Nos travaux ne doivent-ils pas entrer dans l’ère de l’humanisme écologique ?

Un humanisme écologique

L’idéal maçonnique est une forme d’humanisme qui met l’être humain au centre de ses réflexions. Il s’agit de l’améliorer, de le perfectionner et de le transformer.

L’homme étant un être sociable, il s’agit également d’améliorer la société

La pandémie que nous venons de connaître nous a fait prendre collectivement conscience que l’homme est dépendant de son environnement naturel qui est complexe et fragile. L’écologie est à la fois une science qui étudie les rapports des êtres vivants avec leurs milieux et un courant de pensée qui tend à un meilleur équilibre entre l’homme et la nature.

On ne peut pas penser l’homme sans le placer dans son milieu naturel. L’humanisme doit évoluer vers un humanisme écologique.

Du jardin d’Éden au Développement durable

Le sentiment de la nature au sein des groupes humains diffère suivant leur culture et leur religion. Il a varié au cours de l’histoire. Pour s’en tenir au monde occidental le récit biblique a pesé sur la relation que l’homme entretenait avec la nature. Dans le récit de la Genèse l’homme reçoit pour mission de soumettre la terre et de de dominer les animaux qui la peuplent.

L’Humanisme issu de la Renaissance puis de la philosophie des Lumières ont fait de l’homme la mesure de toute chose. Son comportement à la différence des autres espèces vivantes est basé sur la raison. De là est né le sentiment répandu d’un anthropocentrisme vouant une confiance absolue dans la technique et le progrès. L’homme domine le monde et le façonne croît-il à son avantage.

Jacques ELLUL a montré que le progrès se nourrissait du progrès avec pour conséquence que le contrôle de son développement échappait à l’homme. L’économie produit des biens manufacturés de plus en plus performants ou innovants qui deviennent rapidement obsolètes. De nouveaux produits suscitant de nouvelles envies d’achat apparaissent tous les jours. Nous sommes dans une civilisation du consommable et du jetable. Or tous les produits manufacturés sont fabriqués à partir de matières issues directement ou après transformations de la nature dont les ressources ne sont pas inépuisables.

Le grand public a pris conscience du fait que les ressources naturelles étaient limitées à l’occasion des diverses crises du pétrole qui ont fait apparaître la question du volume des ressources encore exploitables.

Le terme « écologie » qui désigne la science qui étudie les interactions entre les êtres humains et leur environnement date de la fin du 19ème siècle. Il a fallu un siècle supplémentaire pour que les Nations Unies consacrent le terme de « développement durable ». Désormais il est acté que nos besoins présents ne doivent pas par une consommation abusive des ressources planétaires compromettre les besoins des générations futures. Depuis plusieurs années des évènements climatiques comme le réchauffement du climat et tout récemment la pandémie due au covid19 dont la cause pourrait être liée à la trop grande proximité entre l’homme et les animaux sauvages depuis que par le développement des villes l’homme empiète sur leur habitat naturel interpellent l’humanité sur la façon dont elle habite la planète terre.

Nos sociétés sont dominées par un courant néolibéral qui prône la compétition à caractère individuel dans les pays occidentaux ou collectif sous des régimes autoritaires.

Un livre traduit en français sous le titre La Grève de la romancière américaine Ayn Rand a popularisé aux États-Unis l’idéologie libertarienne dont la devise est gouvernement minimal, liberté maximale. La vision développéede l’entrepreneur comme génie incompris des masses ayant le devoir moral de suivre sa vision jusqu’au bout sans se préoccuper des conséquences est particulièrement propre à justifier ou à réconforter des gens dont les innovations transforment de fonds en comble les structures socio-économiques.

Dans cette compétition, il y a des gagnants et des perdants. La fracture sociale n’a pas fait qu’augmenter portant en elle les germes d’une révolte et d’une violence.

Un humanisme écologique

Le constat est que la société humaniste que nous espérons est mise à mal par l’homme lui-même.

L’Histoire procède par bonds et des évènements inattendus la font souvent dévier de son cours. La pandémie qui s’est répandue à la surface du globe en ce début du 21ème siècle doit être l’occasion d’une prise de conscience pour l’humanité entière que des changements sont nécessaires. Le monde tel qu’il est va mal et il est nécessaire de repenser nos sociétés dans le sens d’une organisation plus démocratique et solidaire, d’une économie dont l’unique but ne serait pas le profit mais la satisfaction des besoins essentiels et dans le respect d’un développement durable.

Le monde a changé depuis le 18ème siècle. Ça n’est pas de ce constat que vient notre inquiétude mais du constat que le monde se développe sans contrôle dans des directions qui peuvent nuire gravement à l’humanité.

 Nous n’avons pas besoin d’un nouvel humanisme, nous avons besoin d’un humanisme ressourcé et régénéré » (Edgar Morin) . Les valeurs du GODF sont énoncées à l’article 1 de la Constitution et rappelées au début de chaque tenue. Elles restent la base et la référence de notre humanisme mais elles doivent être complétées par des valeurs qui concernent la responsabilité de l’homme vis à vis de son environnement.

Cibles

– compléter l’article 1 de la Constitution du GODF par la mention que la Franc-Maçonnerie travaille à la prise de conscience de l’homme du nécessaire respect de son environnement

– faire une place importante dans nos travaux à l’éthique de responsabilité

– une des questions à l’étude des loges devrait avoir pour sujet l’environnement