Humaniser l’Universalisme

La crise sanitaire sans précédent depuis des siècles et ses conséquences, ont bouleversé tous nos repères tant familiaux que professionnels, relationnels, économiques, politiques…

Nous sommes tombés en situation d’anomie.

Cet état conceptualisé en 1897 par Emile Durkheim, est une pathologie de la vie sociale, une désorganisation et une démoralisation de la société. L’Homme perd ses repères, ses valeurs. Il plonge dans la peur du présent et de l’avenir, se referme sur lui-même et perd plus encore les liens et les valeurs morales qui l’unissent aux autres. Sur le plan cognitif, l’anomie est aussi la perte du mot, ne plus pouvoir dire, exprimer, communiquer…

Comment sortir de cet état ?

Ceci, comme lutter contre le virus ne peut se faire individuellement. Nous devons être solidaires, former la Chaîne d’Union, faire corps. Notre société doit se transformer, changer de paradigme, devenir solidaire, bienveillante et inclusive. L’individualisme, induit par un mode économique ultra-libéral, doit laisser la place au collectif, à la Fraternité.

Sur le plan politique, la vigilance s’impose car les excès d’égoïsme et les exigences catégorielles, qui sont l’interprétation dévoyée de la démocratie, reviennent à revendiquer nos droits, en oubliant trop souvent nos devoirs, ce qui divise les citoyens au lieu de les rassembler.

La progression vers un vivre ensemble en acceptant toutes les différences de condition, de croyance ou d’opinion doit, entre autres se bâtir sur la Laïcité.

Dans cette crise, la vulnérabilité de l’espèce humaine s’est rappelée à nous et de l’urgence du « cure » rapidement s’est imposée celle du « care »

De l’inquiétude à l’attention portée à chacun. Nous ne pouvons plus faire des économies sur les soins médicaux. Cela a tenu cette fois, c’est passé, la prochaine fois tout peut casser.

Ainsi il est apparu que tous avaient une fonction, une place, quel que soit notamment la profession exercée. L’opposition métiers manuels, métiers intellectuels s’est effacée, ou au moins, a été remise en question. N’oublions pas qu' » Il n’y aurait pas d’activité manuelle sans réflexion et pas de création intellectuelle sans gestes concrets « 

Ce qui espérerons-le, ne sera qu’une parenthèse, a permis de :

Réévaluer un peu la hiérarchie sociale des métiers, car le regard que l’on porte sur certaines fonctions, traditionnellement dévalorisées a évolué.

De booster notre optimisme en constatant la réactivité, la créativité, l’inventivité, l’abnégation de nombreuses personnes, qui se sont mises au service des autres, sans rien réclamer en retour.

Cependant tout le monde n’a pas vécu ce temps de confinement de la même façon.

L’isolement a mis l’accent sur les conditions de logement, avec notamment les problèmes de:

– Promiscuité ayant entraîné une augmentation des violences conjugales,

– Alimentaires consécutifs à la fermeture des cantines scolaires assurant parfois le seul repas complet et équilibré à des enfants,

– de continuité pédagogique avec la difficulté pour certains enfants de suivre les cours par manque de matériel ou de connexion informatique, à cause de troubles de difficultés de compréhension.

Ainsi est apparue l’importance du cadre de vie : l’espace est un luxe dont on ne peut se passer.

L’urbanisme doit être repensé.

De la même manière, l’école doit rester le lieu privilégié où on apprend à devenir un citoyen libre et où le vivre et avancer ensemble a tout son sens.

Face à cela, il faut partager et exporter dans la vie profane notre méthode de fonctionnement en Loge.

La Franc-Maçonnerie est l’antithèse de l’uniformisation car c’est une organisation agrégeant différentes pensées.

C’est ainsi que notre Société doit se transformer, tout comme notre modèle économique.

Comme ciseau et maillet, ces deux outils qui interagissent concomitamment.

Pendant la pandémie, les plus riches ont continué de s’enrichir alors que des dizaines de millions d’emplois ont été détruits.

Dans ce contexte, un revenu minimum universel fait sens.

Baptiste Mylando, enseignant en économie et sciences sociales à Sciences Po Lyon, préconise un Revenu Inconditionnel Suffisant, couplé à un Revenu Maximum Suffisant, car :

« Avoir moins n’est pas assez et avoir plus est trop « 

On peut aussi rappeler les deux formes de justice, commutative et distributive développées par Aristote en matière de salaire.

Les entreprises doivent revenir à la raison et réinvestir une partie de leurs bénéfices dans le développement et la recherche.

Il faut sortir de l’ultra-libéralisme, tout n’est pas coût et profit.

L’entreprise ne doit plus avoir l’argent pour seule finalité.

Elle doit redevenir le lieu de travail contribuant au bien commun, le moyen de travailler vers toujours plus d’égalité.

Niveau et perpendiculaire, outils préparant en la bonne tenue de l’édifice.

Une autre conséquence de cet épisode de confinement a été le retour de la vie sauvage dans notre environnement.

Nous avons pu ainsi constater réellement l’impact négatif de l’activité humaine sur la nature, mais aussi que nous avons les moyens de lutter contre le réchauffement climatique, contre la disparition de la biodiversité, responsables de bien des maux, peut-être même de la Covid-19.

Il va falloir :

– Œuvrer pour l’application effective des décisions en faveur du climat négociées et sur lesquelles de nombreux pays se sont engagés lors de « Conférence Of Parties » et veiller à leur suivi.

– Sortir de la surconsommation et repenser nos industries, non pas s’engager sur la voie de la décroissance mais transformer entreprises et imaginer de nouveaux emplois, relocaliser certaines de nos productions, assurer une partie de notre indépendance et faciliter la transition économique.

-Sortir enfin de l’immédiateté. Travailler pour l’avenir, sans oublier qu’une évolution de la Société française seule n’a aucun sens, il faut élargir la Chaîne d’Union, européenne, mondiale.

Composons le pavé mosaïque, assemblons les différences humaines pour construire et nous inspirer d’elles pour améliorer l’Humanité.

Individuellement, en tant que citoyen, nous devons agir,

            Ne plus attendre que les changements viennent d’en haut.

Nous avons des droits mais n’oublions jamais qu’ils découlent des devoirs que nous avons.

Nous ne devons pas être passifs, fatalistes.

De l’introspection à l’exemple à donner… Nous devons décider notre choix de société en gardant toujours présent à l’esprit l’Article 1^er de notre Constitution. Tout y est dit !

À nous de prendre nos responsabilités.

Franc-Maçon devenons instigateurs, entraînants la société vers l’interdépendance humaine

Faisons que notre devise, Liberté, Egalité, Fraternité, ne devienne jamais une épitaphe au fronton des bâtiments publics de notre République Indivisible, Laïque, Démocratique et Sociale,

Mais bien le chant de marche de l’Humanisation de l’Universalisme.

« Les promesses que la vie nous a faîtes, c’est nous qui voulons les tenir – pour la vie ! » Nietzsche