Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment, avec la mise en ligne de vidéos, du télétravail et des visioconférences, la culture du vivant (spectacle, travail sur le terrain, tenue en loge) peut résister au tout-numérique ?

Respectable Loge, Clarté, Orient de Paris, Région 11 Paris 1

Mots Clefs : CultureCulture du vivantNumérique

Toute circonstance historique, comme la période épidémique et le confinement que nous venons de vivre, porte en elle des contraintes particulières qui génèrent des besoins et la recherche de solutions. L’ensemble induit des comportements.

Récemment, la mise entre parenthèses d’une partie de l’usage d’un sens comme le toucher dans les rapports sociaux mais aussi l’assignation à résidence et la séparation des personnes, ont conduit à la mise en place du télétravail, de modes d’enseignement à distance ou même de représentations sans public dans les salles de spectacle voire jusqu’à des orchestres synchronisés à distance et uniquement diffusées par les moyens audiovisuels, tout comme des visites d’expositions virtuelles ou le commerce du livre cantonné en ligne. Et cette liste d’exemples n’est évidemment pas exhaustive. Certes, le développement de ce type de mode de communication n’est pas nouveau mais il s’est agi là du remplacement total des rapports en « présentiel » par les moyens de télécommunications. Dans quelle mesure ces pratiques, déjà usitées mais sur lesquelles la crise a agi comme un accélérateur ou un incubateur vont-elles persister ou s’émousser ?

Pour mieux protéger la vie future des traces éventuellement négatives de ces pratiques, il conviendra en toute lucidité d’examiner les points positifs voire les apports réels de celles-ci afin d’établir avec discernement l’intérêt de leur maintien voire de leur développement en actant leurs possibles bienfaits et de fait à contrario, nous pourrons cerner leurs limites ou peut-être leur côté délétère.

Ainsi, nous nous apercevrons que dans le cas de modalités de travail positives comme  l’élaboration de tutoriels par des enseignants, la production de travaux créatifs aboutis  avec les outils informatiques par des étudiants, l’enseignement à de grandes distances, le désenclavement de zones éloignées géographiquement ou socialement des pôles de culture, les garde-fous à mettre en place ne concernent pas de prime abord le fond mais l’intention, le motif de mise en place : s’agit-il d’expériences pédagogiques et culturelles fructueuses ou bien d’une simple compression économique pour réduire le coût de pratiques vivantes habituelles ? La logique semble simple : « l’outil » numérique ne doit rester qu’un outil, un levier de développement, mais non une finalité.

En revanche, l’interrogation et l’inquiétude fondamentales subsistent : l’être l’humain peut-il être réductible à une sorte de mise en équation numérique ? Quelle influence, quelle modification peut produire la réduction d’une expérience culturelle sensorielle, spirituelle une fois codée, formatée, donc incomplète, et ensuite implémentée dans l’esprit humain ? Une part de richesse ineffable, d’inattendu, de non mesurable, aura peut-être été limée.

La période de confinement liée à la COVID-19 a généré le remplacement total des rapports en « présentiel » par des moyens de télécommunication. Cette situation qui a accéléré un mouvement déjà enclenché avant la crise interroge : la culture peut-elle se transmettre et s’échanger que par le tout numérique ? Les Francs-Maçons attachés à l’écoute et l’enrichissement mutuel permanent dans leurs temples pour se perfectionner ne peuvent qu’exprimer clairement que les entraves à la culture du vivant sont néfastes pour l’humanité, réduisant les possibilités d’émancipation de l‘être humain. La numérisation de certaines activités doit être bornée à étayer cette culture vivante et les politiques publiques doivent être orientées dans ce sens plutôt que de sacrifier à une simple marchandisation. L’action de tous doit être guidée par l’idée de cultiver cette prise de conscience le plus largement possible.

A lire aussi

Une société solidaire et néguentropique : un nouveau grand récit

De quoi le confinement a-t-il été le révélateur : quels espoirs ont été nourris, ou déçus ? Problématique : entrevoir un autre monde est-il possible ? Une “règle” qui ne pouvait en être une : la...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde

Pour un usage conscient et responsable du numérique en franc-maçonnerie

Contexte : De la Société Industrielle à la Société des Services Comme beaucoup, nous n’avons pas perçu l’effondrement de la société industrielle qu’annonçait Jean Fourastié avec l’avènement de la société des services. La part croissante de...

Lire la suite
Maçonnerie

Les arts et la culture

« Rien n’est permanent, sauf le changement. Seul le changement est éternel » disait Héraclite au VIe siècle avant Jésus-Christ. Si l’on remplace le terme changement par le terme mouvement on peut être d’accord avec Héraclide en...

Lire la suite
Culture