Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment faire rencontre avec l’autre ?

Respectable Loge, Etoile de la République, Orient de Marseille, Région 15 Provence- Alpes - Corse et Loges de Sardaigne et d'Italie

Mots Clefs : AltéritéCitoyennetéFraternitéHyper-individualismeRépublique

Annonce de la problématique en jeu

Depuis de nombreuses années, l’univers dans lequel nous vivons s’accélère et se métamorphose : révolution des NTIC, crise et bouleversements économiques, nouvel ordre géopolitique, changement climatique en sont notamment les manifestations.

Au niveau de l’individu et de la société, l’hyper individualisme a émergé comme une caractéristique de l’ère post-moderne.

De quoi son essor est-il le constat ? L’individu « communautariste » par essence est-il un danger pour la société ? Comment le désir d’émancipation peut-il être compatible et vertueux pour la collectivité ?

Aujourd’hui, il semble que la différence semble tolérée tant qu’elle reste à distance – que la différence à proximité immédiate pose problème.

Dans ce moment où la crise sanitaire du COVID a agit comme un révélateur de nos tendances et mutations technico-économico-biologico-sociétales profondes, nous FM, nous sommes posés la question de comment faire (toujours et encore plus) rencontre avec l’autre ?

Analyse de la situation et ce qu’elle est devenue en ces temps de crise

L’humain est un animal social. Ce sont les familles et les tribus qui ont formé les sociétés depuis l’origine des temps. Historiquement, la société et les individus se sont définis par classes et conditions sociales, et pas seulement en occident. Puis, que ce soit les régimes autocratiques (ex. la monarchie), la religion ou les institutions, leurs influences se sont réduites au fil des siècles. L’individu y a gagné sa liberté de conscience et son émancipation, et l’essor d’une République, une et indivisible…

A présent, la tolérance mutuelle, la solidarité, la citoyenneté semblent battues en brèche. Une société semble se définir en termes de personnalités sociales – chacun y voyant un droit grandissant et sans limite de ses libertés individuelles. Certains vont même jusqu’à évoquer un droit absolu.

L’Homme moderne se souhaite individu unique mais peut-il faire véritablement abstraction des questions qui traversent la société. Le lien social ne résulte plus naturellement de soi, il nécessite d’être initié et restauré en continu par « une reconnaissance symbolisée et institutionnalisée de la coprésence à l’autre » ; nous F.M., irions-nous jusqu’à dire qu’il doit être « sacralisé » ?

Le citoyen ou concitoyen n’est pas seulement un état, une catégorie d’individu. Il est corrélationnel, un lien, une reconnaissance. Un lien qui se construit, qui se nourrit, qui peut mourir pour renaître. Comment nourrir ce lien qui se noie dans une « modernité liquide » ? Comment redorer et réincarner notre devise républicaine ?

La période inédite que nous traversons a mis en lumière, si cela était encore nécessaire, notre impact sur notre environnement, la montée de l’individualisme « cet isolement dans lequel les cœurs et les esprits s’enferment », la révolution anthropologique sous-jacente à la digitalisation de nos sociétés, les limites de la mondialisation, la complexité et l’interrelation de nos systèmes et la fragilité de nos existences.

De nouveaux élans de « solidarité », d’« empathie », de « vivre ensemble » refont surface ou trouvent de nouveaux échos, particulièrement en ce « monde du moment », ils alimentent de nouvelles utopies. Victor Hugo écrivait « Je vous appelle concitoyen, car vous et moi, nous n’avons qu’une patrie, l’avenir, qu’une cité, l’unité humaine ».

Proposition d’actions concrètes

Des tendances profondes sont mises en lumière. Capitalisons sur les îlots de fraternité pour en faire des terreaux fertiles à l’avènement d’une société plus juste, plus équitable et plus émancipatrice.

Quelques pistes de solutions possibles :

  • Les initiatives de démocratie participative et de co-construction des décisions politiques
    • La révision profonde de nos mondes de production et de consommation, mondialiser la gouvernance et dé-mondialiser les pratiques de production, consommer moins mais mieux.
    • L’émergence d’un urbanisme réflexif pour repenser la ville et les processus de ségrégation sociale, en capitalisant sur les expériences pour des villes plus « inclusives » et les expériences « de bonne gouvernance »
    • L’anticipation de la disparition / mutation du travail tel que nous le connaissons en transformant l’éducation, la formation et renforçant les efforts requis ainsi que la revalorisation du travail et de certaines professions délaissées jusqu’alors
    • L’autonomisation et l’émancipation des individus (i.e. éducation, formation, concentration de l’état sur les fonctions régaliennes, appropriation des données personnelles)
    • Un droit à l’existence / la dignité (i.e. revenu universel)
    • Donner des visages et des miroirs aux évolutions de la société (ex. à l’instar de l’initiative de Roosevelt dans les Etats-Unis de l’après-guerre, où des photographes comme Dorothée Lange ont été envoyés aux quatre coins du pays pour documenter et partager la réalité de certains américains pour sensibiliser et stimuler la solidarité) et des capacités de résilience 
    • Instaurer une obligation de « don » de quelques heures à quelques jours de chaque citoyen à la rencontre de l’autre (i.e. un service civique tout au long de la vie, de quelques heures à quelques jours /an). « Fabriquer la République c’est bien, fabriquer des républicains c’est mieux. »
    • L’évolution de nos instances politiques pour la production d’une plus grande légitimité, l’intérêt général et une meilleure représentation
    • La prise de conscience de la complexité du monde, des sociétés et de l’individu dans l’économie et de la considération et prise en compte de la « qualité de l’immatériel » (ex. révision du PIB)
    • Faire en sorte que l’aléa, l’incertitude, l’absence de certitudes (en médecine par ex.), la mort (sel de la vie), continuent d’être des composantes acceptées de nos destins individuels et collectifs
    • Lutter contre les dogmes, et notamment les idéologies, oppositions et exclusives des modèles sociaux, écologiques et économiques. Plutôt s’accorder sur ce qui doit croitre et ce qui doit décroitre. Pourquoi croissance ou décroissance ? N’y a-t-il pas un chemin de la Croissance ET de la Décroissance, une assimilation et non une séparation de ces deux notions ?
    • Constitutionnaliser le temps long, pour lutter contre la faiblesse de la planification, des visions & projets politiques proposés aux citoyens avec la prédominance de la vision court-termiste

En tant que F.M. nous n’oublions pas que là où il y a société, il y a pluriel mais il y a aussi dissensus. Le projet républicain doit en être le liant et le ciment, garant de la paix, de la justice sociale et des libertés, catalyseur de la participation démocratique des acteurs sociaux et de son articulation avec l’Etat.

L’humilité, l’exigence pour soi-même, la conscience de nos principes, doivent nous aider à mettre en place des formes spontanées et diffuses de coopération sociale, fondées sur la confiance plutôt que sur la coercition. La fraternité et l’interconnaissance/l’altérité en sont des piliers.

Nous pouvons désobéir pour être libre, pour nous construire, mais n’oublions jamais d’obéir pour n’écraser personne.

Rêvons, osons, proposons.

Persévérons.

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