Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

La fracture française et son remède

Respectable Loge, Hugo Pratt - Citoyens du Monde, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : EnvironnementFracturePerte de confianceRapprochementRespect

Fracture de la société française

En évènements contemporains, et révélateurs du malaise de la société française, il y a eu Mai 68, quelques grands mouvements de grève et de manifestations. L’élection de François Mitterrand était le signe de la volonté de changement des français. Au terme de ces 2 septennats, le pays n’était pas plus apaisé, ni plus calme, ni plus égalitaire. Au contraire, de nouvelles problématiques et inégalités commencent à se profiler. Le phénomène de la mondialisation n’a fait qu’accentuer cet état de fait. Le pays, 40 ans plus tard, se retrouve écartelé, entre une « France du bas » et une France du haut », entre « la France de Paris » et« les Territoires». Emmanuel Macron, surfant sur ce délitement des repères et ce no man’s land politique parvient, au terme d’un putsch républicain, à la Présidence de la République. Les Gilets Jaunes envahissent les rues, le pays gronde, n’accepte pas les réformes. La pandémie Covid 19 nous surprend et nous saisit dans ce marasme. L’épisode Covid 19 en France est révélateur du malaise des institutions et de leur mauvais état de fonctionnement. Les annonces contradictoires « il faut continuer à sortir », « nous sommes confinés », « nous sommes en guerre ». « le port du masque n’est pas nécessaire», « le port du masque est obligatoire ». Le confinement et la restriction de nos libertés fondamentales qui s’en est suivie, la répression massive des mauvaises conduites, le vent médiatique et politique de terreur qui a soufflé pendant plus de 8 semaines, les différences sociales liées au confinement qui émergent, les réactions d’un autre âge d’une grande partie de la population (stock de denrées, dénonciations, délations), la peur de notre mortalité, la révélation de l’insuffisance de notre système hospitalier, la compréhension de l’abandon de notre souveraineté nationale en matière de fabrication des médicaments et du matériel médical, les contradictions des décisions prises ou à prendre. le cafouillage évident de nos dirigeants, toutes ces « petits » évènements vécus, au jour le jour, dans un climat historiquement inédit et anxiogène ont fait prendre conscience aux français de l’écart des situations entre nous tous, mais surtout de la fracture qui existe entre les dirigeants et le« peuple », entre cette« France du haut » et cette« France du bas ». Une France fonctionnant à plusieurs vitesses s’est révélée.

Les polémiques incessantes sur la bonne ou mauvaise thérapie (chloroquine ou non, Paris ou Marseille}, les divergences d’opinion (confiner ou tester massivement avec seulement le port du masque), les manipulations de foule (applaudissements des soignants à 20h}. Tout cela révèle les divergences, le manque de cohésion de la Nation.

Chacun y va de sa punchline, de son analyse, de son avis. De sa critique sur la bonne ou mauvaise politique.

Le respect : un devoir moral envers notre environnement pour le bien-être de l’humanité.

Cette crise sanitaire historique que nous venons de traverser et qui a marqué un tournant dans l’histoire de l’humanité, est l’opportunité pour tenter de se réapproprier les valeurs si chères citées dans notre Constitution, et que nous souhaiterions réellement voir appliquées dans un monde qui apprend en général, et plus particulièrement maintenant, de ses erreurs. Nos valeurs de solidarité, de respect, de travail à l’amélioration matérielle et morale et au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité, mais aussi notre devise « Liberté, égalité et fraternité » sont les bases de cette réflexion. Comment penser un monde meilleur si nos valeurs ne sont pas appliquées quotidiennement ? Nous sommes des maillons d’une grande chaîne. Nous avons la responsabilité d’un engagement profond envers nos Valeurs.

Avant de s’interroger sur un changement global, il est nécessaire de se demander ce que nous pouvons changer à l’échelle individuelle. Ayons l’humilité d’accepter que nous sommes responsables de nos actions et qu’elles nous engagent, qu’elles ont des conséquences qui ne sont visibles que sur une grande échelle, c’est l’effet du battement d’ailes du papillon. Il semble que la déforestation a permis la promiscuité entre l’homme et certaines espèces d’animaux sauvages, entraînant par là même, l’émergence de virus qui se transmettent à l’homme. Nous pouvons alors repenser la place du respect de la biodiversité. Nous, Francs-maçons, sommes des maillons d’une chaîne qui va au-delà du Temple. Nous avons des liens et interconnections vitaux avec la Nature. Nous en faisons partie. Nous avons le devoir de préserver notre milieu afin qu’il puisse nous préserver. Nous pouvons nous poser la question de savoir si nous n’avons pas depuis trop longtemps, malmené notre environnement dans notre quête toujours croissante de maîtriser et d’acquérir encore plus. Il convient d’ajouter à la quête citée précédemment, les deux défauts sur lesquels elle repose. à savoir, l’arrogance et la cupidité. Nous agissons en propriétaires d’un bien qui ne nous appartient pas.

Pour tenter d’expliquer cette faible mobilité sociale, les experts pointent les lacunes de l’enseignement et l’inégalité scolaire entre élèves et entre écoles recouvrant des inégalités sociales et territoriales. La Nation Française a-t-elle la volonté et la capacité de lever ses clivages et ses rigidités qui semblent être amplifiés par la crise sanitaire ?

La crise sanitaire COVID19 a bouleversé tous les équilibres y compris les méthodes d’enseignement et va générer une crise économique et sociale de grande ampleur qui aura certainement un impact sur les inégalités existantes.

L’émancipation recouvre trois notions principales : libération, progrès et dignité. Pour la promouvoir dans le prisme de l’école, il semble nécessaire de donner une place plus grande au travail de groupe pour favoriser l’expression et le développement du futur citoyen afin qu’il apprenne à résoudre des difficultés dans un certain consensus au sein d’un groupe tout en développant une réflexion autonome, critique et imaginative.

Quelles voies innovantes l’école dit-elle emprunter dans ce paysage en crise pour permettre une meilleure émancipation du futur citoyen dans notre démocratie ?

La démocratisation n’a de sens que si elle propose un partage véritable des pouvoirs. Pour cela, il s’agit d’articuler émancipation individuelle et collective. L’école doit fournir les clés pour une égale capacité à agir et à peser sur les transformations de la société.

Les contenus et les pratiques enseignés doivent permettre de sortir de soi et des évidences qui semblent naturelles, de partager et de construire du commun en cultivant la pratique du consensus et du respect de l’autre ; des contenus et des pratiques qui placent tous les élèves en position de créateurs et de critiques en atténuant les effets des inégalités sociales et prévenir les décrochages scolaires.

Pour donner du sens à l’enseignement, chaque classe (ou groupe de classe) du primaire et du collège devrait élaborer un projet annuel sur un thème ou une problématique. Ceci implique une équipe pédagogique formée, solide et solidaire autour de la conception de ce projet, avec davantage de temps de travail en groupe pour les élèves. Pour aider les équipes pédagogiques à définir leur projet, créer une banque de données, par zone géographique ou nationale selon les thèmes, accessible à tout citoyen, toute entreprise ou toute institution, qui collecterait des problèmes collectifs à résoudre.

Impliquer toutes les parties prenantes de la société : école, famille, institutions et entreprises au travers d’activités hebdomadaires voire bihebdomadaires. Chaque enfant de la classe pourrait travailler à un exposé concernant une habitude familiale, un métier d’un proche, une recette de cuisine ou bien encore un évènement/expérience qui l’a particulièrement marqué et viendrait accompagner d’un parent/proche/adulte pour étayer son récit. Cela permettrait d’inculquer la connaissance, l’écoute et le respect et surtout de s’initier à la diversité.

Développer les visites dans les musées, les opéras, les bibliothèques, tous lieux favorisant la transmission de la culture et des arts. La découverte du Beau ne peut que contribuer au respect de ce Beau. Quand nous sommes conscients des trésors qui nous entourent et de ce qu’ont créé nos Anciens, nous sommes moins enclins à les détruire. Nous sommes aussi davantage enclins à la réflexion et à apprécier la paix pour en profiter pleinement.

En conclusion, l’école permet par l’accès à la connaissance de comprendre notre société, d’avoir une vision générale du monde et donc de prendre des décisions en accord avec celui-ci. Elle est l’amorce « à cultiver son jardin (cf. Voltaire)» en limitant la pensée unique.

Les nombreuses dictatures ne s’y sont pas trompées : principes et valeurs se forgent dès le plus jeune âge. Il apparaît donc essentiel que l’école dès la maternelle mais plus sûrement à partir du primaire contribue à l’émancipation ou tout du moins qu’elle participe activement à l’ouverture d’esprit des citoyens. Action permettant à ce même citoyen de s’engager envers autrui et de pouvoir mener une action solidaire dans la société dans le but de mieux vivre ensemble.

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