Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Sciences et Techniques

Respectable Loge, Les Chevaliers de la Fraternité, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Débat scientifique

État des lieux / définition

Si on se place sur le plan historique, de manière générale, on peut dire que les découvertes scientifiques et technologiques ont bouleversé en profondeur et transformé le monde dans lequel nous vivons. Aujourd’hui nous entrons dans la 4ème révolution », appelée aussi la révolution numérique ou la révolution 4.0. Ces évolutions permanentes et continues, depuis deux siècles sont perçues différemment dans l’espace public et soulèvent, plus aujourd’hui qu’hier, de nombreuses interrogations derrière lesquelles semblent se concentrer des oppositions de plus en plus radicales lorsque l’impression est grande que tout va trop vite et qu’on semble dépassé.

Derrière ces « oppositions » ce sont des philosophies de vie qui se heurtent et un rapport aux sciences et au monde qui changent. Les sciences et les techniques ont été très rapidement associées à la notion de progrès. Le progrès dans le sens de l’amélioration, de la transformation progressive vers plus de connaissance et de bonheur. Si on prend la définition du progrès c’est le fait d’avancer. Il y a, là, l’idée d’un mouvement en avant, d’aller plus loin, plus haut donc c’est une notion moderne qualifiée de positive. S’opposer alors aux évolutions actuelles des technologies (notamment numériques), émettre une réserve sur ce qu’elles représentent et ce qu’elles vont apporter entraînent des tensions fortes dans notre société et ont l’air de creuser un fossé entre différents discours. Celui des experts, celui des politiques et celui de la doxa (de plus en plus présent grâce ou à cause du développement des réseaux sociaux et de l’information en continue).

Dans l’espace actuel de la citoyenneté ces trois types de discours semblent plus s’opposer que se compléter. Tout d’abord il y a le discours des experts, celui des scientifiques, considérés, souvent par la doxa, comme le discours d’une « élite » (sens péjoratif). Ce discours se base sur la recherche, sur une connaissance qui ne saurait être admise qu’à la suite de preuves contrôlables et de vérifications définies. La recherche scientifique n’est scientifique que parce qu’elle a une méthode, une rigueur dans sa manière de concevoir la connaissance. Ce type de discours énonce des vérités qui se veulent définitives et vise à être reconnu pour le réel qu’il dévoile. Nous sommes sur le temps long qu’est la recherche donc un discours difficilement compréhensible dans une société de « l’immédiateté » avec des individus qui attendent plus de la technologie que de la science.

Ensuite vient le discours politique qui est un discours de commandement et d’organisation de la société. Sa communication ne vise pas toujours à la rationalité et ne se veut pas nécessairement éclairé (dans le sens de la connaissance, rendre plus compréhensible). Il est de plus en plus commandé par l’effet qu’il veut produire et par son efficience en tenant compte des contraintes sociales, économiques et de souveraineté. Sensé s’imposer par la Loi il pose alors la question des conflits de libertés c’est pourquoi il est aussi souvent remis en question par le troisième discours.

Le troisième et dernier discours est celui de la doxa qui réclame un espace de pertinence à travers la notion de « sens commun » (qu’on peut associer à des systèmes religieux voire des associations ou encore à des groupements politiques). Ce type de discours tend à discréditer la parole des dits « experts » et à combattre la parole politique qui entraveraient des valeurs fondamentales de notre République comme la Liberté et l’Égalité.

Il apparaît aujourd’hui que ces trois discours n’arrivent pas à s’articuler et à trouver leur place respective dans le concert de la notion extensive Citoyen d’un état et du monde. Aussi, chacun a tendance à caricaturer la pensée de l’un ou de l’autre, à le ranger dans l’un ou l’autre camps, celui du « progrès » ou celui « d’un retour à l’âge de pierre ».

Les scientifiques ne semblent pas trouver plus de crédits dans l’espace public ou la croyance prend le pas sur la connaissance. L’étiquette péjorative d’élites amènent ceux qui « croient » à remettre en question une parole car elle cacherait des choses. Et certains discours politiques donnent de la valeur à cette croyance en remettant aussi en question, systématiquement, la parole des experts quand elle ne va pas dans leur sens (Donald Trump, Vladimir Poutine, Erdogan…). Expert qu’il faut savoir aussi questionner ce qui ne veut pas dire systématiquement remettre en question.

Avec le développement des réseaux sociaux et de l’accès à l’information continue, on a accès, à porter d’un clic, à de nombreuses paroles qui se contredisent et s’invectivent sur les technologies et les sciences (l’exemple de la 5G, le débat sur l’hydroxy chloroquine, le réchauffement climatique). Tout le monde a un avis, une opinion, une croyance sur tout sans, pour autant, se référer à une position scientifique.

Cela est dû à l’accès de tous à des outils technologiques sans en avoir acquis les connaissances nécessaires pour les utiliser de manière intelligible. La technique ou la technologie définit en tant qu’ensemble de procédés ou de moyens permettant d’atteindre ou de produire certains résultats est omniprésente désormais. L’homme veut sans cesse du résultat plus que de la recherche. Il veut l’efficacité qui est la norme de la technique. C’est pourquoi il cherche à faire marcher les technologies avant de savoir comment elles fonctionnent et c’est toute la problématique du lien entre science et technique. Comment utiliser les nouvelles techniques si on n’apprend pas à les utiliser ? Un journaliste, Laurent Laplante disait : « Internet est capable de compléter l’abrutissement de celles et ceux qui y naviguent sans boussole ». Tout le monde se meut l’espace d’un instant en scientifique ou politique renommé ayant un avis sur n’importe quel sujet et n’importe quelle décision. Tout le monde à droit à la parole mais est ce que chaque parole se vaut ?

Ce constat fait, on s’aperçoit que les rapports entre chacun apparaissent très tendus et ne permettent pas à la société de faire corps car l’heure n’est plus à l’écoute mais à la parole omniprésente, aux débats contradictoires incessants demandant plus souvent d’être de l’avis de l’un ou de l’autre plutôt que de construire une réponse commune à travers les prises de paroles de chacun. L’explication, le raisonnement logique et rationnel devient l’exception ou est noyé dans un flot d’informations que l’individu ne prend plus le temps de déchiffrer.

Comment organise-t-on un dialogue et la compréhension entre ceux qui « subissent » et ceux qui « créent » ? Comment faire pour que chacun puisse gérer l’évolution technologique sans la subir ?

Qu’est-ce qu’être citoyen sur un débat public sur la technologie ?

Comment le débat public doit être organisé pour que ceux qui soit proposé, soit accepté par tous ?

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