Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Après

Respectable Loge, Utopie Latine, Orient de Pamiers, Région 17 Sud et Loges d'Espagne

Mots Clefs : ÉcologieEconomie raisonnéeLaïcité économiqueSolidarité

A la lumière des évènements vécus par tous dans cette crise mondiale que nous traversons depuis plusieurs mois, quels enseignements devons-nous tirer et quelles propositions fondamentales devons-nous formuler, pour améliorer l’homme et la société comme l’article 1 de la Constitution nous y engage ? 

Symptômes d’une maladie chronique réactivée par la crise sanitaire

La récente et encore très actuelle crise sanitaire dite du Covid 19 a révélé beaucoup des nombreuses faiblesses pourtant latentes de notre société basée sur une économie outrageusement focalisée sur la rentabilité, la consommation à outrance et la compétition débridée, ce quel que soit le pays et quel que soit le régime politique en place. Chacun trouve aujourd’hui normal de pouvoir traverser la France voire l’Europe dans les deux sens et dans la même journée pour raison professionnelle ou encore de faire faire le tour du monde à des biens de consommation élémentaires pour une économie de quelques centimes. Nous sommes ainsi devenus dépendants non seulement de nos désirs de consommateurs et des énergies fossiles mais aussi pourvoyeurs de pollution. Cette crise a rendu encore plus criant, si le besoin s’en faisait encore sentir, que les aspects humains, sanitaires et écologiques indispensables au fonctionnement de l’humanité ont été laissés de côté durant des années au profit… des profits, ceci menant à un isolement renforcé des individus et à leur fragilisation face aux imprévus et à une dramatique paupérisation des valeurs qui sont pourtant au cœur de notre projet républicain originel.

Une tentative de diagnostic

Si la crise du Covid avait simplement mené à une nécessaire prise de conscience, nous pourrions encore en tirer des éléments de satisfaction, mais elle a malheureusement amené son lot de drames. Des drames familiaux tout d’abord avec les nombreuses personnes décédées en partie du fait d’une impréparation ou devrions nous dire d’une inadaptation de notre système de santé. Mais le confinement, a et aura aussi à coup sûr des conséquences sur l’économie, dont le modèle basé sur des flux toujours plus tendus et une féroce compétition, ne résistera que très mal. Pourtant le système économique n’est pas notre préoccupation principale car si nous le voulons, il se relèvera…mais qu’en sera-t-il des millions de personnes qui auront perdu leur gagne-pain ? Ces conséquences terribles qui nous attendent sont à nos yeux le fruit de liens toujours plus forts tissés lentement mais sûrement entre économie et politique. Là où l’économie devait être au service de la politique, c’est l’inverse que nous avons fait. Souvenons-nous pourtant de notre constitution et en particulier de son article 1 précisant que la France est une République indivisible, laïque, démocratique, et sociale. Citons encore son article 2 qui précise que la République a pour principe le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple. Toute action politique républicaine devrait donc être dirigée vers le bien du peuple et non nécessairement vers une volonté de profit, de croissance ou de rentabilité à tout prix humain.

Nous avons pourtant renoncé à laisser l’humain au cœur de certains secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et l’alimentation. Nous avons aussi renoncé à une gestion anthropocentrée de nos ressources naturelles, c’est-à-dire ayant pour objectif leur pérennité donc la nôtre. Ainsi l’état général de notre planète se dégrade-t-il sans cesse pour assouvir notre soif d’immédiat et d’inflation en tout.

Les valeurs à l’origine de la création de notre République, nous le voyons, n’ont plus de succès, et nous pouvons nous interroger sur la conscience que peut avoir la population, d’un projet de société dans lequel elle se reconnait. En a-t-elle d’ailleurs seulement un ou bien a-t-elle abdiqué pour laisser le soin à ses dirigeants d’en élaborer un nouveau ? Et à quelles fins ?

Le traitement que nous proposons

Comme avancé plus haut, nous pensons qu’au cœur de la problématique que nous rencontrons se trouve une crise des valeurs et par voie de conséquence l’affaiblissement de notre projet de société au profit d’un comportement toujours plus individualiste et dominé par le besoin d’immédiateté. La remise au goût du jour des valeurs républicaines et d’un projet commun nous parait donc essentielle

Le traitement des symptômes consisterait donc avant tout à réapprendre la République et la Démocratie. Réapprendre et partager son histoire, ce que sont ses valeurs essentielles et ce qu’elles impliquent de droits et de devoirs avec notamment un travail à faire sur la gestion du désir de possession et de la frustration. Il s’agirait aussi de réapprendre la complexité pour savoir accueillir les délices de la contradiction. Car si le manichéisme est aujourd’hui de rigueur dans notre société, nous devons nous ressaisir du scepticisme philosophique, du doute et de l’analyse pour que jamais l’intelligence du peuple ne soit bafouée au moyen d’une communication unique ne laissant plus la place à l’échange et au débat. Nietzsche ne disait-il pas que ce n’est pas le doute qui rend fou mais bien plutôt les certitudes ?

Les propositions que nous pouvons faire dans cette perspective consisteraient remettre la base de la République au cœur de l’enseignement, mais aussi physiquement au cœur de la population grâce à des bus de la République, venant à son contact pour l’informer. Ces bus seraient animés par des acteurs associatifs, des volontaires ou les jeunes en service civique. Nous proposons aussi d’engager une réflexion sur une loi de « laïcité économique » visant à séparer au moins partiellement l’Etat et l’économie pour que cette dernière ne soit qu’un outil au service des citoyens et non une fin en soi.

Nous espérons ainsi parvenir à terme à :

Revenir à une consommation raisonnée basée sur l’évaluation du juste besoin et une production adaptée privilégiant les circuits courts.

Reconstruire le tissu industriel et économique pour une indépendance retrouvée et un impact écologique minimisé par des transports limités au maximum.

Développer les énergies renouvelables telles que le méthane biogénique ou l’hydrogène d’origine solaire ou éolienne ainsi que l’exploitation des effluents pour une empreinte environnementale améliorée et la création d’activité.

Rétablir la science dans son essence c’est-à-dire en tant qu’objet évolutif et discutable par la raison plutôt que talisman que l’on brandit comme argument d’autorité

Reconstruire le système de santé en le mettant au service de la population et non de la rentabilité.

Reconstruire le système éducatif en reconnaissant la mission des enseignants, leur travail et en visant d’abord l’éducation et la construction des hommes et non la production de main d’œuvre.

 Nous sommes bien conscients que cette démarche ne pourra être que difficilement mise en œuvre à l’échelle d’un seul pays et qu’il convient d’amorcer un mouvement à l’échelle de l’Europe au minimum, mais nous restons optimistes sur la capacité de l’humanité à rebondir et à se tracer un chemin commun.

Nos principales propositions :

-La remise des valeurs de la République au centre des préoccupations de la population par l’éducation et la formation. Formation à l’école et création des bus de la République.

-L’engagement de discussion visant à légiférer sur une séparation partielle de l’Etat et de l’économie et à rendre à cette dernière son statut d’outil au service de l’homme et non de fin en soi.

A lire aussi

L’Autonomie, cœur d’un nouveau modèle économique et social

Une pandémie, source de nouvelles pratiques La période de pandémie que nous traversons, sous fond de remise en cause d’un modèle de consommation écologiquement intenable, a fait naître des comportements nouveaux chez les citoyens pendant...

Lire la suite
Economie

Donner du sens à un projet commun

   Problématique Le partage : Le partage pourrait dans son acception sociétale renvoyer au principe de « répartition de la richesse… » et donc à l’impôt qui vise à l’acceptation des inégalités justes via la circulation de l’argent....

Lire la suite
Autre et Partage

Le numérique en question, le bénévolat

La fracture numérique n’est pas résorbée La crise que nous avons traversée au printemps 2020 a mis au premier plan l’intérêt d’Internet pour : nous distraire, nous former, travailler, communiquer et nous nourrir de ces liens...

Lire la suite
Le citoyen, l'état, le monde