Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le monde d’après

Respectable Loge, Germanor, Orient de Perpignan, Région 8 Languedoc - Roussillon

Mots Clefs : Combat

Le monde d’après, c’est toujours le monde d’avant. D’avant le déluge, d’avant l’Apocalypse, d’avant la conscience. Nous voilà, hébétés, désorientés, Transpercés par le courant glacé d’un monde qui se meurt, et qui ne veut pas voir le monde qui naît.

Prise de conscience d’une mutation inarrêtable, qui transforme l’homme à la vitesse du vent, plié sous les coups de notre peur panique. Pauvres humains qui ne réalisent que notre propre finitude, le regard collé sur l’écran lisse de coquilles siliconées. Nous regardons avec notre frayeur primitive le dieu Chronos dévorer ses enfants. Et alors ?

Alors ? Nous obéissons aux ordres et diverses injonctions qui nous sont royalement édictés, non sur ce qu’ils disent, sur le fond, et qui n’est rien autre que de la raison, mais sur ce qu’ils montrent, et qui n’est rien autre qu’un système d’allégeance et de subordination. La raison, donc, au service de l’asservissement. Nous voici, en nombre restreint, regroupés comme des conspirateurs dans un lieu clos et protégé. Nous nous gardons, mais sans combattre. Et de cette façon, suivant en cela les voies de notre gouvernance suprême, nous serons saufs. Saufs. Mais peut-être pas sains.

Sacré virus, il fallait qu’il survînt, alors même que nous bataillons encore sur nos rangs, qui de la liberté, qui de l’égalité, qui de la fraternité. Nous voilà, êtres d‘intelligence pétris de positivisme, stoppés d’un coup, baissant la tête, fascinés et tremblants. Oublieux de nos engagements. Ignorants de nos combats.  Ce n’est pas le virus X019 qui fera le premier basculer notre monde. Il y en a bien d’autres, plus virulents, qui ne s’attaquent pas à la chair, mais qui s’attaquent à la dignité, à l’éthique, à la loyauté, à nos valeurs qui semblent d’un coup se dissoudre dans la fièvre générale. Je veux ici nommer le virus de l’indifférence, le virus de la renonciation, le virus de l’asservissement. Le monde qui vient nous est inconnu. Nos idéaux républicains ne seront bientôt plus que des graffitis sur des pages d’archives. Nous palabrons en tous sens, fiers de notre démocratie interne, sans se soucier du dehors. Le monde de demain ne sera plus le monde de l’homme libre, si nous cessons aujourd’hui de combattre.

L’homme libre est un homme combattant. Nous avions la chance inouïe d’être baignés dans des idéaux républicains qui faisaient de la France la patrie du genre humain quand il se pense libre. Nous pouvions encore bousculer les gradés de tout poil, les lourdes babines au garde à vous, nous frayer un passage entre les orages, donner un sens à la vie qui vient, donner un visage à l’avenir pour les générations apeurées qui nous suivent et qui pourront ainsi poursuivre le combat. Mais si nous baissons la garde, que leur laissons-nous ? Nous devons accepter la vie, avec ses joies, avec ses larmes…. Mais vivre, oui, vivre, sans fard, le regard fier, dans la lumière, c’est notre intelligence et notre combat qui seuls abattront les virus de la haine, qui menacent les hommes de demain. Je rêve du jour où, dans un élan où chacun se livre tel qu’en son for intérieur les jours l’ont façonné, nous acceptons de nous transformer pour bâtir le monde qui s’ouvre et stopper le virus de l’impuissance. La vie, c’est se transformer, se transformer pour partager, sous d’autres formes mais sans renier notre âme.  Car vivre, ce n’est pas se protéger. Vivre, c’est combattre. Aujourd’hui. Comme demain. 

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