Faiblesses structurelles

S’il est des points que le coronavirus a bien révélés, au-delà des faiblesses structurelles constatées, atténuées par le dévouement d’un nombre incommensurable de citoyens, nous Maçons voyons se concrétiser ces dimensions que nous combattons : d’ignorance, de fanatisme et d’hypocrisie provenant de tous bords, laissant apparaître devant nous une tâche qui de très loin reste à accomplir. Qu’avons-nous fait ? Ou, oublié de faire ?

Nous avons dit, écrit. Mais à quoi cela a-t-il servi ? Citons les tracés, nous qui voulons l’amélioration de la société et son universalité, le respect des autres et de soi-même ET la liberté absolue de conscience. Rien ou si peu ! Je trébuche… Je reste perplexe et hésitant. L’actualité nous en témoigne chaque jour. Que sera demain ?  Pire encore ?

Nos anciens ont tout écrit. Un héritage immense nous est laissé, à commencer par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.  Qui nous a amené, non sans lutte à approuver la Loi du 9 décembre 1905, loi de séparation des Églises et de l’État, vecteur du vivre ensemble en harmonie et du respect de l’autre de croire ou ne pas croire. Pour clore une guerre dévastatrice et destructrice, la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948. Nous avons connu et joui « des jours heureux » du Comité National de la Résistance et la mise en œuvre du plus beau joyau qu’une société puisse créer dans le cadre de la protection sociale ; la Sécu, ou la Sociale pour certains. Depuis 1958, la cinquième République avec ses forces et ses faiblesses une République indivisible, laïque, démocratique et sociale, révisée maintes et maintes fois depuis sa naissance, qui est à la recherche constante de son équilibre face aux tentatives continuelles de déstabilisation.

Y aurait-il un avant et un après la Covid 19, comme si cette pandémie devait disparaître comme elle est apparue ? Le repli identitaire va de pair avec le repli économique, avec perte de la Solidarité. Aujourd’hui, la crise sanitaire ouverte s’accompagne d’une crise sociale qui ne fait qu’accentuer la misère ou l’opulence, approfondir le fossé d’un mécontentement croissant des citoyens.

Avec la Laïcité qui ne cesse d’être attaquée, avec l’affaiblissement des services publics, les difficultés des structures associatives, une politique de la ville à refonder, et surtout, une abstention croissante à chaque vote, c’est le recul de la République qui s’avère être la cause majoritaire du délitement social.

Et après ? Soyons clair ; si l’on veut résoudre ces problèmes qui se succèdent et s’empilent depuis une trentaine d’années, nous devrons IMPÉRATIVEMENT nous exempter des mêmes modes de pensées et des politiques qui ont généré ces états de fait, en refonder d’autres.

Non ! Un Franc-maçon digne de ce nom ne peut être parjure à son serment sur l’article 1^er de la Constitution.

HIER, nos anciens nous ont tant bien que mal tracés le chemin de l’espoir d’un monde meilleur Fraternel et Solidaire. Nous avons un devoir envers eux.

AUJOURD’HUI, nous tentons tant bien que mal de nous libérer du voile qui nous aveugle et qui nous laisse à penser que sans lutte le bonheur ne sera pas là.

DEMAIN tant bien que mal, ce sera le fruit de notre ardeur au travail, de lutte pour ne pas être asservi par le triomphe de la cupidité, du marché roi, de l’obsession du court terme, des déréglementations, de la libre circulation des capitaux.Nous avons un devoir envers les générations futures.

Pour nous Francs-Maçons, la priorité doit être donnée au principe universel de la Laïcité, comme le seul ciment fertile, sans compromis, de l’union et du dévouement réciproque des hommes et des femmes. Et cette priorité doit aller de pair avec la Justice sociale dans un combat volontaire contre les inégalités pour la refondation et l’élargissement de la démocratie, l’émancipation des peuples.

Ainsi il est urgent de repenser notre société comme l’ont fait nos frères par le passé en poursuivant par exemple :

Une réflexion sur l’application à tous d’un Revenu Universel, permettant à chacun de vivre décemment en accord avec ses choix de vie, en respect de ses droits et devoirs envers la société, en glorifiant le Travail dans le sens propre de nos valeurs fondamentales de Maçons.

L’arrêt de l’assistanat avec la mise en place généralisée du « territoire zéro chômeur »

La mise en place d’une véritable justice fiscale paraît un préalable à toutes actions futures.

Une meilleure prise en charge de notre santé, en instaurant un véritable système de soins pourvu de moyens tant en personnels qu’en matériels, détaché de toute réflexion mercantile.

L’accès à un logement propre et décent doit nous interroger sur l’existence de lieux vides, toujours d’actualité, au mépris de milliers de personnes dans la rue.

Et face aux derniers drames terroristes, retrouver une éducation nationale laïque et refonder des forces de sureté, deux piliers de notre démocratie,