Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Un nouvel Horizon

Respectable Loge, François Rabelais, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : CommunautéCriseLibertéOptimismeSocial

L’article 1er de la Constitution du GODF nous informe de notre essence et de nos principes et objectifs :

La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, philosophique et progressive, a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité. Elle a pour principes la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle attache une importance fondamentale à la Laïcité. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité.

Il en résulte des défis de deux natures : comprendre le monde en évolution permanente pour bâtir le programme d’action nécessaire afin d’approcher au plus près nos objectifs, agir de façon appropriée pour concrétiser notre volonté déclinée dans ce programme d’action.

Comprendre

La pandémie du Covid 19 provoque une crise inédite qui s’avère être probablement l’une des plus grandes crises traversées par l’humanité depuis des siècles, crise sanitaire, économique, financière, sociale, politique, et philosophique. Les mesures législatives et réglementaires qui ont été prises visaient avant tout à préserver le système économique et financier ; les pouvoirs publics n’ont pas choisi d’orienter différemment la société en raison du Covid19. En conséquence, rien ne semble avoir été mis en place au niveau politique pour que cela le soit à l’avenir. 

Le Covid19 va en revanche accentuer la crise économique et sociale que traversait déjà la France. Aux gilets jaunes et aux grèves générales contre la réforme des retraites a fait suite le mouvement directement importé des États-Unis Black Live Matters dont le seul titre laisse pantois sur la notion d’universalisme. Si l’objectif de ce dernier mouvement, l’antiracisme, ne peut faire l’objet d’une quelconque critique, les moyens mis en œuvre pour le promouvoir peuvent susciter quelques interrogations, faute de débat éclairé et par effet d’une dialectique de l’information spectacle. Cette façon d’aborder un débat par le seul prisme de sa propre position idéologique illustre le climat actuel de notre société. Le dialogue, la réflexion collective, l’échange constructif font place à l’insulte, à la caricature, à la provocation et à la violence. Cet état de fait porte atteinte à la notion même de démocratie sur laquelle repose notre république laïque. 

Il est probable que nos principes ne sont plus entendus aujourd’hui. Plus largement, c’est tout ce que le siècle des Lumières nous a apporté qui semble aujourd’hui tombé dans l’oubli. L’esprit critique, la recherche de la connaissance, la tolérance, la liberté, l’égalité, n’imprègnent plus notre société. Comme la nature a horreur du vide, les obscurantismes en tout genre pointent le bout de leur nez. 

Vouloir

L’homme, s’il veut survivre aux défis qui se présentent à lui, ne peut demeurer en communautés égoïstes. On le voit pour l’environnement et on le voit de même pour le combat sanitaire. Si chaque communauté s’est, par réflexe de survie, repliée sur elle-même pendant cette période de crise virale, que les frontières se sont refermées pour nous enfermer nous-mêmes en nous privant des libertés essentielles, c’est en grande partie parce que l’interdépendance n’est qu’économique et non sociale.

Cela montre également que c’est par une collaboration empreinte d’une éthique que nous pouvons vaincre une situation de crise. De manière utopique il doit y avoir en même temps qu’une préservation de l’identité propre à chaque groupe appelé communément nation un échange et une entraide pour combattre un ennemi commun. Il faut donc chercher ce qui nous rassemble, pas ce qui fait nos différences. Il convient de mettre en avant l’éthique et la morale économique ainsi que l’éthique environnementale. 

En fait le « monde d’après » tant évoqué (et qui esquissait une utopie sur fond d’ivresse idéaliste) ne peut être par principe une réalité si nous laissons aux mêmes le soin de tracer notre destin tout en regardant nos libertés se rétrécir. Peut-on continuer à faire confiance à ceux qui nous mentent ?

Comme le maçon à son initiation, les individus ont pu passer un certain temps dans une forme de cabinet de réflexion et s’interroger sur ce qu’ils allaient laisser derrière eux pour un monde d’après qui ne serait pas comme avant. Une forme de testament avant de renaître dans un monde meilleur. Toutefois le chef d’orchestre de ce passage forcé n’était pas forcément bienveillant comme lors de notre épreuve initiatique. Il n’était autre que l’autorité en place et, au lieu d’un cabinet de réflexion, nous étions plongés dans une caverne de Platon à contempler le mur d’images informatif où défilaient des statistiques morbides nous répétant sans cesse les mêmes messages et nous préparant sur fond de peur à culpabiliser en attendant la seconde vague. L’ennemi n’est pas le virus mais l’homme qui le porte potentiellement.

Privation de liberté et non pas liberté de réfléchir et de se poser, désocialisation et distanciation sociale, économie punitive ne sont pas la conséquence d’un organisme viral mais bien des décisions politiques sous couvert d’approbation scientifique avec, en arrière-plan, non pas le bien que les décisions prises pourraient faire à un peuple, mais le refus pour le politique d’être responsable d’avoir mal décidé. Comme pour le sida il y a bientôt un demi-siècle, on a introduit la peur de l’autre car cet autre peut potentiellement contaminer. 

Le virus est ici un majorant ou un révélateur de nos imperfections, de nos égoïsmes et de nos incapacités face à ce qui nous dépasse et à notre refus de considérer que la mort fait partie prenante de la vie ; il révèle des dégâts que nous engendrons par nos actes sur notre milieu et les conséquences de plus en plus irréversibles de nos mauvaises décisions. La situation nous invite alors juste à une chose basique : réfléchir sur ce que nous sommes et ce que nous voulons pour la société, pour notre bonheur et celui de la collectivité.

Pourquoi le maçon devrait-il tout à coup, et à la seule évocation du coronavirus et des problèmes économiques supposés s’interroger sur la société future en inventant un nouveau monde ? N’est-ce pas déjà un attribut du maçon que de bâtir un monde meilleur et de réfléchir à la société qui l’entoure et à ce qui peut constituer un progrès pour l’homme, la société et l’humanité ? Nous nous engageons par la recherche de la vérité, l’étude de la morale, la pratique de la solidarité à améliorer l’homme et l’humanité tant moralement, qu’intellectuellement et matériellement comme nous le rappelons à chacune de nos tenues. Le monde de demain pour le maçon c’est la mise en action de ces principes par le travail en loge et en poursuivant au dehors ce qui a été accompli au-dedans. Le maçon se doit d’être actif. 

Tout comme le travail en loge, préserver la démocratie républicaine implique un effort constant de la part de tous les citoyens. C’est qu’en effet, il est plus facile d’adhérer sans penser, de juger sans réfléchir, de s’engager dans une action sans en anticiper les conséquences. La recherche de la vérité, au contraire, ouvre sur la complexité d’un monde bien souvent chaotique. Il est du devoir de la Franc-Maçonnerie d’y veiller en particulier en ne laissant pas la défense du progressisme à des extrémistes qui non seulement discréditent les idées qu’ils défendent mais surtout attisent la haine et la violence d’une partie de la population qui risque de se radicaliser vers l’extrême droite. 

Agir

C’est pourquoi il est de notre devoir à tous, nous les francs-maçons, de faire bloc et de savoir faire preuve de dignité, de raison et de responsabilité. Cette crise a révélé une évidence, notre planète n’est qu’un seul village. Aucun pays n’est épargné, et personne n’est à l’abri. Au nom de l’amour universaliste qui fait de chaque être humain le cœur de notre humanité à tous, il paraît indispensable que chacun garde et cultive patience et espérance, esprit critique et philosophique, science et conscience. Aujourd’hui, la solidarité s’exerce à tous les niveaux, sur toute la planète. Chacun d’entre nous en tant que citoyens du monde, mettons en œuvre cette solidarité en faisant le geste qu’il faut, soigner, aider, instruire, donner et protéger par exemple.

Un nombre croissant d’individus ont pris conscience de la nécessite de changer nos modes de vie, fondés jusqu’à présent sur le productivisme et le consumérisme, et se montrent de plus en plus respectueux de l’environnement. Notamment les jeunes générations, celles qui hériteront de la planète dans les décennies à venir, sont sans doute les seules en mesure d’apporter un nouvel élan à cette prise de conscience. Parallèlement, et de manière encore quelque peu confuse, nous voyons poindre chez de nombreuses personnes un désir et un besoin de spiritualité. Certes, cette tendance n’est pas encore suffisamment marquée pour contrebalancer le matérialisme mais nous ne pouvons que nous en réjouir, car elle est de bon augure pour le futur. En tant que francs-maçons, nous devons l’accompagner et même en être des acteurs. De toute évidence, si l’on se focalise sur tout ce qui ne va pas en ce monde et en ce moment, il y a de quoi être pessimiste pour l’avenir de l’humanité. Mais si on s’attarde sur les prises de conscience et les actions qui commencent à en résulter, il y a de quoi être, sinon optimiste, du moins confiant. Et en tant que les enfants de la Terre, nous avons le devoir de cultiver cet optimisme et cette confiance, tout en étant réalistes quant au fait qu’il n’y a encore aucune certitude que le bien l’emporte sur le mal.

Par conséquent, décidons et construisons :

Retour à la science, qui réduit les incertitudes sur des critères objectifs. Il n’y a pas d’offre concurrente à la science ; pour la science, il y a le temps de la recherche, le moment du savoir qui peut et doit s’enrichir ; le doute cartésien et la raison sont là pour cela, ont été inventés pour cela. Le savoir nécessite l’apprentissage de la rationalité, l’évaluation des limites du savoir, la connaissance des enjeux de la science au moment de la technologie.

Pour quels objectifs pour les hommes ? Décidons qu’il s’agit de préserver la vie, de réduire la violence humaine, de favoriser l’épanouissement et le mieux-être. Rappelons que l’opinion n’est pas le savoir.

La maîtrise des usages industriels des technologies est un projet possible, différent de celui de la science.

Il importe de diffuser les connaissances pour éviter le scepticisme sans limite ni frontières, et pour maîtriser la logique pure des intérêts matériels.

La construction politique fait partie de la réponse :

Démocratie représentative Diffusion des savoir et des évaluations Place maîtrisée de l’expertise Régulation des stratégies d’influence (exemple : le lobbying auprès des instances de l’UE) Faut-il de nouvelles institutions ? Faut-il un nouveau pouvoir d’intervention des citoyens ? Les deux sans doute, et si on dit « citoyen », on dit « raison » et « République » ; on ne dit pas « individu » ni « utilisation des peurs ancestrales ».

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