Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Nos travaux ne doivent-ils pas entrer dans l’ère de l’humanisme écologique ?

Respectable Loge, Darwin, Orient de Toulouse, Région 17 Sud et Loges d'Espagne

Mots Clefs : BiodiversitéContrôleÉducationPost-humanismeRésilience

Vous avez dit pandémie ?

« Je suis tout petit, si petit que l’on ne me voit pas. Je suis discret, si discret que l’on ne m’entend pas, que l’on ne me suspecte pas. Mais je suis dangereux, si dangereux que je peux vous anéantir.

Je m’appelle Covid19, je suis né en Chine dans une forêt tropicale où se côtoient une multitude d’animaux sauvages. Je suis un virus à ARN et j’adore muter d’un animal à l’autre. De la chauve- souris au pangolin, puis du pangolin à l’Homme. Je suis inoffensif tant que l’on ne modifie pas mon écosystème, mais si on vient me chercher alors je me rebiffe et vous inflige des blessures qui peuvent être mortelles. »

La démographie galopante de l’espèce humaine, l’interpénétration croissante des mondes humains et animaux, l’ingérence de l’homme dans des milieux naturels fragiles, la déforestation à grande échelle sont des vecteurs de propagation de nouvelles maladies. Les déplacements nombreux et faciles des populations multiplient les risques de contagion et la maladie devient pandémie.

Ce n’est évidemment pas la première pandémie que l’on connaisse depuis que l’Homme existe, mais c’est la première qui se répand aussi rapidement et de façon exponentielle jusqu’à contaminer le globe entier.

Vous avez dit Humanisme ?

Notre société de consommation à outrance encourage l’exploitation massive des ressources naturelles et animales. Les braconniers ne se privent pas, alors, pour chasser des animaux sauvages qu’ils revendront sur des marchés, plus ou moins contrôlés, à des prix d’autant plus avantageux que l’animal est rare.

L’argent, valeur essentielle et unique de notre société actuelle, constitue le mal absolu qui nous rend avide de richesses matérielles et de pouvoir. La reconnaissance sociale est basée sur la valeur de son compte en banque.

Cette société devenue ultra-libérale, semble ignorer l’ampleur des catastrophes environnementales qui se profilent, à commencer par ce virus inattendu mais qu’on aurait pu éviter.

Depuis le siècle des Lumières, l’humanisme défend nos intérêts d’êtres humains sans se soucier des autres éléments qui font que la vie sur Terre est possible. Le progrès et l’optimisme qui ont accompagné le modèle humaniste trouvent aujourd’hui leurs limites. Le constat de la finitude de notre monde s’est révélé.

Il est temps aujourd’hui de repenser l’être humain autrement, le replacer dans la chaîne organique non pas comme une espèce dominante, mais comme une espèce dépendante des autres espèces, de la nature et de l’environnement.

Il faut aller au-delà de l’humanisme pour créer les fondements d’un humanisme écologique, ou d’un post-humanisme. En tout cas, un humanisme qui resituerait l’Homme dans un équilibre universel viable et permanent.

Vous avez dit utopie ?

• La résilience

Cette crise sanitaire a mis en exergue les manquements à encaisser les chocs et les risques liés à la dépendance des systèmes de santé et des circuits agro-alimentaires. La notion de rentabilité et les chaînes d’approvisionnement à flux tendus nous rendent extrêmement fragiles.

Les filières industrielles stratégiques doivent être relocalisées afin d’accroître notre indépendance et mettre fin à des logiques d’échanges mondialisés, facteurs de dégradation de l’environnement.

• Le contrôle

Nous avons vu que le braconnage et la vente d’animaux sauvages vivants sont peut-être à l’origine de la pandémie du virus SARS Cov2. Les chinois viennent d’interdire ce type de marché, mais l’interdiction va-t-elle durer ? Nous espérons que oui, mais nous pensons qu’il faut aller plus loin et qu’il faut, non seulement interdire, mais punir.

A l’instar du Tribunal International de La Haye qui punit les crimes contre l’humanité, il faudrait créer un Tribunal International qui sanctionnerait toutes les atteintes contre le monde du vivant et environnemental. Cela va de la contrebande à la déforestation en passant par la surpêche, le massacre des éléphants, l’utilisation agressive des pesticides ou le bétonnage de nos côtes. Le plus difficile sera de trouver un cadre juridique commun à tous les pays.

• La richesse humaine

Aujourd’hui, seule la richesse liée à la production de biens est prise en compte pour calculer le PIB. Pourquoi ne pas valoriser, comptabiliser et redistribuer des richesses non économiques, comme le service, le troc, le bénévolat ? Ne plus considérer l’humain comme une charge ou une simple ressource, mais comme une richesse essentielle et nécessaire au développement d’un pays. Le temps citoyen est un temps qui participe à l’avènement d’un nouveau modèle de société basé sur une économie participative, sociale et solidaire.

Pour réussir cette transition, nous proposons de créer un service public à échelle locale chargé de sensibiliser les citoyens à entrer dans cette démarche écoresponsable (le confinement a révélé ce besoin) ; et instaurer, à terme, une conscience collective permettant l’avènement d’une économie non plus basée sur la seule valeur marchande, mais sur l’ensemble des valeurs d’un groupe et de la société en général.

• Le post-humanisme

L’espèce humaine, en toute modestie, s’est placée au-dessus de toutes les autres espèces. Il est temps aujourd’hui de quitter notre anthropocentrisme et de descendre de l’échelle avant que celle-ci se brise. L’interdépendance des espèces est une évidence biologique et l’Homme doit renouer le lien avec la nature et l’environnement. La biodiversité est le gage indispensable à notre survie. Notre humanisme moyenâgeux doit laisser la place à un humanisme contemporain, lucide, écologique appréhendant tout le vivant dans sa globalité.

Pour réussir ce changement de paradigme, il n’existe qu’un seul moyen : l’éducation. Il faut repenser l’éducation de nos enfants, en famille comme à l’école. Une école renouvelée qui forme des citoyens éclairés et responsables, une école qui éduque en priorité aux interactions de l’Homme avec la nature, à l’éco-citoyenneté et aux valeurs du vivre ensemble. Redéfinir les principes de sélection par matières et considérer les matières dites mineures comme égales aux autres. Introduire de nouvelles matières émancipatrices d’un comportement citoyen futur plus laïc et solidaire.

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