Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Nos travaux philanthropiques ne doivent-ils pas entrer dans l’ère de l’humanisme écologique ?

Respectable Loge, La Grotte D’Andarta, Orient de Valence, Région 6 Est et Loges de Suisse

Mots Clefs : Humanisme écologiquePhilanthropie

L’humanisme écologique dans le projet Républicain

Et si l’Humanisme écologique et notre projet républicain n’étaient finalement que les deux faces d’un même combat à mener pour préserver l’avenir de l’humanité ?

L’Humanisme, philosophie mélioriste qui éclaire l’être humain sous le jour nouveau d’un être perfectible par la connaissance, d’un individu politique interagissant dans la cité par une élaboration immanente et non plus transcendante, affirme sa confiance en la valeur de l’Homme. Cette confiance doit subsister quels que soient ses errements et ses comportements.

L’Humanisme moderniste basé sur la foi en la raison humaine, prospérant avec le développement des sciences et des techniques, aspirant à un progrès réalisé par l’ Homme et pour l’Homme, a irrigué une conviction, peut-être même une croyance, en un progrès continu de l’humanité. Nous sommes aujourd’hui confrontés à une prise de conscience des problèmes écologiques créés par l’Homme et des dangers qui en découlent pour notre écosystème.

De Kant et son « sapere aude, aies le courage de ton propre entendement », à Voltaire concluant son Candide par « cultivons notre jardin. », nous devons élargir « Mens sana in corpore sano » à la dimension du monde. Comment être sensible à l’épuisement de la planète, si moi-même, j’épuise toutes mes ressources chaque jour, dans une course effrénée à la rentabilité, l’efficacité, sans être dans une gestion vertueuse de moi-même ?

Il est essentiel que nos travaux philanthropiques orientent notre humanisme pour y intégrer la nécessité écologique au service de l’Homme dans son espace naturel. L’écologie ne doit pas être le monopole des écologistes mais affaire de tous.

L’humanité est confrontée à des problèmes environnementaux incontournables, pour autant faire de la nature la source de tout bien être, c’est lui donner le rôle d’une instance transcendante. C’est prendre le risque de restreindre l’Humanité à une entité prisonnière d’elle même sous le poids d’un dogme quand c’est de sa raison que sa survie et son environnement en dépendent.

Aujourd’hui, l’invocation d’un ordre naturel rejoint la pensée réactionnaire à un triple titre : la défiance vis-à-vis de la connaissance scientifique, l’hostilité à la raison, la contestation de l’universalisme.

L’Humanisme écologique, c’est la voie du progrès, celui qui revêt une dimension morale, intellectuelle et suppose des choix qui portent l’équilibre et la solidarité dans cette progression. C’est concrétiser la fraternité, en déployant la solidarité dans l’espace (à l’échelle de la planète) et dans le temps (générations présentes et à venir), sous une forme à la fois contiguë et continue.

Il doit soutenir le développement humain, l’égalité de répartition, l’accès à des ressources primordiales telle que l’eau ou des services essentiels tels que la santé et l’éducation ; santé et éducation sans lesquelles la régulation démographique naturelle, dont notre planète a tant besoin pour éviter la saturation et les mouvements migratoires, n’arrivera pas.

L’humanisme écologique dans sa complexité

L’Humanisme écologique ne saurait être complet, sans considérer notre propre système comme appartenant à une entité universelle.

L’imagination humaine sans limites et les désirs qui en découlent ne doivent-ils pas se confronter aux saines frustrations qu’un monde fini ne manquera pas de leur imposer ? Epicure avait il y a bien longtemps déjà posé cette question : « Tout ce qui est naturel est facile à acquérir, alors qu’il est difficile d’accéder à ce qui est sans fondement. »

Quel est donc ce lien qui nous intègre au monde ? L’accélération exponentielle qui rythme désormais l’activité humaine nous confronte aux limites de l’instantanéité et à l’absence d’ordre de grandeur. Ce que Paul Virilio décrit comme « la fin de la géographie ».

Notre environnement, notre habitat comme lieu de nos habitudes, volent en éclats sous le rythme effréné d’une vitesse humaine qui pollue les distances, la grandeur nature des lieux et des délais. Nous atteignons les limites de la réflexion et du temps humains. Et au souci d’une biodiversité protégée s’ajoute donc l’importance d’une chronodiversité qui refuse l’accélération permanente comme seul rythme possible.

Nous Francs-Maçons savons à quel point les bienfaits d’un temps de réflexion à l’abri de la frénésie du monde sont utiles et nécessaires à l’avènement d’une humanité meilleure et éclairée.

Propositions d’action

Il est grand temps de réintroduire Homo politicus dans son habitat, de lui faire retrouver tous ses sens en alerte, soucieux des interactions qui le lient au monde et de destituer Homo economicus. Attribuer l’adjectif écologique à l’Humanisme, c’est retrouver le sens de l’universel dans ce qu’il a de plus fraternel aussi.

Dans un monde limité, voire même proche de l’épuisement, certaines ressources ne le sont pas. Car si celles-ci sont intellectuelles elles sont aussi morales. La fraternité et la sagesse, qu’un Humanisme soucieux d’écologie éclaire, sont inépuisables : ce qu’une phrase de Gaëtan Gorce résume parfaitement, « L’enjeu est bien de construire une société de coopération qui pense l’humain en relation avec ce qui le fait vivre »

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