Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le partage, l’hospitalité, la solidarité, l’altruisme sont quelques-unes des valeurs fondamentales d’un comportement maçonnique. Comment les renforcer et comment mieux les partager à l’échelle de notre société ?

Respectable Loge, La Défense Maçonnique, Orient de Paris, Région 11 Paris 1

Mots Clefs : CommunicationÉducationPromotion

Problématique, constat, contexte

Nos valeurs : des définitions des dictionnaires des quatre valeurs reprises dans la question, il apparait qu’il s’agit toujours de s’intéresser et de se dévouer aux autres, d’avoir également quelque chose en commun avec eux. Trois mots sont essentiels : « altruisme », « commun » et « partage », la coopération et l’entraide étant des valeurs proches.

Nous évoluons, faut-il le rappeler, dans une société de défiance les uns vis-à-vis des autres et à l’encontre des pouvoirs alors que les crises que nous traversons – épidémiques, économiques et financières, terroristes., devraient nous inciter à nous rassembler pour mieux nous défendre. 

Des éléments contradictoires ?

Les gens n’ont jamais eu autant besoin des autres, les soignants mais aussi ceux qui assurent l’approvisionnement, la sécurité, les transports, l’hygiène etc. En même temps (l’expression est à la mode) on leur demande de s’en éloigner, comme des autres, parce qu’ils peuvent être contaminants dans ce contexte de circulation du virus.

De même, l’’interdépendance n’a jamais été aussi évidente alors que, par exemple, le numérique et le télétravail isolent et, en sens inverse, permettent le partage des tâches et des informations. Il nous faut partager un monde commun exposé aux périls que sont le virus, la mutation climatique, la mondialisation alors que les pratiques néolibérales qui s’accroissent (par exemple l’Ubérisation et le règne des plateformes) reposent sur la notation et la mise en concurrence plutôt que sur la mise en commun.

A l’inverse, l’économie sociale et solidaire, les coopératives se mettent au service des producteurs et des consommateurs en développant des liens sociaux. Il convient de dépasser, de dominer, ces injonctions contradictoires à l’aide de références d’un ordre supérieur telles que la solidarité, la justice et une morale admises par tous.

Comment les renforcer ?

Etat des réflexions déjà produites sur le sujet, état de l’art

Le comportement maçonnique est une base solide :

Le travail en commun, en loge ou virtuellement comme en ce moment, crée des liens et développe l’attention portée aux autres. La rigueur, l’autodiscipline, les rituels imposent l’absence de laisser-aller, la domination des pulsions et des émotions et permettent à toutes et tous de rester maîtres d’eux-mêmes, d’être capables de s’affirmer en individus raisonnables. Ces règles strictes facilitent de larges débats dans le respect des différences.

Lors des tenues, et même à l’extérieur, s’impose naturellement aux SS et aux FF, comme dans tout groupe constitué sur des bases égalitaires, une dynamique de groupe, appelée parfois égrégore. Il y a, entre nous, « ce qui se fait » et « ce qui ne se fait pas », c’est-à-dire les fondements d’une morale communautaire.

L’Hospitalier et la commission de la solidarité sont bien actifs pour apporter l’aide et le soutien nécessaires aux SS et aux FF qui rencontrent des difficultés. Afin de développer les liens fraternels entre les SS et les FF, il faudrait que les rencontres soient plus fréquentes en dehors de tenues en groupes plus ou moins larges sur la base des disponibilités et du volontariat. Mieux se connaitre s’est mieux s’apprécier et plus se sentir proche.

La Franc-Maçonnerie nous inculque le partage d’idéaux, de valeurs et de principes qui constituent un référentiel et un imaginaire qu’il convient de diffuser dans le monde profane pour tenter de constituer une véritable communauté nationale.

Le rôle de l’école est central et incontournable :

Notre système éducatif est fondamental. En revanche, il sait essentiellement classer et hiérarchiser. Les élèves sont perpétuellement soumis à la contrainte et à l’angoisse créées par les notes et les classements. Il n’est donc pas étonnant qu’il laisse, à l’issue de la scolarité, autant de jeunes non instruits, non formés et n’ayant pas connu l’expression des différences et leur dépassement dans des relations de groupe apaisées, le débat démocratique, le plaisir de vivre avec les autres en dehors de tout esprit de compétition.

Le rôle du GO dans le débat public :

Le GO organise des conférences, des cérémonies qui peuvent permettre effectivement d’exposer nos idées au grand public et des mène des actions concrètes (grâce à la fondation notamment). Un point à renforcer : la communication autour de ces évènements.

Propositions concrètes, opérationnelles, disruptives …

La promotion des comportements maçonniques :

Les règles maçonniques par leur rigueur facilitent de larges débats dans le respect des différences. La diffusion, par l’exemple, de ces comportements dans le monde profane est un de nos meilleurs outils au service du souci des autres et d’une bonne vie en société.

Le renforcement de l’éducation par la pratique d’activités communes :

Il faudrait que, dans sa pratique, la pédagogie encourage l’émulation et la coopération plutôt que la compétition. C’est par les exercices pratiques proposés aux élèves que l’on peut espérer faire vivre et intégrer la liberté d’expression, le respect des autres et la tolérance mutuelle. Apprendre à vivre seul avec les autres ne se réalise pas en écoutant des discours mais en vivant des relations créatrices et positives au sein de groupes divers. L’exemple de la loge maçonnique est ici pertinent.

Ainsi, une éducation civique respectant les règles instaurées par les élèves eux-mêmes contribuera à leur construction et leur émancipation. La formation des citoyens, unis dans la défense des valeurs de solidarité et de fraternité, qui sera conçue comme un apprentissage actif, une expérience, une manière de débattre, de s’accorder et de suivre des règles que l’on se donne.

Plutôt que des leçons d’instruction civiques, il vaudrait donc mieux comprendre et intégrer la tolérance et la solidarité à travers des échanges car c’est bien par la pratique d’activités communes que la confiance, l’entraide et la coopération peuvent devenir naturelles. Sans remettre en cause l’utilité des diplômes, il faudrait s’efforcer de faire admettre que des qualités humaines, non révélées par ces parchemins, sont indispensables pour exercer des fonctions du plus haut comme du plus modeste niveau de la société.

La conclusion du livre de François DUBET : « La préférence pour l’inégalité ; comprendre la crise des solidarités. » résume bien tout cela : « Dans une société plurielle où les cultures et les individus attendent d’être reconnus comme autonomes et singuliers, il est indispensable de construire des espaces et des scènes qui permettent de dire ce que nous avons de commun afin d’accepter nos différences ».

Le rôle actif de la franc-maçonnerie dans la diffusion des valeurs humanitaires doit être plus lisible dans le monde profane :

Le comportement maçonnique est une base solide pour une vie en société plus harmonieuse, nous en sommes convaincus, notre engagement le prouve. En revanche, le monde profane porteur de tant de fantasmes et théories du complot, voit-il à coup sûr dans les Ordres maçonniques, la promotion des valeurs fondamentales dont nous nous enorgueillissons ?  Assurément non. La question se pose des nouvelles actions vers le monde profane auxquelles nous pourrions contribuer collectivement. Nous sommes une organisation discrète. La modernisation fonctionnelle, technique et surtout de la ligne éditoriale de nos sites institutionnels est indispensable. Les contenus, certes très intéressants mais souvent indigestes pour de nombreux lecteurs doivent être revus.

En conclusion

Organisons la résistance à la fin d’un monde commun à un moment de grande interdépendance des individus. Les réseaux sociaux, les plateformes numériques accentuent le triomphe de l’individualisme. Est isolé le travailleur ubérisé, noté, mis en concurrence avec des semblables. Le règne de la concurrence s’installe dans tous les domaines et dresse les individus les uns contre les autres au lieu de les regrouper dans un esprit communautaire.

Luttons contre cette dérive en soutenant des associations des mouvements qui rassemblent autour de projets collectifs et incitons les sœurs et les frères à s’impliquer dans les mouvements prônant l’humanisme et les mouvements associatifs.

Enfin, optimisons notre communication : il a les pleins pouvoirs celui qui est relié au monde grâce à son ordinateur ou son smartphone. Le consumérisme démultiplié par la pub, l’expression libre et complètement débridé sur Facebook ou Twitter etc. Rénovons en profondeur nos outils en modernisant notamment notre ligne éditoriale trop académique et touffue.

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