très forte taxation (sauf pour la transmission d’entreprises) permettra de rétablir l’équilibre entre les « trop riches » et les « trop pauvres »
  • l’érosion régulière de l’épargne, comme pour la plupart des monnaies locales qui perdent quelques pourcent par an pour éviter l’accumulation
  • la disparition de l’argent liquide et gestion d’un système de paiement numérique par les autorités fiscales
  • l’application d’une TVA variable en fonction  de la richesse de chacun, comme l’impôt.
  • La production des seuls biens distribuables à tous sur la planète en dehors des biens communs.

Comme tout le système financier ne repose que sur des conventions entre les humains, rayons d’un trait de plume les paradis fiscaux, la spéculation et la financiarisation.

Il est facile d’objecter qu’un seul pays ne peut pas faire ça tout seul. Rassurons-nous, la pandémie, le réchauffement climatique, la détresse humaine ne connaissent pas de frontières et toucherons tous les pays.

Nous voyons que l’argent est à la fois ce qui permet de vivre quand il couvre les besoins des hommes et ce qui provoque le chaos quand il est en excès ou mal utilisé.

Il faut maintenant décider comment nous adapter, doucement grâce à l’anticipation, ou violemment si nous nous contentons de subir.

Chacun a des besoins, donc chacun est un consommateur. Par nos comportements et nos choix, par l’exemple que nous donnons, nous influençons l’évolution de la société.

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