Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Pour un monde nouveau

Respectable Loge, Les Frères de Georges Couthon, Orient de Clermont-Ferrand, Région 5 Centre

Mots Clefs : Economie

Quelle économie au service de l’homme ?

Le contexte

Le confinement passé, due à la pandémie (toujours en cours, rappelons-le !) nous a fait prendre conscience des dysfonctionnements, économiques et sociales, de notre société. Il nous permet d’amorcer une réflexion sur le « monde d’après ». Ces réflexions, ces volontés, convergent sur les problématiques d’inégalités sociales, économiques et sur la place de l’homme dans la société.

La crise sanitaire favorise la prise de conscience par la population de cette nécessité d’un “monde nouveau”, plus juste, plus durable, et moins inégalitaire. Le monde d’après ne peut plus être le monde d’avant dopé à la consommation, à la finance, au toujours plus, à l’individualisme et au repli sur soi.

Face à l’ampleur de la tâche, il nous faut faire preuve d’humilité, de conscience face aux conséquences de la crise sanitaire tout en nous autorisant à proposer de nouvelles façons de penser, à la croisée de la réalité et de l’utopie. 

Le principe de réalité

Nous connaîtrons, dans les trente ans qui viennent, d’autres crises, d’autres virus zoonotiques (dus notamment à notre attitude de prédation sur les espaces naturels), d’autres canicules extrêmes, d’autres « gilets jaunes » … La société actuelle n’était pas prête à vivre ces crises, et personne n’a voulu anticiper ou prévoir ce qui allait arriver trop occupé à gérer ses propres contradictions, dans une société consumériste qui ne fait qu’augmenter les inégalités entre les hommes qui ne naissent plus réellement libres et égaux entre eux.

La fracture sociale et territoriale est réelle en France et en Europe, et la construction d’une nouvelle Europe dépassant le champ économique est à envisager pour favoriser l’unité du continent, afin d’éviter le repli sur soi. Cette affirmation de la priorité au local face au global que génère cette crise n’est pas sans risque dans un pays et un continent déjà traversés par les réflexes identitaires et le rejet des autres. Le défi désormais est de faire en sorte que l’humanité s’unisse autour d’un socle de valeurs déclinable à différentes échelles.

Au niveau politique, la gestion de cette crise montre également les limites de la gouvernance de l’Etat français. Le manque de fluidité a mis en lumière le paradoxe de la prise de décision au plus haut niveau de l’État tout en renvoyant la responsabilité de certaines décisions au bloc local démuni face à des injonctions contradictoires.

Au niveau économique, la croissance telle que nous l’avons connu est appelé à disparaître au profit d’une croissance qui se doit d’être raisonnée en corrigeant nos modes de production, nos modes de consommation et modes de vie. Aujourd’hui, nous agissons (y compris sur la question de la dette) comme si cette crise était la dernière, avec des réponses dont le coût pour un « retour à la normale » va s’étaler sur plusieurs générations.

Imaginer de nouvelles utopies

Dans ce monde d’après, face à une crise sociale qui s’annonce, comment agir pour donner des motifs d’espérer vivre dans un monde plus juste et équitable. Pour ce faire, il faut replacer l’homme au cœur du système afin de favoriser son épanouissement dans une nouvelle société à construire.

Des solutions existent et méritent d’être expérimentées à grande échelle. Ce droit à l’expérimentation et à l’erreur doit favoriser l’émergence de ces nouvelles utopies.

Il faut changer de paradigme économique, social et culturel en proposant un capital d’existence à chaque être humain.

Ce capital d’existence pourrait être un ensemble de droits attribués à un individu dès la naissance (droit à vivre, droit à être éduqué, formé, accompagné tout au long de sa vie, …).

Parmi ces droits, et pour répondre à la question posée, plusieurs pistes existent pour mieux répartir la valeur économique générée par la croissance et la redistribution des richesses.

Le revenu universel d’existence est un socle de revenu qui permet à chaque individu d’exister en tant qu’être humain, et qui s’appuie sur la redistribution des gains de la capitalisation des richesses dans le temps. Ce revenu permet de réconcilier l’économie et le social et favorise le sentiment d’appartenance à une société qui ne cherche pas le profit uniquement mais qui appréhende la redistribution comme un moyen d’inclusion dans la société.

La gestion des flux financiers comme la dette ou la monnaie doit être à nouveau au service de l’homme et il convient d’interroger les modèles actuels de transaction financière.

– La crise sanitaire a fait exploser la dette des pays comme la France alors que l’Europe cherche à éviter les dérives en ce sens depuis de nombreuses années, en demandant aux États une discipline budgétaire depuis la mise en place de l’euro. Par principe, la dette doit être remboursée mais pour autant les banques continuent à prêter aux pays de la zone euro, à des taux bas. La principale question n’est pas le volume de la dette, mais plutôt la façon dont on se sert de l’argent emprunté, pour amorcer un virage vers une économie plus sociale, écologique, vertueuse au service de l’homme. Cette dette abyssale est-elle une réalité ou a-t-elle aujourd’hui une autre dimension plus virtuelle. Dans ce cas, comment traiter la dette dans toutes ses dimensions à une échelle dépassant le cadre national voire même Européen.

– La monnaie a été créée pour gérer les transactions financières dans l’espace et le temps. La valeur de la monnaie est universelle mais peut-il y avoir une hétérogénéité de la monnaie entre celle qui sert à spéculer et celle qui permet de vivre et consommer au quotidien (monnaie locale, …). Si la monnaie peut fluctuer, nous pourrions aborder plusieurs façons de l’utiliser :

            – la monnaie qui permet d’acheter les produits de première nécessité devrait être facilement accessible à tous,

            – la monnaie acquise à un endroit donné pourrait ne pas conserver la même valeur si elle est dépensée à un autre endroit, ce qui permettrait de favoriser le principe de ré-injecter l’argent dans sa propre économie, au détriment peut-être du développement de certains territoires, 

            – la monnaie qui sert la spéculation à court terme pourrait être taxée. Cette taxation n’est valable que si ces règles sont pensées à une échelle mondiale, ce qui rend complexe la mise en œuvre de cette mesure (exemple : la taxe Tobin).

– De nouveaux modèles économiques émergent permettant de contourner l’économie libérale au service des actionnaires. Les entreprises de l’Économie sociale et solidaires (ESS) adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l’utilisation des bénéfices qu’elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis.

On peut aussi imaginer des économies liées à l’échange de bons procédés, à la compétence. En contestation du rôle de la monnaie telle qu’elle existe aujourd’hui, le troc s’inscrit dans une dimension sociale. La mise en place de système d’échange local (SEL) a pour objet de (re)créer une monnaie du lien.

Le tout libéral qui s’affranchit de toutes contraintes ou limites dans le champ économique favorise la création de richesses. Il faut pouvoir réguler cette production de valeur pour favoriser une meilleure redistribution.

Deux notions sont essentielles pour créer une économie vertueuse :

– il faut replacer les enjeux de l’économie sur le long terme et non sur une vision de court terme à la recherche de la rentabilité immédiate.

– il faut pouvoir également avoir une vision à différentes échelles de territoire. Il faut pouvoir agir au niveau local, national, continental et mondial. Ces différentes échelles peuvent permettre de gérer les disparités entre pays et créer les conditions d’une économie plus humaine au niveau local tout en créant un socle commun de valeurs au niveau continental et/ou mondial.

Pour conclure, il existe des solutions pour que l’économie soit au service de l’homme.

Pour cela il faut reconnaitre que chaque homme existe et lui donner les moyens d’exister bien en octroyant à tous un Capital d’existence, dont le Revenu Universel d’Existence n’est qu’un élément.

Il faut aussi favoriser l’émergence de monnaies locales et de monnaies de valeur temporelle différente pour redonner à la monnaie sa fonction première : elle nous lie dans le temps et dans l’espace.

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