Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Le problème des inégalités

Respectable Loge, La Bonne Foi, Orient de Saint Germain en Laye, Région 7 Ile de France

Mots Clefs : ClimatInégalitésMonde d’hierMonde de demainSanté

Le « monde d’hier » dans une grande mesure et surtout dans certains pays, ressemble à une jungle. En effet, puisque le vivre-ensemble se résume à un « chacun pour soi », comme certains l’encouragent, alors il n’est pas étonnant de constater que ce monde est devenu inégalitaire. Il s’agit là d’une pure évidence puisque naturellement, biologiquement et physiquement nous ne sommes pas égaux, loin s’en faut. Nous sommes tous dotés de qualités et de défauts qui font notre personnalité et d’autre part l’environnement dans lequel nous évoluons, nous a irrémédiablement façonnés au-delà bien souvent de toute conscience. L’inégalité est donc en soi, inévitable mais en revanche elle n’est plus supportable ; ce malheureux épisode du Covid le révèle. 

Le néo-libéralisme a accentué la distance inégalitaire entre les individus, doctrine fondée sur la réussite du « moi » ; il ne pouvait pas en être autrement. Par ailleurs, les effets de cumul (par ex. l’héritage du patrimoine, les dividendes, l’argent qui appelle l’argent, l’optimisation de la masse salariale…) ont amplifié la tendance. Le « monde d’hier » s’est ainsi constitué en trois strates : les décideurs, les exécutants et les … autres laissés pour compte. Ces divisions elles-mêmes créent l’inégalité mais à l’intérieur de chacune d’elles il en est aussi de même. D’autre part, la stabilité de ces strates, parce qu’elles ont peu de points de connexion entre elles, est bien installée. Cette stabilité est sans cesse consolidée par l’effet de dépendance descendante que cette séparation du monde impose.

Toutefois, il existe aussi d’autres circonstances qui renforcent les inégalités. Notre vivre-ensemble actuel repose, quoi qu’on en dise, sur une adhésion « forcée » au contexte marchand et à lui seul. Nul ne peut vivre en dehors de lui ; si on pousse cette remarque jusqu’à ses limites on arrive à conclure que pour vivre dans notre « monde d’hier », il faut avoir de solides connaissances juridiques, économiques, financières, politiques et autres… Or, il est évident que ces conditions ne peuvent pas être satisfaites par la plupart de nos concitoyens pour diverses raisons : souvent « ce n’est pas leur tasse de thé », ils s’intéressent à tout autre chose. Un artiste « pur » déconnecté du monde marchand sera pauvre. L’individu qui n’aura pas acquis le savoir en question végétera, jamais il ne s’enrichira. Finalement, seuls ceux qui auront eu la possibilité d’accès à ces connaissances, qui s’y intéresseront  très tôt et qui seront soutenus par une famille décidée, pourront franchir dans le bon sens les frontières de ces strates, tel est le « monde d’hier ».

Effets de cumul, marché pensé universel et imposé, inspirations naturelles différentes entre les individus sont les principales causes des inégalités. Lorsqu’un être humain naît, il ne part jamais de zéro, il entre dans ce monde avec un certain potentiel transmis par ses parents. C’est l’effet de cumul (qui peut aussi être négatif). Ce bagage est investi ensuite par l’individu dans la société suivant ses aptitudes, il peut donc être fructifié mais il peut aussi être détruit. Pour limiter les inégalités, il faudrait évidemment éviter la destruction et favoriser (à défaut de l’accroitre) au moins la stabilité du potentiel individuel. Or lorsque ce dernier est très bas, la tâche est difficile, ainsi seuls quelques individus y arrivent. En conséquence, la lutte contre les inégalités devrait s’appuyer logiquement sur une coopération entre les strates dont il fut question.

Dans l’Histoire, cette préoccupation fut permanente, les riches ont modérément aidé les pauvres (souvent sous la contrainte), c’était une question de morale et de religion. Aujourd’hui encore aux Etats-Unis, il est politiquement correct, lorsqu’on est très riche, de faire des dons vers les plus démunis. Mais partout ailleurs c’est avec l’Impôt c’est-à-dire la collecte puis la redistribution que les gouvernements ont tenté de lutter contre les inégalités, tout du moins en théorie. Force est de constater que ces solutions n’ont que faiblement été suivies d’effets. L’une des raisons, sur laquelle nous insistons, découle du postulat d’un Marché pensé universel. Il est difficile en effet à un individu doté d’un potentiel hérité « normal » de se faire une petite place dans ce monde hyper concurrentiel devenu une véritable jungle dans laquelle il faut constamment « ruser ». Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une idée de génie permettant de créer une entreprise conquérante et viable. Il résulte que pour vivre, la strate des exécutants doit se mettre sous l’aile des décideurs eux-mêmes soumis à cette jungle internationale ; ces derniers ne pouvant tenir qu’en étant très vigilants et en optimisant « tous azimuts ». L’optimisation déshumanisée conduit à un véritable désastre et maintient un chômage permanent qui devient aigu en période de crise comme le montre la pandémie actuelle, laquelle sert aussi de prétexte à une optimisation supplémentaire.

La concurrence exacerbée élevée au rang d’une loi naturelle et devenant de plus en plus fermée engendre des inégalités dans tous les « recoins » de la société, poussée à terme elle pourrait même la figer puisque personne ne pourrait plus rien entreprendre ; de plus elle détruit indirectement la planète. Pour remédier à cette course effrénée, l’une des pistes serait de substituer la coopération à la concurrence, plus précisément la concurrence devrait être encouragée uniquement pour la résolution des problèmes difficiles pour la sauvegarde de l’Humanité tandis que la coopération devrait être globale. En d’autres termes, le « monde d’après » devrait être un monde coopératif d’où une certaine égalité devrait émerger. L’avantage principal de la coopération c’est qu’elle repousserait très loin l’optimisation et elle laisserait la place à l’innovation pour le bien de l’Humanité, et non pour celui de telle ou telle entreprise en particulier. Il s’agit-là donc d’une piste possible à creuser, mais soyons réalistes elle n’est pas non plus complètement satisfaisante pour des raisons évidentes. Toutefois, comme on l’a mentionné, elle existe déjà dans ce « monde d’hier », il faut seulement trouver les moyens de la promouvoir ; elle permettrait aussi de « sauver » le libéralisme devenu pathologique. Mais en attendant, il faut agir concrètement et rapidement car le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter, on peut craindre que le Covid n’aggrave désespérément la situation.

L’Humanité a devant elle deux chantiers majeurs : la lutte pour le climat, la lutte pour la santé, ces futurs combats représentent énormément de travail ; n’y aurait-il pas là une source importante d’emplois à exploiter ? Il faudrait donc réorienter l’activité humaine, canaliser par exemple le champ des techno-sciences , afin d’aller vers l’essentiel (qui reste à définir). L’essentiel est certainement la première tâche sur laquelle il faut réfléchir ; un compromis sera difficile à obtenir (même au niveau national) car c’est une notion intrinsèquement relative, il faudra donc être prudent.

La lutte contre les inégalités devra aussi favoriser plus de solidarité et dans tous les domaines. Citons- deux exemples qui sont la source de nombreux mécontentements légitimes. Lorsque le prix du baril de pétrole à la source augmente, le prix à la pompe augmente dans les mêmes proportions. Cela signifie que le bénéfice des compagnies pétrolières reste intact. Ce mécanisme est général, les intermédiaires (et il sont nombreux) conservent leurs marges quelles que soient les circonstances, finalement il n’y a pas de solidarité. Lors de l’actuelle crise du Covid, en Italie en particulier, si l’Europe n’était pas intervenue, les taux d’intérêts des emprunts d’Etat auraient augmenté ; là non plus aucune solidarité alors que la situation sanitaire était dramatique. Le chacun pour soi, on l’a souvent répété, est une source majeure d’inégalité et aussi de conflit.

Enfin (et nous sommes loin d’être exhaustifs), il est important de repenser les biens communs (c’est une composante de l’essentiel). Il existe des « droits naturels » du vivre-ensemble qui devraient être insérés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Par exemple, nul ne peut être privé d’énergie, d’eau, d’une alimentation et d’un toit …. En conséquence, ces communs devraient être sortis des lois du Marché. Même si on n’arrive pas à éliminer totalement la pauvreté hélas, il faudrait que les gens malchanceux puissent rester dignes et vivre comme des Hommes et non comme des exclus.

Soyons réalistes, répétons-le, ces idées se heurteront à une grande résistance, il ne sera pas facile de les promouvoir d’autant que nous ne connaissons pas véritablement les moyens de les réaliser.  C’est aujourd’hui une préoccupation cruciale et grave car la crise actuelle du Covid a révélé les nombreuses inégalités et a créé un tel abime économique qu’il est urgent d’agir en oubliant tous les égocentrismes.

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