Et après… : l’Humanisme, l’Utopie et l’Action

Les épreuves traversées ce derniers temps, celles qui sont encore à venir, vont encore éprouver nos convictions, nos certitudes, nos chantiers, et surtout nos inactions. L’humanisme, comme idéal, n’est pas un dogme. Confronté à son époque, il doit s’adapter, utiliser de nouveaux outils. Tout en restant fort de son histoire, de ses acquis, de ses luttes que chacun doit connaitre et interroger.

Aujourd’hui, il faut revaloriser l’étude de l’humain sous tous ses aspects. Sous l’angle scientifique : anatomie, physiologie, psychologie et anthropologie. Mais il faut aussi l’étudier sous l’angle culturel, par la littérature et la production artistique.

Quant à l’éducation morale, celle que donne la religion n’est pas en mesure de faire l’unité de la société. D’ailleurs, la laïcité devrait exiger que l’éducation citoyenne soit détachée de tout contexte religieux, le domaine de l’éducation religieuse étant la spiritualité exclusivement. En outre, le point de vue souvent exprimé, qui voudrait que l’école ne se consacre qu’à instruire, l’éducation étant l’affaire de la famille, doit être écarté. Car on sait qu’il est des familles incapables d’éduquer, générant ainsi dès l’enfance de profondes inégalités. Et de toute façon, l’éducation dans la famille ne peut pas donner l’apprentissage des relations humaines dans leur diversité, ce qui est indispensable pour la cohésion de la société.

Enfin, la formation au civisme a été pratiquement effacée. Il faudrait donc revaloriser la mission de l’Éducation Nationale en la chargeant de la formation éthique et civique du citoyen. Et il ne serait pas inutile de compléter par un « service universel civique », préalable à l’attribution de la citoyenneté.
Pour « améliorer l’homme », il faudrait que son éducation lui apprenne le culte de la recherche de la Vérité, le respect de la morale et la pratique de la solidarité. Elle devrait l’amener à faire sienne cette maxime des Lumières : « Liberté de penser ! », et celle de Kant, qui disait qu’il faut « Oser penser par soi-même ! », ainsi que sa conception universaliste de l’éthique, exprimée par son célèbre impératif catégorique : « Agis de telle sorte que la maxime de ton action, puisse être érigée par ta volonté, en une loi universelle… ».

L’humanisme a pu reculer pendant cette période. Mais l’Homme s’est aussi montré vivant, créatif, présent, solidaire, mobilisé. Cultivons un humanisme de conquête, d’idéal, d’avenir. Mais retrouvons un humanisme de défense, de combat, de mobilisation, de valeurs. Devant les nécessités sanitaires, sociales et sociétales, terroristes, choisissons à la fois l’action et la contemplation. Mettons nos Paroles et nos Actes en conformité avec nos Vies d’Hommes responsables. Revenons aux valeurs essentielles de cet Humanisme des Lumières, sans nier le « Progrès » pour le bien-être de l’Humain. 
Sentons-nous responsables de nous-même, de nos familles, de notre pays, de l’Humanité et de tout être vivant. Continuons sans cesse à nous « Regarder dans le Miroir » en Loge et au dehors sans peur de nous rectifier. Mais sans crainte non plus de nous affirmer quand la conciliation échoue. Retrouvons notre fierté de maçon, d’humanistes et lions à nouveau l’engagement hors du Temple à nos réflexions en Loge. Retrouvons un esprit aventurier, voire de soldat au service de l’homme. Cela implique l’engagement de chaque maçon et de tout le GO au quotidien. Quelles actions mener pour incarner réellement l’humanisme ?

Mobiliser et remobiliser – Mettre en débat dans les loges la notion d’engagement, et questionner pour chacun maçon la manière dont il s’engage, dont il pourrait le faire dans le monde, conformément aux valeurs maçonniques. Rappelons que nous sommes engagés à « la propagande de l’humanisme par l’exemple ». Initier un intense travail de réflexion : « L’humanisme demain » au sein de toute la maçonnerie, puis l’élargir à toutes les instances de réflexion républicaines sur l’humanisme d’aujourd’hui et de demain : colloques, débats et publications sur les sources de l’humanisme, son évolution, ses forces, ses enjeux et ses combats, son avenir. Objectif : rassembler pour demain tous les humanismes, à l’initiative du GO.

Tirer les leçons, entretenir la mémoire – A chaque évènement majeur, tirons en Loge avec des planches sociétales, les leçons des défis posés à la société : listons et travaillons sur ce qui dans chaque crise sanitaire, sociale, technologique, environnementale, terroriste… renforce ou au contraire affaibli l’humanisme. Partageons au sein de nos loges, puis de l’obédience pour construire une parole forte du GO. Apprenons tous ensemble les principes fondateurs de l’humanisme, les dates, et les hommes qui ont contribué à leur avènement. Travaillons avec toutes les Loges pour diffuser des documents de communication, des réseaux sociaux, des vidéos, des ouvrages sur chaque principe, chaque valeur humaniste. Chaque Loge ou chaque Région pourrait prendre en charge plusieurs thèmes pour élaborer un contenu maçonnique à rendre public aux profanes.

Transmettre – Chaque maçon a le devoir de contribuer à éclairer ceux qui l’entoure. Les maçons pourraient prendre leur part dans l’éducation civique et l’éveil moral en créant un groupe de référents volontaires intervenants dans les écoles, les collèges, les lycées, les prisons, les hôpitaux pour appuyer le travail éducatif sur la citoyenneté et l’humanisme. Un appel à volontaires et la structuration d’un programme d’intervention avec le GO pourraient être imaginé ainsi que des outils. Renforcer la visibilité des positions du GODF, en utilisant les ressorts de la communication actuels comme les utilisent très bien les ennemis de l’humanisme, en mettant en place une véritable stratégie de communication globale sur les valeurs humanistes. Par étape, cela passe par un travail visant à rendre incontournable le GO et la maçonnerie dans tous les débats publics sur l’humanisme et la défense de la République. L’utilisation de l’outil numérique pour faire rayonner largement la parole maçonnique est indispensable. Les actions pour recruter des jeunes maçons, avenir de l’obédience et de l’humanisme sont primordiales.

Observer et Agir – Mettre en place au GO un Observatoire de l’Humanisme, de l’Utopie et du Lien Social, pour faire connaitre les initiatives, identifier les difficultés et les dangers, proposer des sujets de réflexion et valoriser les initiatives vertueuses. Recenser au sein du GO les initiatives des FF et des Loges auquel participer et apporter son soutien.  Proposer aux loges une ou plusieurs journées d’action collective vers une association, l’Education Nationale, les organismes de soins, pour impliquer concrètement chaque maçon dans la vie citoyenne. Cela créera des vocations.

Être optimistes et rêver toujours – La noirceur et la résignation nous gagnent. N’y cédons pas et cultivons l’utopie, celle de « l’avènement d’un monde meilleur ». Cela nous impose un devoir d’optimisme collectif en lutte contre l’individualisme triste. Pas un optimisme béat. Mais un optimiste construit, basé sur un travail, sur une connaissance réelle, matérielle, concrète, scientifique, cultivée sur le monde qui nous entoure. Cela nous permettra de lutter, à notre niveau, contre l’ignorance, le complotisme, le populisme, la manipulation, l’orgueil et l’hubrys.  Cultiver l’utopie hors du Temple. Mais aussi la cultiver entre nous. Retrouver en Loge, cette liberté de tout dire, tout entreprendre, tout penser et tout rêver sans dogme, avec les anciens et avec une vraie place pour les plus jeunes. Ne pas laisser la réalité nous empêcher de bâtir. Nous devons redevenir des Maçons utopiques. Fiers de l’être. Pleins d’espoir. Remplis de courage pour aller aux combats et contribuer ainsi à « réenchanter le monde », tout en se montrant conscient des dangers, des risques et des luttes à mener.