Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Échanger et transmettre

Respectable Loge, Etoile des Mascareignes, Orient de Saint-Pierre, Région 3 Afrique-Asie-Amériques-Pacifique-Océanie dite le Monde

Mots Clefs : ÉchangeÉmiettement

Aborder les relations entre individus et sociétés sous l’angle de la transmission et de l’échange me paraît constituer un moyen commode pour en faire le tour sans se perdre dans la complexité de la question.

On partira du principe qu’il ne peut y avoir de sociétés sans individus et réciproquement.

Toute la question est de mesurer quelle est la part de l’un et l’autre dans l’évolution du  soi et de nous et les relations qui les unissent ou les divisent les dynamisent ou les écrasent.

L’important est que tout individu puisse agir, penser, se réaliser en tant que personne dans un cadre collectif qui à la fois peut l’accueillir et s’enrichir de ce qu’il apporte et que ce lien permanent en perpétuel mouvement  puisse « faire société » dans la relation aux autres.

Toute la question aujourd’hui est faisons-nous société ?

Sommes-nous engagés dans une relation positive avec « l’autre » dans un cadre collectivement reconnu et accepté.

Ou bien agissons-nous en tant qu’individu essentiellement égocentrique, satisfaisait de lui-même  ou alors inversement comme un individu souffrant frustré et dans la détestation de son voisin.

Sommes-nous dans l’accumulation vertigineuse de « moi » sans qu’il ne puisse y avoir à aucun moment un « nous » salutaire, socialement harmonieux et apaisé, suffisamment sécurisant pour permettre à chacun de trouver sa place et d’y être reconnu ?

L’émiettement menace l’échange

Il y a échange quand je travaille pour subvenir à mes besoins, à ceux de ma famille quand par ce biais je peux envisager un avenir, réaliser ce que je peux faire de ma personne et transmettre à mes proches et à tous ceux que je côtoie ou non ce que je suis, ce que j’ai à dire, ce que je peux faire pour tous.

L’échange c’est qu’en retour je sois payé à la hauteur de ces besoins. Suffisamment pour assumer ces charges, pour me permettre un épanouissement personnel, pour recevoir des autres le matériel et l’immatériel dont j’ai besoin pour vivre et pour rêver pour exister dignement en tant qu’être vivant  humain.

En réfléchissant à cela je mesure à quel point ces mots ont disparu de notre horizon : épanouissement dignité, partage, ne riment pas avec les mots efficacité, rentabilité, performance, compétition. Ces mots dont l’occurrence peuple notre univers quotidien au point qu’ils ont saturé toute réflexion toute critique.

Il fut un temps où le vilain mot d’aliénation par le travail pouvait être formulé car il correspondait à une réalité identifiable cette réalité aurait disparu en même temps que le mot ?

Certainement pas. Mais qui avance aujourd’hui cette idée que le travail ou l’absence de travail puisse être encore une aliénation ?

Ne pas avoir les mots pour dire la réalité me paraît constituer la première des violences contre l’individu et l’empêche de faire « société ».

L’échange est rompu  il reste la soumission intéressée ou subie à un ordre qui a plié la société à son mode de valeurs. Elle isole et ramène chacun au seul miroir de sa réussite ou de ses échecs.

Nous ne rêvons plus car le désir qui en est le carburant est désormais confisqué, formaté et transformé. Je suis invité à le retrouver dans les rayons des supermarchés sur les sites d’Amazon.

Tout un chacun transformé en homme ou femme sandwich publicitaire, heureux d’accomplir sa destinée en arborant le dernier iphone, en déversant toute sa hargne sa révolte individuellement noyée dans un collectivement absent et masqué dans le réseau social qui ne fait rien d’autre que pulvériser l’individu et l’isoler.

La transmission naît aussi de la  confrontation. Elle m’amène à reconnaître l’autre dans sa différence elle me fait grandir. Les réseaux sociaux fonctionnent par l’accumulation de « moi ». il n’y a pas confrontation d’idées mais seulement catalogue d’ opposition figée .Il n’y a pas expression d’idées mais soliloque autocentré .

Cela m’a ramené aux travaux d’Edward Bernays et de Walter Lippman tous deux théoriciens de la manipulation de masse et « de la fabrication du consentement »  .

Si nous ne mesurons pas l’influence des groupes industriels et financiers qui depuis plus de 50 ans ont capté nos émotions , nos désirs ,surtout ceux des plus jeunes, par le biais de démarches marketing de toutes natures, nous sommes alors condamnés à jouer dans un bac à sable rempli d’objets à consommer et nous battre pour les obtenir quand nous ne les possédons pas.

Alors nous ne sommes plus en mesure de créer librement de la culture. C’est-à-dire parvenir à créer collectivement l’expression de nos rêves de nos désirs et les renouveler quand nous en avons besoin.

 Nous reproduisons  des modèles que le marketing industriel manufacturé ou celui des communications nous transmet pour vendre ses produits de la façon la plus efficace possible, en écartant toute velléité de contestation, toute tentative de leur échapper  .

Ce qui pouvait encore servir à l’individu de refuge c’est-à-dire les solidarités familiales collectives professionnelles pour se préserver de cette situation a été annihilé face à la puissance de persuasion de ce modèle social économique et bien sûr politique.

Après avoir déclaré la fin des religions, la fin des idéologies, la fin de l’histoire et aujourd’hui la fin de la politique. Les principes qui les ont remplacés n’ont fait que mettre en avant la question « du choix personnel » du « libre arbitre » de la « réalisation personnelle » mais désormais déconnecté de tout héritage moral culturel idéologique. La réflexion, les idées, la morale, les principes, les valeurs ne font pas bon ménage avec les affaires.

Le détournement de sens a été habile et total. D’une part la liberté est mise en avant mais elle ne peut s’exprimer qu’à l’aune du consumérisme et des normes de l’ultra libéralisme. C’est-à-dire la mise en compétition des individus, la seule valorisation de la réussite, de la force de l’utilité de l’efficacité et surtout l’absolue inadéquation entre le « je » et le « nous ».

A l’émiettement s’est ajouté la dispersion.

Les exemples que je prendrai sont ceux des réseaux sociaux, les incontournables GAFAM et leur version chinoise BATHX qui contrôlent la quasi-totalité des communications internet mondiales.

Ces réseaux suscitent un intérêt légitime tant qu’ils favorisent l’entraide, les liens sociaux mais ils n’échappent plus à personne que dans la somme de tous ces échanges une part importante est désormais le lieu d’expression les plus abjectes en matière de violence de toutes natures. Tout un chacun peut être victime à un moment de ces excès.

Une attitude légitime serait de limiter en contrôlant les propos les actes en retrouvant la trace de personnes qui se comportent en délinquants .Or, ce contrôle est impossible car il mettrait alors en péril notre « liberté individuelle » .Pour ma part je pencherais pour une mise en péril des profits que réalisent ces sociétés.

 A mon avis dans ce cas la notion de liberté est tout simplement dévoyée.

Ce prétexte de « l’absolue liberté » s’est propagée dans tous les secteurs d’activités publics ou privés à petite et grande échelle mais aussi dans l’esprit de tout un chacun. Cette pseudo liberté s’est imposée comme un préalable ; elle forme désormais un ensemble de normes qui organisent les liens sociaux sur lesquelles les individus n’ont plus de prise possible. C’est en quelque sorte « le droit de » faire s’en se soucier du devoir car le devoir c’est ce que je dois à « l’autre ».

La société s’est transformée en un ensemble de miettes. Un émiettement d’individus qui en sont réduits au périmètre de leur moi ,et uniquement cela, produisant une vacuité sidérale et générale .

L’éparpillement est un état de fait ; il ne peut plus y avoir de point de vue commun chacun à la solution à la taille de la miette qu’il représente dans cette perspective faire société est illusoire.

 Nous F.M ici même ne disons nous pas « à quoi cela sert-il de perdre son temps à refaire le monde ? Pourquoi vais-je participer à réfléchir à cette commission qui ne débouchera sur rien ? »

Toutefois chacun est persuadé  se comporter en personne libre de dire et de faire sans s’apercevoir que cette prétendu liberté est le cœur de la soumission à un système aliénant et asservissant qui confisque toute capacité à imaginer à créer ses propres conditions de vie son propre environnement sa propre culture. Cette situation finit par nous paraître normale, elle ne l’est pas.

N’est-ce pas cette incapacité à trouver une voix commune qui caractérise les gilets jaunes ?

N’est-ce pas aussi la crainte de la vacuité qui pousse des H.des F. jeunes ou vieux vers des mouvements radicaux qui à un moment deviennent crédibles car ils proposent des schémas de ruptures liés  à des héritages historiques religieux ou politiques qui prétendent redonner du sens à leur vie mais de la pire des façons?

Avec l’isolement par l’éparpillement la transmission devient impossible. Les individus ne partagent plus que l’image ventrue d’eux-mêmes. Il n’y plus d’échange possible car celui-ci est perçu comme une menace, l’autre n’est pas celui qui m’apporte mais celui qui potentiellement peut me retirer quelque chose constituer une menace, prendre ma place.

L’enfant exprime des désirs impérieux, l’adolescent et l’adulte ne peuvent en aucun cas se rapprocher et partager une culture commune. Il suffit de passer quelques moments devant sa télé pour mesurer à quel point les relations entre les individus sont systématiquement mis en scènes dans des séquences où le conflit, la jalousie, l’envie, l’incompréhension entre individus de tous âges constituent des situations insurmontables. Ces pub regardées une fois ne disent rien visionnées mille fois elles transmettent des normes.

J’arrête là cette réflexion déprimante . Notre GO nous demande une participation au livre blanc.

En FM consciencieux je me suis mis au travail.

Un confinement et une COVID plus tard j’entends partout :« à quand un vaccin afin que ce cauchemar cesse et que la vie reprenne son cours ? Souhait légitime mais qui nous ramène à hier ».

J’oublie le plus important « en une page s’il te plait ! ».

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