Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Une rareté

Respectable Loge, Clarté, Orient de Paris, Région 11 Paris 1

Mots Clefs : ConsommationPollutionProduction de richessesSanté publique

Nous vivons un moment unique à beaucoup d’égards. Au-delà des souffrances que cette pandémie inflige à tous, tentons de voir dans cette crise actuelle comme une opportunité de modifier, peut être profondément, le regard porté sur notre société et sur nos comportements. Le monde d’après ne doit pas être un monde d’avant en pire ! et pour ce faire, il nous faut nous attaquer aux causes profondes de la crise que nous vivons.

Et ceci est possible quand on voit combien, les gouvernements du monde tout entier sont parvenus à accepter des mesures qu’ils considéraient comme totalement exclues et impossibles, quelques semaines seulement auparavant, notamment en matière financière. Il ne doit y avoir aucun interdit, comme celui de penser à un revenu universel inconditionnel !

La consommation frénétique, moins pour l’usage que pour l’avoir, contribue bien au-delà du raisonnable à la destruction des écosystèmes de la planète. Une croissance infinie dans un monde fini est absurde. Cela ne peut évidemment que provoquer des désordres sociaux à l’échelle planétaire dès lors que la compétition à l’échelle mondiale, à tous égards, se maintient et s’accroit.

Un autre monde n’est pas une utopie, qui comme nous le savons tous, est ce qui n’est pas encore réalisé. Qu’est-ce, à nos yeux de Maçons, qu’un véritable progrès humain ? Quel sens voulons-nous donner à notre vie et à nos sociétés ? Sur quelles valeurs fonder notre existence individuelle et collective ? Celles-ci nous paraissent évidentes : les nôtres ! A nous de parvenir à en persuader nos contemporains.

Depuis des lustres on nous serine que le progrès est en marche. Ce progrès, contre lequel il est interdit de se déclarer, à peine d’être un affreux rétrograde, n’est-il pas une illusion ? Certes dans le domaine de la santé, il est indéniable. Mais est-il définitif ? L’addition des avancées technologiques, notamment en informatique, (intelligence artificielle, robotique…) nous aurait elle fait croire, comme le disait Jean Rostand, que nous sommes devenus des dieux avant que d’être des Hommes ?

Nous nous pensons des Titans oubliant nos limites. Nous avons tous cru que demain serait meilleur qu’aujourd’hui. Une sorte de processus continu d’amélioration évidemment irréversible ! Peut-être commençons nous de mesurer la vanité de cette idée en prenant conscience que nous ne parvenons plus à maîtriser le progrès et que nous risquons d’être les victimes de notre propre succès.

Nous devons nous interroger sur notre civilisation qui semble regarder la nature comme une ressource juste bonne à exploiter. Les désordres climatiques sont souvent niés pour pouvoir continuer d’exploiter des ressources énergétiques dépassées comme le charbon et peut-être bientôt le pétrole.

L’être humain semble considérer la nature comme un simple cadre où il serait, selon le mot célèbre de Descartes, « maître et possesseur de toutes choses ».

C’est une pensée réductionniste et utilitariste qui s’allie au capitalisme, devenu aujourd’hui surtout financier, qui s’attache à exploiter avant tout les ressources naturelles.

Seule semble compter dans l’esprit de nos gouvernants, l’Économie. Il semble que nous devions tout à sa sauvegarde. Mais n’est-ce pas à l’Économie d’être au service de nos sociétés et évidemment pas le contraire ?

Les crises économiques nous confortent dans l’idée que nos enfants auront des revenus inférieurs aux nôtres. Et le terrorisme nous dévoile un monde profondément instable. Notre vulnérabilité se déclare à nos yeux : puissants et faibles sont tous placés à la même enseigne !

L’apparition de la vie sur notre planète, tête d’épingle dans l’Univers, n’était pas écrite. Elle ne tient que grâce à la mince pellicule de l’atmosphère et grâce à l’humus sous nos pieds tout aussi fragile. Qu’un virus parvienne en quelques semaines à mettre notre planète sur la défensive nous le démontre. L’humus, nous rappelle à l’humilité puisqu’il en est la racine. Essayons de nous en souvenir nous Maçons, qui la pratiquons. En principe.

Réduisons l’écart entre nos principes et nos actes. Il semble que nous commencions seulement à prendre la mesure de la situation dès lors qu’un virus s’est imposé sans que nous l’ayons cru mortel au départ.

Nous avons le plus grand besoin de la nature. Commençons donc à la respecter davantage ! Au Brésil, aux Etats Unis, et sans doute ailleurs, il semble qu’elle ait perdu son aspect sacré. Ce n’est qu’un outil …. Essayons de faire un pas de côté pour nous poser les questions essentielles : Où en sommes-nous arrivés, vers où pouvons -nous aller ? Quelle est notre place ? Quel doit être notre rôle ? Arrêtons-nous un instant pour reprendre notre souffle. Vérifions que le chemin que nous avons emprunté est bien le bon.

Nous constatons, hélas, que le progrès est source d’effets secondaires : nous vivons plus longtemps que nos anciens, nos capacités physiques sont démultipliées et nos capacités intellectuelles grâce aux ordinateurs, sont devenues gigantesques. Notre plus grand danger n’est pourtant, ni notre force ou notre faiblesse, c’est notre aveuglement.

Il est essentiel, où le temps de la réflexion et du discernement semblant manquer, pressés que nous sommes de toutes parts, que nous ne soyons pas uniquement suivistes, uniquement dans la réaction aux événements.

Ce n’est peut-être plus d’une sorte de révolution technologique dont il semble que nous ayons besoin. Mais celle de l’esprit. Posons-nous pour repenser notre monde.

Nous le savons. Celui qui ne travaille pas sur lui-même, manque du recul nécessaire pour savoir comment traverser les moments difficiles. La grande aventure de notre temps doit être celle de l’esprit et de l’essor d’une vraie conscience morale de l’humanité.

Mue par une sorte de pulsion, la vie originelle a émergé du chaos. Dans ce foisonnement une espèce a pris conscience d’elle-même. L’Homme a donc accompli une sorte de saut de l’esprit. Il nous reste à accomplir le suivant : celui du sens à donner à cette vie. Le philosophe La Mettrie déplorait que l’Humanité soit dans d’aussi mauvaises mains que celles de l’Homme !

Essayons de lui donner tort.

L’écologiste et philosophe Dominique BOURG, rappelle que la liberté est synonyme de la loi que nous nous donnons à nous-mêmes. Notre dette écologique est immense. Sur ce qui est notre Commun, la rareté avance. Et la rareté précède la barbarie !

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