Les utopies réalistes

« L’imagination c’est le propre de l’homme et c’est ce qui devrait nous permettre d’échapperr à une humanité de restriction des libertés construite sur les peurs » (Mireille Delmas-Marty, juriste, France Culture, octobre 20).

Un état des lieux : Constats

Durant la crise :

– En quelques semaines des personnes se sont mobilisées pour prêter main forte (cf plateforme bénévolat hôpitaux : 20000 bénévoles inscrits spontanément, nombreuses initiatives).

– Nombreux ont été ceux qui n’ont pas trouvé de terrain de réalisation à leur bonne volonté.

Hors crise :

– Le quotidien de notre société est marqué par le nombre de sans-emplois et le nombre d’employés malheureux de n’être pas en phase avec leur potentiel et (ou) avec leurs valeurs.

– Nombreux sont les burn-out nous disent les statistiques.

– L’isolement, la solitude, les difficultés économiques marquent notre époque (statistiques et alarmes répercutées par les services et associations du secteur social, augmentation des suicides chez les jeunes).

– La peur renforce les mesures cloisonnantes ; la perte de repères s’ajoute au désœuvrement.

– Des actes barbares isolés sont commis et sont le fait d’individus.

– L’ensemble de la société et des médias se focalise sur ces actes barbares et les réprouve.

– Les médias ne valorisent pas les actions bénéfiques pour l’humanité.

– De toutes parts jaillissent des problèmes environnementaux (les alarmes se multiplient).

Potentiels humains humanisants

Questionnement :

Devant cette énorme exclusion des potentiels humains humanisants, nous nous sommes demandés d’où venait la difficulté à mettre en œuvre les volontés de solidarité, d’altruisme, de partage et à les faire corréler avec les besoins, qu’ils émanent des personnes ou de l’environnement.

Les réponses existantes à ces problématiques :

– Une réserve citoyenne.

– De nombreuses associations dont le financement par l’état a cependant été abandonné.

– Des Pôles pour l’emploi.

– Des centres médicaux spécialisés en psychiatrie.

– Des mesures de contrôle renforcées, une police renforcée.

– Des centres d’étude des éco-systèmes.

– Des mesures en faveur de l’écologie (tri des ordures, systèmes de chauffage écologique…).

– Nombreuses incitations : à diminuer la consommation, à utiliser les véhicules non polluants.

– Intégration des questions écologiques, citoyennes et morales dans les programmes éducatifs.

Des pistes de réflexion émergent et sont proposées notamment par Mme Mireille Delmas-Marty, juriste dont les propositions se fondent sur : « un humanisme de l’être humain responsable et créatif. »

Les insuffisances – Force est de constater :

– Que le terrain des associations trop partiel est insuffisamment exhaustif et accessible.

Il manque un espace de mise en œuvre des potentiels et des bonnes volontés individuelles, un espace plus large, non restrictif et ouvert aux suggestions (soumis à la collaboration intelligente).

Il manque des projets inclusifs, qui ne soient pas excluants, mais qui soient imaginés à partir des potentiels existants, c’est à dire une réflexion inverse à celle qui est d’usage.

Il manque de faire coïncider potentiels et besoins.

Il manque de laisser de côté la défiance systématique de l’autre, qui fonde les choix sociétaux.

Il manque non pas d’inculquer plus de morale mais un espace d’accomplissement de la morale.

Notre système de pensée ne prend pas en compte l’évolution de l’humain, on le croit toujours amoral.

Proposition : Un espace de développement des bonnes volontés – Plateforme mondiale

Les progrès techniques :

La technique permet aujourd’hui et depuis peu la création de plateformes dématérialisées, automatisées avec développement illimité de réseaux et mises en relation, gommant les frontières géographiques.

Proposition :

Nous proposons de changer les présupposés basés sur la défiance et de prendre comme présupposé principal que la majorité des gens sont braves, pourvus d’un potentiel moral et sans volonté de nuire. Alors le problème n’est plus de renforcer protection, bienveillance et solidarité mais de leur donner un terrain de mise en œuvre, un espace dans lequel déployer l’altruisme, la solidarité, etc.

Pour autant il ne s’agit pas de dénigrer l’existence des personnes mal intentionnées. Il faut donc garder la justice et ses règles qui protègent. Il s’agit seulement de déplacer un peu l’axe de réflexion : au lieu de supposer que la majorité est malveillante, nous supposons que la majorité est bienveillante.

Mise en œuvre (pistes), via une plateforme « géante » intelligente-collaborative-dématérialisée-apolitique :

– Création simultanée d’une plateforme dématérialisée mondiale et de ses embranchements locaux (pays, régions, départements, communes), avec 2 branches pour les besoins et les potentiels.

– Aide-retour prioritaire pour les personnes démunies qui participeraient à résoudre des besoins.

1^e branche de la plateforme : recensement continuel des besoins, définis par la cause humanitaire seule en dehors de toute politique et de tout intérêt économique

Condition : de ne pas porter préjudice à l’intégrité morale et physique d’autrui.

2^e branche de la plateforme : création de « la banque mondiale des bonnes volontés »

Participation non obligatoire, aide-retour pour ceux qui sont dans la difficulté.    

3^e branche de la plateforme : création d‘un espace de déploiement des vocations

Où chacun trouve sa légitimité à être et qu’un “terrain” lui soit donné pour cela.

– Il s’agit de permettre à chacun d’y déposer son « souhait » ou son hypothèse de développement d’activité professionnelle, de fabrication de projets à partir des potentiels proposés avec mises en lien.

– Les problèmes locaux qui ne trouvent pas de solution à échelle locale pourront puiser dans les potentiels mondiaux les apports qui permettront des solutions à ces difficultés.

Précisions :

L’exhaustivité du recensement des potentiels et besoins étant élargie à son maximum par l’extension mondiale rendra possible une large mise en corrélation avec prise en compte de la mobilité et par ce biais nombre de difficultés écologiques et sociales pourraient être diminuées.

Un système de veille devra être envisagé afin que ces espaces soient exempts de toute manipulation, de tout parti politique, etc. Chaque pays devra apporter une contribution pour garantir la neutralité. La Gouvernance devrait être assurée par des « sages » se distinguant pour avoir consacré leur vie à défendre des causes humaines.

Conséquences

La mise en place d’un tel système (qui ne remplacerait pas ceux existant) permettrait de développer l’altruisme – l’altérité – l’adaptabilité – l’intelligence collaborative.

Exemple 1 : je suis un parisien passionné de récupération de matériaux et j’ai du temps. Un besoin est posté sur la plateforme depuis l’Afrique, par des personnes qui manquent de moyens et de matériaux pour construire des abris ou des logements, par ailleurs j’ai vu une alerte signalant de nombreux déchets, de bouteilles de verre dont on ne sait pas quoi faire. Je propose de construire des maisons à partir des déchets bouteilles de verres. Une autre personne me rejoint sur le forum pour la coordination des services de récupération de matériaux. Je poste une demande d’architecte pour aider à réaliser les plans de construction. Un architecte Londonien rejoint la mission. Une fois les plans effectués et validés par les demandeurs ces derniers signalent un manque de main d’œuvre pour la réalisation. Une nouvelle demande est postée. Des étudiants en architecture intéressés par ce projet rejoignent le terrain pour aider et faire une expérience de construction.

Exemple 2 :  des habitants du Mont Atlas postent une demande d’aide pour retirer les sacs plastiques qui polluent leurs montagnes. Une équipe d’étudiants ayant pour sujet de thèse la migration des matériaux légers, rejoint les habitants pour aider à récolter ces déchets, ides vacanciers désœuvrés et les étudiants des environs s’y ajoutent. Une grand-mère d’une région voisine trouve moyen de recycler ces déchets et en faire des cordes à sauter pour les enfants. Les politiciens du coin décident de centraliser une collecte des sacs plastiques usagers pour les mettre à disposition de la grand -mère qui va recruter des petites mains pour fabriquer les cordes à sauter. Bientôt la surproduction sera mise en vente et fera vivre des habitants de son petit village.