Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Qu’avons-nous appris de cette crise ?

Respectable Loge, Pyramidion, Orient de Bordeaux-Cenon, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Approche globaleFamilleRésilienceSobriété

Qu’avons-nous appris de cette crise ?

La crise est un moment critique autant que nécessaire aux équilibres. Elle est ce moment difficile qui transforme un état, avant un probable retour à la normalité. Qu’avons-nous appris de la crise sanitaire encore présente ? S’agit-il de revenir à cet instant d’avant ou de prendre en main les transformations de nos façons de vivre ? Cette crise a brutalement stoppé nos quotidiens, elle a remis en perspective les agendas de chacun, sous l’injonction d’une autorité légitime, elle-même en proie aux doutes : Celle de l’État. La crise a été ce moment partagé sur le globe de brutal et d’impensable décroissance. Mais pourtant, si les mesures radicales ont assez rapidement porté leurs fruits, l’urgence à restaurer consommation et production s’est très vite imposée. Dans une économie aujourd’hui largement dopée par des taux de crédits historiquement bas, la conscience après quelques semaines d’un « autre » possible semble avoir fait long feu. Les étroites mailles d’un système dont la machine infernale a calé pour un moment, laisseront-elles survivre la créativité de l’humain ? Saurons nous sortir de cette double injonction qui conduit à cette posture folle : en finir avec un modèle tout en le poursuivant ?

Apprendre ce que nous savions déjà :

Que la maison brûle et que nous regardons ailleurs. Qu’un autre modèle doit venir. Que celui-ci n’est plus compatible avec ce que peut supporter notre planète, étouffée par nos besoins et leurs résidus, alors que la croissance de la population mondiale se poursuit encore. Que malgré nos sciences, par manque de conscience, nous sommes démunis. Alors qu’avons-nous appris ?

Que sans avoir la mortalité d’autres pandémies ce virus nous a terrorisé. Sans en avoir honte, que nous avons tous l’envie de vivre. Que c’est pour les plus faibles, déjà malades, et les plus âgés, que nous avons eu peur. Que chacun a porté un regard plus appuyé sur ceux qui l’entourent et a donc vu davantage qu’hier.

Que ce carême inattendu dans nos vies tournées vers le loisir et le gain nous a fait partager un moment suspendu, unique. Que la maladie sans solutions, sans recours, a mis à nue nos limites, notre limite. Mieux connue, elle ne fait plus craindre autant. La maladie a paralysé le système. Elle nous a fait faire, par peur, ce nous n’osons pas encore affronter. Elle nous aura fait entrevoir un instant ce que nous allons bientôt perdre. 

Que nous avons collectivement la capacité de réagir, d’agir. Car après les premiers reflexes individualistes et choquants, motivés par la survie, dans le déni de l’autre, la créativité et la recherche de lien a conduit beaucoup à prendre conscience de ce qui les entoure. Sa famille, mais aussi ses voisins, le commerçant du coin. Dans ce moment suspendu, extirpé de leurs carcans quotidiens, nombreux disent s’être retrouvés face à eux-mêmes. L’humanité n’est jamais acquise pour chacun, mais elle n’a pas non plus disparue.

Que nous avons toujours besoin d’État. Que malgré ses manquements, ses errances, ses maladresses, ses mensonges parfois, ce sont les États des pays qui ont fait le choix de fermer les frontières et les rues. Que si l’on peut s’interroger sur leurs rôles dans une société internationale et mondialisée, optimisée pour la compétition à outrance, vécue comme inféodée aux intérêts des grands groupes, le sens du collectif, de la chose publique, de la protection des vies reste encore important et sur chaque continent. Mais combien imparfait. L’État, et toute organisation politique et administrative, doit alors faire preuve d’humilité et savoir s’appuyer sur la solidarité, la résilience du corps social qu’il a le devoir de protéger.

Quelques pistes

Restaurer une approche globale de la santé : Développer une approche harmonieuse basée sur la connaissance. Ne pas attendre de faire face à la maladie, mais développer pour chacun une hygiène de vie, plus sobre, plus à même d’être compatible avec les grands enjeux d’aujourd’hui, sans attendre une situation d’urgence. Aider chacun à trouver cet équilibre intérieur qui le rendra plus libre et sensible à ce(ux) qui l’entoure(nt). Aider chacun à trouver en lui les ressources pour prendre soin de son corps, comme de son esprit, avant que la maladie ne le choisisse.

Promouvoir le mieux et le moins : Restaurer la sobriété du chef d’œuvre. Bien formé, l’artisan, le maçon fabrique patiemment l’essentiel pour demain, alors que la machine de masse standardise pour produire. Face à la société du gaspillage, construite sur l’illusion du besoin, la tyrannie de la nouveauté, celle du goût pour la distinction, il s’agit de redonner du sens à la qualité. Il faut la rendre accessible et se défaire du surplus, du bruit, qu’entraîne le toujours moins cher qui mène à l’inutile et pire encore. 

Promouvoir des modèles utiles : Rechercher la sobriété dans nos comportements, c’est poursuivre la logique de développement durable. Faire plus simple c’est accepter de nous limiter. Cette logique passe également par des modèles participatifs, démocratiques, d’échanges, déjà mis en valeur : plus près, plus courts, plus sobres. Limiter les flux de toutes sortes. Mettre l’éthique au centre et contraindre les pratiques délirantes qui fascinent.

S’accepter dans cette vie : Renouer ensemble avec l’idée de mort. Remettre le sens de la vie au centre de nos préoccupations, c’est accepter que cette étape soit à sa place dans nos réalités. Mais, c’est aussi refuser sur nos écrans d’abreuver chacun au quotidien de millions d’images de violences-fiction ou encore de laisser la recherche du spectaculaire orienter nos choix par la peur. Il faut s’en libérer. Bien au contraire, il faut valoriser le courage du malade, du blessé qui fait face et encore réfléchir à la place du deuil.

Revoir la gestion du temps : Profiter du temps qui nous est laissé veux dire repenser le temps autrement que dans son organisation actuelle. C’est remettre l’horloge et les cycles de la vie, des saisons et des astres qui nous entourent dans une démarche plus harmonieuse. C’est rechercher notre place sur une année, dans une vie. C’est retrouver la place de toute chose dans l’universel.

Restaurer une approche globale de la santé

Promouvoir le mieux et le moins

Promouvoir des modèles utiles

S’accepter dans cette vie

Revoir la gestion du temps.

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