Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

La nouvelle école émancipatrice

Respectable Loge, Intersection, Orient de Paris, Région 12 Paris 2

Mots Clefs : ConfianceÉgale dignité des métiersFormation continueResponsabilisation

L’école forme le citoyen. Elle doit donner toutes les chances à chaque enfant. Permet-elle son émancipation, un développement personnel réussi ? Oui, dans une « nouvelle école émancipatrice » à construire !

Les principes de fonctionnement et les partenariats pour permettre à l’école de remplir sa mission d’émancipation

   Les attentes à l’égard de l’école sont très élevées, et font peser une pression extrême sur les professeurs et sur tous ceux qui concourent à son fonctionnement. Il incombe à l’institution scolaire, à tous les niveaux, de la maternelle à l’université, de former des citoyens, de donner toutes les chances à chaque enfant, de permettre son émancipation, un développement personnel réussi. Il est illusoire d’espérer qu’elle puisse y parvenir seule – et ce n’est d’ailleurs probablement pas souhaitable. Elle a, au fil de son histoire, intimement liée à celle de la République, tellement bien rempli sa mission que celle-ci s’en est trouvée enrichie et partagée avec d’autres acteurs, auxquels elle sert de référence et de point d’appui. Les dimensions de qualification et de réussite professionnelles, loin de s’opposer à la formation des citoyens, font désormais intrinsèquement partie des conditions de l’émancipation et du développement personnel des jeunes et, donc, des missions de l’école.

   Les collectivités territoriales, les associations extra-scolaires ont un rôle éminent à jouer pour la formation des citoyens, en lien étroit et en complémentarité avec l’école. Enfin, le développement des médias de masse (télévision, internet et réseaux sociaux) fait que l’école n’a plus l’exclusivité de donner accès à la connaissance et qu’elle doit enseigner aux jeunes à maîtriser leur usage, pour qu’ils exercent à leur égard les exigences critiques de la raison.

   Au-delà des contenus et des connaissances nécessaires pour aider à l’émancipation des jeunes (la compréhension du monde dans lequel ils vivent et la capacité de participer à sa nécessaire transformation), en son sein, l’école doit trouver le juste équilibre entre l’attention portée au groupe classe, avec toutes les dynamiques dont la dimension collective du fonctionnement de l’école est porteuse, et la  centration sur l’élève ou l’étudiant, pour lui apporter individuellement les soutiens et l’accompagnement dont il a besoin, en complément de ceux qu’il peut trouver dans sa famille.

   L’école a un devoir d’exemplarité, exigeant pour les professeurs et tous ceux qui y concourent, et doit assurer son fonctionnement en « espace civique », respectueux des principes de considération et d’attention à porter aux élèves, et des modèles de civisme qu’elle a la mission de transmettre, dans lesquels les élèves et les étudiants pourront puiser les fameuses soft skills – « les compétences douces » – si prisées dans le monde professionnel.

   Enfin, elle a une responsabilité qu’elle ne peut exercer seule et qu’elle partage avec l’ensemble de la société : la reconnaissance de la diversité et de l’égale dignité des métiers et des fonctions au sein de la société et des parcours qui y conduisent. Il est, de ce point de vue, particulièrement nécessaire que la voie professionnelle ne soit plus considérée ni gérée comme une voie d’échec et de relégation.

Paradoxe français de la reconnaissance : une image globalement négative de l’école qui ne reconnaît ni ses réussites, ni sa diversité, ni les engagements de ses personnels

   L’école a très certainement une responsabilité dans le fait que les Français sont l’un des peuples les plus pessimistes, les moins confiants dans l’avenir.

   Une image globalement négative : alors que les statistiques font apparaître une réussite globale de l’école, l’image d’ensemble en est négative et met l’accent sur les échecs : les élèves et les étudiants décrocheurs, la persistance des inégalités sociales.

   Des témoignages positifs : le paradoxe est que, quand on interroge les élèves, les étudiants ou les familles sur leur établissement scolaire ou universitaire et les équipes qu’ils connaissent, la perception est beaucoup plus positive, voire franchement favorable, et ne reflète pas l’image globale négative et la sempiternelle déploration sur les limites et les échecs de notre système éducatif.

   Où serait le talon d’Achille ?  Une gestion de masse indifférenciée ! Aujourd’hui, la qualité de l’école, de la transmission des savoirs, du climat et des valeurs qui règnent dans chaque établissement, de la relation que chaque jeune et sa famille entretiennent avec les enseignants et les équipes des établissements scolaires ou supérieurs, l’ajustement permanent à la diversité extrême des situations et des jeunes, repose trop sur la bonne volonté éparse des acteurs, sur leurs dévouements et leurs talents individuels. L’institution (Education nationale et enseignement supérieur) et ses discours globaux noient les acteurs dans une gestion de masse indifférenciée. Le travail quotidien réel sur le terrain est insuffisamment suscité, insuffisamment reconnu, insuffisamment valorisé par l’institution et son système de gestion.

Propositions : encourager et valoriser les initiatives et la diversité des pratiques, inciter à leur diffusion et à leur échange

   Le rapport aux familles : Pour donner toutes ses chances à chaque enfant, l’école doit agir en connaissance fine des parents et des familles, en complémentarité et en harmonie avec elles, et prendre en compte la disparité des situations et les inégalités sociales – qu’elle ne peut évidemment pas corriger à elle seule. 

   L’attention aux relations humaines :  A chaque échelon de l’institution il faut une connaissance fine et une prise en compte de la situation de chacun, autrement dit un meilleur suivi des relations humaines et une façon de montrer que l’on prend en compte les choses faites, porter une attention aux mots que l’on emploie afin de renverser la cascade de mépris ou ce qui est ressenti comme tel pour construire dans chaque école et établissement scolaire une vraie communauté. Pour que l’enfant se sente bien il faut que ceux qui s’en occupent se sentent bien.

   La confiance en premier pour faciliter l’action juste : Dès lors, il faut organiser le système éducatif sur la base d’une confiance placée dans tous ses acteurs, et d’une mise en capacité à agir, selon les valeurs partagées, à tous les échelons, partant de l’enseignant, de l’établissement, de l’encadrement de proximité (corps d’inspection et autorités académiques), dans une ouverture sur l’environnement (collectivités territoriales, associations périscolaires) et sur le monde professionnel.

   La valorisation des initiatives : Une telle organisation suppose un fonctionnement du système éducatif encourageant et valorisant les initiatives et la diversité des pratiques, incitant à leur diffusion et à leur échange. 

   La priorité-formation, initiale et continue, des personnels de toute catégories et métiers : Elle nécessite aussi un investissement massif dans la formation initiale et, surtout, continue de toutes les catégories de personnels, à tous les niveaux, de la maternelle à l’université, ainsi qu’une transformation et une modernisation profondes de cette formation. 

   Une vraie GRH : Elle requiert enfin une pratique de la gestion des ressources humaines en harmonie avec les valeurs qu’elle est censée transmettre : elle n’a aucune chance de parvenir à l’émancipation, à un développement personnel réussi de chaque enfant si elle-même ne donne pas l’exemple par l’attention portée aux personnels qui la servent.

Proposition phare : il faut organiser le système éducatif sur la base d’une confiance placée dans tous ses acteurs, et d’une mise en capacité à agir, selon les valeurs partagées

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