Voyager après le Covid ?

Problématique

Une pandémie décime l’Humanité.

Les F∴M du G∴O∴D∴F∴ sont invités, via un Livre blanc intitulé ‘Après’ à « explorer ce que pourrait être le monde ‘ Après ‘ » (Préambule du Livre blanc). A travers ce questionnement, le G∴O∴D∴F∴ nous demande donc de réfléchir à ce que pourrait être le monde de demain, après le Covid. C’est donc ici et maintenant, dans un monde physique précis : celui des humains, de la terre, des espèces animales et végétales, que doit porter notre réflexion. C’est pourquoi, réfléchir au monde d’après le Covid ne peut s’exonérer d’une réflexion profondément « Politique ». D’après son étymologie, ce terme souvent mal compris, par ignorance, signifie « qui concerne le citoyen ». Nous, Francs-Maçons, en tant que citoyens, sommes donc tous concernés. Et tout ce qui concerne le citoyen nous concerne de facto.

D’illustres prédécesseurs ont agi dans la Cité pour profondément la transformer, à l’image des grands hommes politiques de la fin du XIX^ème siècle qui ont fondé la Troisième République, l’Ecole laïque, gratuite et obligatoire, les F∴F∴ Jules Ferry, Léon Gambetta, Jean Macé et tant d’autres…

État des réflexions 

Les voyages, au cours lesquels j’ai travaillé avec les personnes du pays d’accueil, m’ont permis de m’insérer dans une culture nouvelle, d’approcher des savoir-être, des savoir-faire et des savoir-vivre différents. La fraternité est en permanence mise en œuvre dans ces journées partagées.

Le fil à plomb est constamment sollicité car, à chaque instant, ce que l’on voit, ce que l’on vit, fait descendre au plus profond de soi, le ressenti étant tellement fort, voire par instant violent.

Et lors de ces voyages, un constat s’est imposé : l’exploitation des hommes et des femmes, et même des enfants, saute aux yeux.

Pendant 5 années consécutives, durant 3 semaines, j’ai travaillé dans l’Est du Sénégal, à la frontière du Mali, le long de la rivière Falémé, dans la ville de Kidira. Le travail avec les instituteurs permet de mieux connaître la population, d’échanger, de partager. Notamment avec les femmes.

Si les déplacements touristiques m’ont laissée en mémoire de belles images de paysages, ces voyages au Sénégal ont imprimé ma rétine de douloureux souvenirs. Des enfants au ventre gonflé par la malnutrition, des yeux, toujours d’enfants, où l’on ne voit qu’une partie de l’iris, l’autre ayant disparu derrière un voile opaque. La désertification qui gagne, car les cultures vivrières traditionnelles ont été abandonnées pour des cultures qui se vendent sur le marché international, rendant ainsi le pays totalement dépendant de l’extérieur, appauvrissant hommes et sols. Les hommes, assis à l’ombre des frangipaniers, attendent la saison des pluies pour voir le résultat de leur laborieux travail : la famille mangera-t-elle à sa faim ou la misère s’installera-t-elle ?

Dans de nombreux villages, les enfants mangent un bon repas par jour, celui fourni à l’école via le PAM (Programme Alimentaire Mondial). Qu’en est-il des filles beaucoup moins scolarisées que les garçons ?

L’eau, bien si rare dans ces pays semi-désertiques, est un enjeu international majeur. Des multinationales comme le groupe Suez ou Nestlé ou encore des groupes chinois guettent le moment propice pour accaparer cette denrée rare et la vendre au prix de l’or à des populations totalement dépossédées de leur sol et de ses ressources. Dans cette région, des associations françaises se mobilisent pour financer la construction de puits et de pompes électriques pour faciliter le travail des femmes, car ce sont elles qui ont la charge de l’approvisionnement en eau. Des actions contre ces multinationales ont pour l’instant, pu stopper cette frénésie capitaliste. Mais pour combien de temps encore ? La fraternité anime ainsi toutes les actions d’aide au développement, au contrôle des ressources naturelles locales.

Les principes de Liberté, Egalité, Fraternité sont enseignés à l’école. Mais dans ces pays, plus qu’en France, le décalage entre les principes et la réalité questionne sur une exploitation des hommes et des ressources qui détruit les uns comme les autres.

Alors « le monde d’après » devra redonner à ces hommes, ces femmes, ces enfants, leur nature, leurs ressources afin qu’ils en jouissent pour vivre dans la dignité. Laquelle dignité commence par pouvoir manger chaque jour à sa faim. La liberté et l’Egalité ne pourront s’acquérir qu’à cette condition. Liberté de penser et de s’exprimer hors de toute coercition islamique, car l’Islam, quasiment absent du paysage dans les années 90 est maintenant fortement implanté. L’Arabie Saoudite finance force mosquées, les villages le long du fleuve Sénégal s’ornent de nombreux minarets, les plus petites agglomérations comptant 3 ou 4 de ces édifices flamboyants. L’égalité est à conquérir au niveau de la richesse bien entendu, mais également entre les hommes et les femmes. Les femmes, à travers les organisations féminines qui se retrouvent dans chaque village, y compris les plus petits, constituent une vraie force de proposition et de travail sur laquelle le gouvernement de Dakar compte d’ailleurs pour promouvoir le développement. De nombreux dirigeants africains l’ont par ailleurs répété : « la femme est l’avenir de l’Afrique ». Paroles, paroles, rarement suivies d’effets dans la vie quotidienne.

Propositions concrètes : Les principes à la base des propositions :

Respect de la vie humaine. Reconnaissance de l’Egalité entre chaque humain. Vie décente pour chacun.

Fin de l’exploitation de l’homme par l’homme. Fin du néocolonialisme.

Les propositions concrètes : Habitat : logements décents pour tous

Alimentation : chacun mange à sa faim

– Contrôle accru de l’agriculture : interdiction des pesticides, contrôle des engrais …

– Développement de la recherche agronomique sur des productions non-consommatrices d’engrais, de pesticides.

– Interdiction des OGN d’où qu’ils viennent (produits d’Amérique du Nord comme du Sud)

– Interdiction des lobbies (tel Bayer et autres chimistes) Education

– Education laïque et gratuite de la maternelle à l’université.

Santé : – Service public assurant la gratuité totale des soins. – Socialisation de la production des laboratoires pharmaceutiques.

Nous, Francs-Maçons, avons juré de travailler à l’amélioration de l’Humanité. Le rituel nous demande d’exporter à l’extérieur du Temple la réflexion menée en Loge. Les questions sur lesquelles nous avons travaillées, et travaillons sans relâche, nous ont donné matière à œuvrer à l’extérieur du Temple. Dépassons notre introspection personnelle et portons nos regards tout autour de nous, au-delà des montagnes et des mers, et respectons notre serment. Faisons de ce Livre blanc de l’après Covid un vrai manifeste au service de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité et du Bonheur de l’Humanité.