Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Pour une culture de la transformation

Respectable Loge, Intersection, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : Dimension citoyenneHumanité plus justePrise de conscience

Comment améliorer la prise de conscience de la dimension citoyenne de chacun dans une dimension plus globale pour construire une humanité plus juste et plus éclairée ?

La problématique en jeu

La crise sociale qui résulte aujourd’hui de la pandémie due au coronavirus présente deux caractères qui nous serviront de guides vers l’idée d’une culture de la transformation. Il s’agit d’abord d’une crise globale dans la mesure où elle touche, ou est susceptible de toucher, le monde entier même si c’est à des degrés divers. C’est aussi une crise totale car elle met en jeu tous les moyens et toutes les ressources des sociétés et des États.

Dès lors que le monde apparaît aux yeux de tous comme un et que les sociétés des nations qui le composent sont mobilisées en totalité, il est vain de chercher à s’en échapper et il y a lieu, au contraire, de chercher d’abord à le comprendre et, si besoin est, de le transformer.

La prise de conscience de la dimension citoyenne de chacun de nous nécessite d’être nommée par un terme qui soit le plus juste possible afin de penser la réalité tout en vivant l’expérience du chemin à parcourir : ce meilleur terme nous paraît être celui de « transformation ». Nous allons tenter de préciser les contours de ce qui fait naître l’idée de transformer et d’approfondir les conditions de ce que pourrait être une culture de la transformation.

Analyse actualisée de la situation

A première vue, l’idée paraît banale tant nous sommes environnés de termes qui désignent des choses voisines : d’un côté, évolution, changement, réforme, de l’autre, rupture, choc, révolution et, pourquoi pas, « disruption ». On a pour habitude de considérer que le premier groupe renvoie à un changement qui resterait à l’intérieur d’un système donné, alors que le second impliquerait un passage en dehors du système, voire un changement de système. 

Mais que faut-il penser lorsqu’on a affaire à une crise qui est à la fois globale et totale ? Quand il devient très difficile, sinon impossible, d’imaginer un dehors, ou même un système qui nous soit extérieur ?  

C’est peut-être qu’il ne s’agit pas seulement de système politique, de technologie, d’économie ou de finance, ou autre. C’est le vivant tout simplement qui est en jeu. Il faut relier la crise sanitaire aux problèmes globaux qui visent notre existence sur terre et que nous résumons souvent dans le terme de « réchauffement climatique ».

Si « dedans » et « dehors » perdent une grande partie de leur portée et la frontière entre les deux familles est brouillée, la stratégie du choc revient à poursuivre un objectif « séparatiste » qui consiste à changer la société de l’extérieur, sans elle ou en la regardant comme un obstacle à surmonter. Transformer implique d’agir à l’intérieur et à l’extérieur comme dans le proche et le lointain. Surtout en France où l’État est séparé de la société.

Nous avons tenté d’esquisser quelques conditions à remplir pour promouvoir une culture de la transformation.

Propositions d’actions concrètes

Sortir de l’état d’urgence permanent. La France est un pays qui donne le sentiment de n’avoir jamais le temps et dans lequel la respiration de la société n’est pas bonne. Il faut commencer par aider la société à respirer mieux. Il n’est pas question ici que de l’état d’urgence sanitaire qui est encore en vigueur, fût-ce de façon évolutive. Les institutions d’État, encouragées par la pratique du pouvoir, fonctionnent en effet dans une sorte d’urgence permanente comme si elles avaient cristallisé qu’il était impossible de faire évoluer la société française en faisant appel à ses ressources les plus profondes et les plus généreuses. On cumule donc les ordonnances, procédure parlementaire d’urgence, 49-3, raccourcissement des délais de consultation, invocation du référendum… Sans oublier évidemment la récente et bien vaine convocation d’un vocable guerrier.

Investir dans le long terme et dans le durable. Sortir de l’urgence signifie une nouvelle prise de conscience du long terme, ce qui oblige à redéfinir ce que nous voulons dire, tant le terme a été galvaudé et tant l’urgence est devenue une forme de prison. Pour être en mesure de concevoir du terme (éventuellement long), nous devons investir dans le non-humain en prenant pleinement conscience que nous habitons tous la Terre à la fois lieu et acteur de nos vies. L’ensemble du vivant (humain et non-humain, écosystèmes, paysages…) est le partenaire grâce auquel nous pouvons nous décentrer. 

Poser les bases d’un contrat social renouvelé. Si l’on ne peut être seulement dans la conscience, celle-ci éclaire toutefois le chemin vers un « contrat » renouvelé qui nous réunisse. Ce chemin de transformation nous aidera à le faire naître si nous acceptons préalablement notre dénuement, condition pour faire émerger de nouvelles paroles, la crise sanitaire ayant souvent imposé silence et isolement. Car la démocratie impliquant la prise de parole, le plus important ce sont les démocrates. Il faut donc retrouver du souffle, c’est à dire de l’éthique. De nouvelles paroles n’émergeront que si ceux qui n’y ont pas accès sentent que la prise de parole est pour eux et qu’ils y sont bienvenus. La parole doit circuler avec bienveillance et fluidité pour que de nouvelles paroles surgissent et soient accueillies.

Découvrir et développer nos nouvelles capacités. Le chemin de transformation est de donner, à chacun comme à tous, des capacités. A la fin de l’ouvrage écrit avec son mari, Abhrijt V. Banerjee, Esther Duflo tire cinq leçons clés de l’étude. Dans la deuxième, les auteurs constatent que les pauvres assument la responsabilité de trop nombreux aspects de leur vie qui les obligent à apprendre à faire beaucoup de choses : trop même. Cette leçon doit être partagée. Si l’acquisition de capacités nouvelles est un chemin pour sortir de la pauvreté, l’expérience du dénuement aide à la prise de conscience de ceux qui pensaient être à l’abri. 

Proposition phare : poser les bases d’un nouveau contrat social tendant à découvrir et à développer de nouvelles capacités individuelles.

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