Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

COVID19 : Quel avenir pour nos villes ?

Respectable Loge, Pythagore, Orient de Paris, Région 13 Paris 3

Mots Clefs : AvenirConfinementPandémieVilles

Dans la lutte contre la pandémie actuelle, le confinement et la distanciation physique sont apparus dès la première phase, pour nombre de pays, comme des choix prioritaires. Pourquoi ? Parce que la COVID19, pour se propager, se nourrit de contacts humains.

Dans ce sens, la ville, avec ses concentrations d’habitats et d’emplois, est devenue un lieu propice à la contamination et conséquemment, une préoccupation incontournable dans la lutte contre la COVID 19.

 Le centre-ville, particulièrement, comme convergence et bouillonnement d’activités, s’est révélé être un des secteurs qui a le plus souffert des impacts de cette offensive, et celui où les changements sont les                  plus frappants. Si certains pouvaient être prévisibles, d’autres ont émergé de façon inattendue. Bouleversant les habitudes et l’usage de l’espace urbain, le confinement a en effet précipité l’adoption intensive du télétravail.

L’exode urbain

 La perte de population au profit de la banlieue a commencé, dans le cas de certaines villes, bien avant la pandémie actuelle et cela n’a pas manqué d’inquiéter les autorités municipales.

 Mais, pourquoi cet exode ?

On pourrait évoquer plusieurs raisons dont : les besoins, en particulier pour les jeunes couples, d’espaces plus grands pour habiter, à un prix plus abordable qu’en ville; le projet de faire grandir la famille dans un environnement plus sécuritaire et plus écologique ; etc. En revanche, cette option si attirante, ne manque pas d’aspect contraignants : un temps de transport plus long pour aller travailler en ville; la dépendance au transport en commun planifié pour les heures de pointe, qui ne dispense pas du besoin de la voiture particulière.

Avant la pandémie, l’attractivité du centre-ville augmentait sans cesse avec son offre dynamique d’emplois et son activité touristique et culturelle.

La COVID 19 et le télétravail, consolident l’exode urbain 

L’histoire montre que, à l’arrivée d’une pandémie, les membres plus aisés de la population s’empressaient de quitter la ville pour la campagne, tandis que ceux de moindres ressources restaient confinés en quarantaine à l’intérieur de la ville, dans les secteurs souvent surpeuplés où le confinement et la distanciation physique étaient plus difficiles. Le bilan des morts était bien inégal.
Une fois le danger passé, la vie reprenait son cours et ceux qui étaient partis, revenaient en ville.

Avec la COVID 19, l’imposition du confinement et/ou de la distanciation physique a provoqué une réponse similaire à celle d’autrefois : une partie de la population a quitté la ville tandis que l’autre est restée confinée en ville. En apparence, la réaction est la même qu’autrefois. En réalité la différence est marquée par l’usage démultiplié des technologies digitales.

Le télétravail et les cours online sont devenus des solutions incontournables pour garantir une partie des activités économiques, notamment celles liées aux secteurs tertiaires, ainsi qu’à la formation, tout en répondant aux conditions de distanciation et confinement imposés par la pandémie.

En même temps, le télétravail et les cours online ont permis de résoudre une bonne partie des inconvénients pour tous ceux qui avaient choisi d’habiter en banlieue : temps de voyage nul, pour aller travailler; moins de dépenses de transport; moins de stress; une vie en apparence plus organisée, sans compter l’avantage de jouir chaque jour de sa famille et d’un environnement plus sain à tous égards.
 
D’autre part, la distanciation physique a contraint les entreprises à diminuer le nombre d’employés  travaillant sur place, tandis que le reste du personnel continue à travailler de chez eux. Comme résultat de ce changement, les firmes vont constater, à moyen terme, que leurs besoins en surface de bureaux ont diminué, en même temps qu’elles bénéficieront de la réduction de leurs dépenses : location, entretien et services. Du point de vue employeur et employé, il s’agit peut-être d’une solution gagnant/gagnant!
Mais il faut compter qu’il y aura des perdants.

Les secteurs perdants de ce chambardement sont la restauration, l’hôtellerie, et les commerces du centre-ville. La culture aussi avec ses salles de spectacles et de cinéma interdites.

Quel avenir pour nos villes et en particulier pour nos centres villes?

– L’incertitude : une chose qui est certaine : c’est l’incertitude ! La connaissance de ce virus, jusqu’à présent, est limitée : des nouveaux symptômes ne cessent d’apparaître; l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) nage aussi dans l’incertitude et reste incapable de prédire la fin de la pandémie.

– Un centre ville dévitalisé : si la situation actuelle se prolonge, le centre-ville risque de perdre une bonne partie de son attractivité qui sera bien difficile à récupérer. L’activité commerciale serait remplacée par la vente online, la majorité de la restauration risque de disparaitre au profit des commandes en ligne et livraisons; le travail au bureau céderait la place au télétravail; tout cela dévitalisant graduellement le centre-ville. 
Ce serait alors la perte d’un savoir faire, d’une histoire, d’une identité urbaine et la disparition de décennies d’efforts pour construire un espace commun et attrayant. L’exode urbain se poursuivrait et l’étalement urbain s’accentuerait au prix de l’environnement. Bref, petit à petit le numérique en arriverait à modifier nos façons d’interagir, et imperceptiblement notre société. Mais sera-t-elle vraiment « intelligente » cette société ? Et nous, que deviendrons-nous ? Qui serons-nous ?  L’humanisme aura-t-il sa place ?

L’avenir 
Ce scénario de dévitalisation du centre-ville est peut-être la plus négative des hypothèses sur son avenir.
Mais dans le contexte actuel, aucune étude sérieuse n’est faisable pour connaitre les effets à long terme des perturbations que nous vivons sur le milieu urbain et particulièrement sur le centre-ville.

Est-ce qu’un retour au travail en équipe serait possible? une vie associative à nouveau valorisée?
Sera-t-il alors possible de bâtir un projet humaniste dans une société éparpillée et installée dans son confort pavillonnaire?
Si, comme le dit très justement Edgar Morin, « L’incertitude contient en elle le danger et aussi l’espoir », je retiendrais aussi, en conclusion, cette autre citation du philosophe : « Le virus (Coronavirus) nous rappelle à notre humanité et à notre condition d’êtres profondément sociaux, inséparables les uns des autres. »

A lire aussi

Nos libertés fondamentales sont-elles menacées par les mesures de lutte contre la pandémie ?

Problématique  L’État d’urgence sanitaire est-il une mesure nécessaire pour que le confinement soit efficace ? La mise en place récente d’un État d’urgence sanitaire par le gouvernement a conduit à une restriction des libertés publiques...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde

L’individu et la société

La pandémie nous éloigne les uns des autres. Elle nous apprend à nous méfier de l’autre, notamment chez les enfants qui absorbent les paroles sans recul. Les gens se replient sur eux-mêmes, un climat de...

Lire la suite
Individu et Société

Vers la mise en place d’une agence européenne de santé

Les insuffisances des dispositifs de santé face à la pandémie La catastrophe sanitaire du Covid-19 dont les conséquences en cascade, sociales, économiques, financières sont devant nous, nous invitent à nous interroger sur les réponses qui...

Lire la suite
Santé