Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Pour un humanisme élargi …

Respectable Loge, non renseignée, Orient de non renseignée, Région non renseignée

Mots Clefs : FemmesSoi-mêmeVégétariensVéloVivant

Le GODF et le monde

Le livre blanc du GODF arrivera, semble-t-il, après la bataille car le monde d’après est déjà dans de nombreux domaines celui d’aujourd’hui…

Le principal intérêt d’avoir pris le temps est peut-être de constater quelles sont les directions effectivement déjà prises : retour d’une consommation massive, retour de la voiture comme liberté ultime et de la pollution qui l’accompagne, déni de la catastrophe en cours (non-respect des gestes barrières), …Mais peut être dans ce temps long de notre réponse, pouvons-nous montrer ce qui fonde la spécificité de la FM, ce regard particulier qu’il conviendrait alors de porter, mais sans oublier qu’un des principes fondamentaux de notre ordre stipule qu’il convient de se changer soi-même pour pouvoir changer le monde…

Les plus faibles, les plus forts, les consommateurs, le vivant

Alors que les principales victimes des crises sanitaires, économiques et sociales, actuelles et à venir semblaient toujours les mêmes, les femmes prennent une nouvelle place. Il s’agira non pas de relancer la machine mais bien de s’engager pour le futur du vivant.

Les plus faibles :  Les personnes âgées dont l’épidémie a montré l’extrême vulnérabilité et des conditions de soins et d’hébergement à repenser, les pauvres également surreprésentés parmi les victimes du fait de leurs conditions de vie, de leurs emplois contraints, de leurs logements exigus, de leur pouvoir d’achat trop juste, les jeunes, épargnés majoritairement des conséquences les plus graves du virus, mais frappés de plein fouet par la crise économique, les femmes, présentes bien sûr dans les catégories précédentes et qui cumulent par ailleurs certaines « spécificités » dans leurs vies professionnelles (emplois dévalorisés, exposés et sous-payés), sociales (harcèlement sexuel, féminicides,…) ou familiales (prise en charge des enfants, violences familiales,…), sont les principales victimes des crises sanitaires, économiques et sociales, actuelles et à venir.

Les plus forts : Les femmes : En Nouvelle Zélande, Jacinda Arden, plus jeune femme 1ère ministre au monde a sorti son pays de la crise due au Covid avec un mélange de fermeté et d’empathie, donnant la priorité aux laissés pour compte de la réussite néozélandaise et à la lutte contre le réchauffement climatique, en privilégiant une approche fondée sur la bienveillance. A Taïwan, la présidente Tsai Ing Wen, est réélue grâce à sa bonne gestion de la crise causée par le coronavirus qui, sans confinement, n’a provoqué que 7 décès parmi les 23 millions d’habitants. Trois femmes ont relancé l’Europe : la chancelière Angela Merkel, Ursula von der Leyen présidente de la commission européenne et Christine Lagarde, présidente de la BCE. On trouve partout dans le monde, des pays ou des villes dirigés par des femmes empathiques, écologistes et volontaires (comme la danoise Mette Frederiksen ou l’islandaise Katrin Jakobsdottir) qui ont préféré l’efficacité à l’autosatisfaction. Toujours une femme, Anne Soupa, veut secouer l’Eglise catholique sur la question des fonctions concédées aux femmes et s’est portée candidate pour devenir évêque de Lyon… car Dieu a fait la femme à l’égal de l’homme…

Les jeunes : « C’est ma génération (les « boomers ») qui est responsable de tout ce désastre, écologique, climatique,… Le seul espoir, c’est la jeunesse ! Pour moi à leur âge, l’écologie, c’était le jardinage… Eux, comme Greta Thurnberg, ont déjà tout compris. Il est hors de question d’abandonner la parole sur le monde post-covid aux seuls mâles blancs de plus de 60 ans. » Yann Arthus Bertrand – Photographe

Les consommateurs : Dès la sortie du confinement, du côté des gouvernements des relances budgétaires massives en faveur du productivisme et du consumérisme pour faire repartir l’économie et du coté des consommateurs, des pulsions d’achat consolatrices qui contribuent toutes à augmenter la crise écologique dont les conséquences seront vraisemblablement pires que celle que nous vivons aujourd’hui.

Le vivant : Qu’allons-nous retenir de cette période de confinement ? Ces rues désertes reconquises parfois par un cervidé ou un sanglier ? Ce silence simplement rompu par le chant des oiseaux ? Cette vue lointaine si nette sans pollution de l’air ? Ce confinement forcé ne nous aurait-il pas fait toucher du doigt une autre vie possible et finalement laissé un arrière-goût de regret ?

Vivant et mortel : Le Covid  a provoqué environ 350.000 morts fin juin 2020. C’est beaucoup… et peu. Il meurt habituellement environ 57 millions d’individus par an dans le monde… Nous revoilà ramenés à notre statut de « mortel », à notre simple statut d’humain, un des éléments de la nature. Ni robot, ni cyborg, simplement naturel et donc mortel. Nous l’avions oublié à force de rêver de guerre sans morts, de maladies terrassées par la médecine.

Liberté, égalité, fraternité !

Les contours du monde « d’après » relèvent par définition de la fiction mais la pandémie nous oblige à repenser la signification de ce qu’est un être humain, et nous, francs-maçons, pouvons évoquer à ce propos nos 3 valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité.

Tout d’abord, la liberté de chacun au sein d’une société démocratique, comme le symbolise la corde à nœuds de nos temples : la pandémie a montré qu’un projet de société durable et solidaire devait s’appuyer sur un Etat protecteur et redistributeur, un Etat souple et agile, non bureaucratique qui laisse vivre les initiatives locales et accompagne le secteur privé. Mais pour qu’un Etat agisse il faut que les citoyens soient derrière et c’est donc prioritairement à la société civile d’agir et de définir ce à quoi elle tient. Il faut certainement arrêter de se demander ce que l’Etat peut faire et surtout se demander ce que nous pouvons faire en tant qu’individus. Par exemple et prioritairement freiner notre consommation irraisonnée, frénétique, qui nous conduit à nier la vie elle-même, celle des végétaux, celle des animaux et celle d’un grand nombre d’humains pour diminuer ainsi la pollution, le réchauffement et la destruction des espaces naturels qui mènent le monde à un point de rupture. Promouvoir la généralisation de la sobriété tout en maintenant un niveau de prospérité qui préserve l’habitabilité de la planète sera paradoxalement avec son lot de contraintes (réguler la publicité pour mettre un frein à la surconsommation, accepter moins de mobilité et chercher des alternatives au tourisme de masse, mettre en place une éducation et des formations aux pratiques de sobriété numérique, …) une des conditions du maintien de nos libertés fondamentales. Il n’y a pas d’écologie « punitive », seule l’absence de prise en compte des principes écologiques serait en définitive très punitive. Mais envisager dans nos loges, deux fois par mois, des agapes exclusivement végétariennes relève certainement d’une utopie inatteignable…

L’égalité : Le pavé mosaïque nous rappelle que l’humanité est faite à parts égales d’hommes et de femmes, égaux et complémentaires dans leurs différences. En règle générale, les plus faibles peuvent s’avérer dans certaines situations être les plus forts, rien n’est jamais blanc ou noir…Une volonté humaniste et universaliste se doit d’accorder une priorité absolue à la mise en œuvre effective d’un droit des femmes les mettant à l’égalité des hommes, dans tous les domaines, partout dans le monde, au sein de toutes les sociétés et bien sûr prioritairement au sein de notre obédience (une femme comme prochaine « Grande Maitresse » ?). Priorité également de promouvoir des politiques publiques en faveur des jeunes : éducation, formations, recrutements, conditions de vie, logements,… et  rendre effectif le partage du pouvoir entre les générations.

Un autre symbole présent dans nos temples, la voute étoilée, nous renvoie à la place de l’homme dans l’univers, et à la nécessaire fraternité que celui-ci doit à l’ensemble du vivant, dont il est un des éléments et dont il dépend intimement. Une politique de la Terre, entendue comme une maison commune, dont l’usage n’est plus réservé aux seuls humains, ce qui implique une révolution de la pensée politique de la même ampleur que celle réalisée par la philosophie des Lumières et d’écrire un nouveau pacte avec la nature vers moins d’agression mutuelle, un nouveau contrat naturel comme le proposait il y a 10 ans Michel Serres dans la continuité du contrat social de Jean-Jacques Rousseau au XVIIIe siècle…

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