Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment créer de nouvelles formes de sociabilité dans une économie de partage et collaborative ? et comment faire coexister libertés et réelles possibilités ?

Respectable Loge, Aristophane, Orient de Villeneuve sur Lot, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Confinement choisiConfinement subi

Introduction : A l’aube d’une nouvelle ère….

Dans un contexte inédit de lutte bactériologique où se côtoient peur du temps présent, perte de nos repères fondamentaux et angoisse du néant « Notre société devenue un agrégat d’individus singuliers pouvant potentiellement nuire à l’autre, peut-elle encore former un collectif avec des droits, des règles et des contraintes acceptables par l’ensemble des individus qui la composent ? » Qu’est ce qui, aujourd’hui, peut encore faire lien entre l’individu et cette société en crise de devenir ? Soit, entre ce qui ne peut être partagé et ce qui doit, pourtant l’être pour le bien commun….

Analyse de la situation et ce qu’elle est devenue : Entre confinement subi et confinement choisi

Le confinement a montré des drames dans la société : femmes et enfants battus, solitude extrême notamment dans les Ehpad…

Le confinement a également montré une prédominance d’internet comme moyen de conserver un petit lien social (réseaux sociaux, travail à distance…) mais peut-on réellement parler de lien social ?
Les plateformes d’échanges virtuels offrent l’occasion de se retrouver en groupe ou de se faire entendre davantage, notamment pour les personnes domiciliées dans certaines zones peu peuplées. On retrouve alors diverses formes d’expressions développées depuis ces plateformes : de l’utilisation de Twitter à la production de podcasts en passant par des manifestations numériques sur les jeux vidéo, la créativité des manifestants est mise à l’œuvre pour faire entendre leurs revendications et occuper l’espace virtuel, l’espace public matériel étant inaccessible.

Le confinement en privant l’homme, être social, de tout lien physique (fraternel, solidaire, voir amicaux ou familiaux) a créé un isolement tel qu’il a créé des troubles, des dépressions chez certains personnes. De là, certains agissent de manière inattendue voire inadaptée.

A contrario, le confinement a entrainé aussi pour d’autres un sentiment d’être protégé, dans sa bulle, dans son « intérieur » face à un monde apparemment hostile, dixit les médias, seul moyen de voir ce que devient « l’extérieur ».

Cet extérieur représente-t-il autrui de manière plus globale ? Finalement cet « autre » pourquoi le craint-on ? L’individu au sens large peut-être porteur de mort à cause des effets de la COVID. Cela interroge notre rapport à la mort car l’individu craint pour sa vie. Comment alors créer de nouvelles sociabilités dans un monde où le lien social est plus que jamais primordial. Vivre isolé et mal pour se protéger ou vivre à plusieurs avec une prise de risque ?

Le rapport au port du masque est à réfléchir aussi. Pourquoi certains le portent et d’autres ne le souhaitent pas ? Cela est forcément lié à leur rapport à la mort.

Proposition d’actions concrètes : Le lien social comme fondement de l’humanité

Beaucoup s’interrogent sur leur mode de vie, leur rapport au travail en envisageant le télé travail comme alternative possible et reconsidèrent le sens de la vie familiale, de la transmission des savoirs ou des valeurs. Certains relativisent, apprécient cette pause et optent pour une rupture avec l’avant covid

Comment refaire société, replacer la vie privée au centre, partager les richesses ? Comment prendre soin des personnes vulnérables, trouver une fonction à tous, prendre en compte chacun, dans sa singularité et son universalisme ?

La réponse apportée par le chômage technique si elle est indispensable, doit impulser une réflexion globale sur la place des individus dans une société républicaine, c’est-à-dire guidée par la devise et le principe de base : liberté, égalité, fraternité, laïcité.

Revoir le temps de travail, favoriser le travail à distance, assurer au plus grand nombre un emploi, substituer au bénévolat des emplois pour faire fonctionner des associations. Sensibiliser les jeunes et moins jeunes à l’utilité sociale, pour rendre visite aux personnes vulnérables de leur commune ou de leur quartier, pour connaitre leurs besoins, les accompagner faire des courses ou les amener en balade, boire un thé ou un café, et tout simplement leur redonner dignité en rompant avec l’intolérable.

Nous devons inventer de nouvelles fonctions visant, dans chaque quartier et dans nos campagnes, à créer, maintenir, valoriser du lien social, assurer une autonomie alimentaire, promouvoir de nouvelles formes d’agriculture, accepter les temps de travail choisis. Autant de pistes qui restent à explorer. Mais nous ne pouvons faire l’économie de la réflexion fondamentale concernant notre approche de la mort, la nôtre, celle des autres.

Conclusion : L’angoisse de la mort, tabou en occident et pourtant base du problème

  « L’illustre Bacon a dit que les hommes craignent la mort pour la même raison que les enfants ont peur de l’obscurité. »

Mourir, c’est cesser de penser et de sentir, de jouir et de souffrir.

« Pense à la mort, non pour alimenter tes craintes et ta mélancolie, mais pour t’accoutumer à l’envisager d’un œil paisible, et pour te rassurer contre les fausses terreurs que les ennemis de ton repos travaillent à t’inspirer. »[1]

Nous avons vu plus haut que l’avenir, comme suite d’événements, est largement imprévisible, quand bien même nous nous efforcerions d’y introduire des programmes, des plans ou des régularités. Chacun de nous mourra. Loin de pouvoir tuer le temps, c’est lui qui nous dévore, comme le cruel titan Cronos de la mythologie dévorait ses enfants au fur et à mesure que son épouse Rhéa les mettait au monde. Son flux nous conduit tous au cimetière, sans exception. Notre mort est donc un événement certain, quoique à venir. Chacun sait constamment qu’un moment doit survenir pour lui où il n’y aura plus ni présent ni avenir. Un tel moment appartient en propre à chacun de nous, même si nous ignorons sa date. Nous ne pouvons pas le partager, car personne ne mourra à notre place. D’une certaine façon, le temps nous sépare déjà, ici et maintenant. Le temps est un imparable principe d’individuation. Face à lui, un autre que moi ne peut pas être moi.

Mais La conscience de la mort s’accompagne de divers sentiments : angoisse, impuissance, révolte…

Parlons de l’impensable en loge : Plus que la peur, la conscience de la mort suscite l’angoisse. Car la peur a une certaine connaissance de sa cause, elle peut la définir, elle ne lui est pas totalement étrangère : l’aboiement du chien, le bruit du tonnerre. Le sujet peut dès lors se la représenter et la nommer. L’angoisse nous situe d’emblée dans une autre expérience : son objet échappe à toute représentation.

Cette approche ouvre une autre manière d’être : non la maîtrise qui passe par un « faire », mais l’accueil. Chemin qui érode le désir de maîtrise, pour accueillir humblement le jaillissement présent de la vie. 


[1] Paul-Henri Thiry D’Holbach, Système de la nature, 1770

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