Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

République et Gouvernance

Respectable Loge, Le Réveil de l’Yonne, Orient de Auxerre, Région 5 Centre

Mots Clefs : EgaliteFraternitéGouvernanceLibertéUniversel

La Franc-Maçonnerie et la République

Sur quels aspects les FM peuvent être fondés à émettre un avis ou une recommandation ? Quand on voit notre incapacité à produire une vision commune de la laïcité (1000 contributions par an au minimum) qui soit opérative, sommes-nous les plus qualifiés pour établir 81 sous plans pour la République ?

Ceci dit, le triptyque républicain est notre socle commun, la République notre sujet d’étude. Est-ce encore notre idéal, c’est-à-dire quelque chose de simple à formuler, compréhensible par tous ?  Si la République est plus que la démocratie, quelle conception partagée en avons-nous pour l’avenir ?

Au nom de notre devise : Liberté, égalité, fraternité

Liberté 

Les libertés publiques ont été sévèrement restreintes durant le confinement. Ces restrictions compréhensibles ne devraient être pas plus clairement encadrées dans le temps et contrôlées juridiquement. Le confinement nous a rappelé les privations de liberté et le statut précaire de ceux dont c’est le quotidien : détenus, résidents en EPHAD, internés psychiatriques, malades hospitalisés.  Cette période nous a montré aussi la rapidité du retour au bouc émissaire : le parisien de l’Ile de Ré, le fêtard du Canal St Martin, le jogger, le cycliste…. Chacun le sien, tous unis dans la même recherche.

Ringardisé par le qualificatif « souverainiste », la question de la maîtrise de notre destin, de notre souveraineté, de notre liberté collective est une question stratégique. Libre dans un pays libre dans une Union libre. L’empilement des allégeances et des appartenances ne doit pas occulter le débat.

Nous sommes experts en laïcité. Quelle ligne claire, compréhensible et applicable concrètement ?  La laïcité doit repasser à l’offensive au risque de devenir un mot creux. Au-delà, c’est notre modèle d’intégration qui est à réévaluer. La laïcité doit s’accompagner d’un ré-enchantement du modèle républicain, c’est-à-dire d’un espoir qui s’actualise d’une vie meilleure pour tous.

La prééminence du politique est un garant possible de nos libertés (voir l’expérience des experts pendant le Covid). Mais ça n’est pas le seul. Conseil Constitutionnel, Conseil d’Etat, Parlement, Régions, etc… sont autant d’instances et de niveaux à même de contrôler et assurer le maintien de nos libertés.

Cependant, gardons en mémoire d’où nous venons. Aujourd’hui le local est à la mode (sauf pour le Bac…). Si historiquement nous avons construit un Etat central fort, c’est que nous savons l’oppression possible du pouvoir local, que nous savons la décadence d’un pouvoir qui n’en est pas un. Se libérer de la famille, se libérer du village ont été des combats d’émancipation. La nostalgie ne doit pas nous ramener aveuglées dans des formes d’oppression que nous pensions dépassées.

Ordo ab chaos, notre responsabilité est de prendre en charge la réalité. « Aller vers l’idéal et comprendre le réel », c’est-à-dire retrouver une ligne républicaine exigeante vis-à-vis de tout ce qui mine les fondements de notre société : école, justice, sécurité, représentation, environnement.

C’est aussi en finir avec le biais omniprésent, a fortiori chez les Maçons, du « c’était mieux avant ». Quand ? Pour qui ? L’idéal est devant nous, pas dans le retour à un passé hautement fantasmé. Ne pas confondre construire un idéal républicain et retour à un idéal républicain, souvent issu d’un conservatisme exacerbé quand il n’est pas la nouvelle expression cosmétique du Front National.

Egalité 

Tous égaux devant la loi. Qui la fabrique, qui la comprend, qui la fait appliquer ?

Nous produisons massivement des normes, règlements, interdictions et ce n’est pas l’Etat seul qui les imagine. Nous sommes tous demandeurs, tous nous allons dans le sens d’une judiciarisation de la société. Plus le droit devient complexe et envahissant plus l’écart se creuse entre ceux qui comprennent ou peuvent payer pour comprendre et les autres. Est-ce cela que nous voulons vraiment ? Egalite devant le beau. En commençant par les équipements publics destinés à tous et visibles par tous. Le beau est aussi une marque de respect et de fierté partagée. Disparu sous le relativisme ambiant, l’idéologie et du cost killing efficace pour les poches de certains. Egalite entre les espoirs pour l’avenir. Peu de reconnaissance pour les métiers que la crise a révélé essentiels. Peu pour reconnaitre les métiers vraiment pénibles de façon évolutive et objective. Peu pour susciter des vocations. 90 % à avoir le Bac, mais peu pour l’enseignement professionnel. Peu pour reconnaitre que l’exigence d’excellence et du travail peuvent s’appliquer à des intelligences et des talents divers. Faut-il commencer par décourager si l’on ne correspond pas aux standards et entretenir les psychoses familiales ? Est-ce l’idéal de fabriquer des millions de futurs employés/ cadres moyens frustrés ? Quel modèle d’épanouissement l’Education Nationale promeut auprès des jeunes et de leurs parents ? « Une et indivisible » : l’aménagement du territoire est une expression disparue de l’ambition républicaine. Trop cher, inefficace… sauf en cas de crise. Réinvestir l’ensemble du territoire, impulser un développement local/ régional autour d’une industrie régénérée. Souvenons-nous quand même que les usines on n’en voulait plus, que le comble de l’horreur c’était d’être ouvrier. On a de la place et on a de l’argent. Faire s’évanouir des discours hallucinés sur le manque de place, sur les ghettos, la surpopulation…

Fraternité

La fraternité est une exigence de considérer si la situation de l’autre est ce que nous souhaiterions pour nous même. Est-ce fraternel de continuer à parquer les gens dans des banlieues à oublier ? Est-ce fraternel de ne pas le faire en les laissant dans les rues ou en bord de périph ? Est-ce fraternel d’instituer l’hypocrisie comme remède aux problèmes d’immigration, d’intégration, de délinquance, de logement, d’éducation ?  « Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ». La fraternité est aussi l’exigence de vouloir que l’autre se comporte comme un frère (une sœur) sur la base de valeurs partagées. Evidemment police et justice sont au cœur de cette réflexion nécessaire, mais aussi prendre conscience du fait qu’opinion n’est pas raison.  Additionner 150 opinions de citoyens tirés au sort permet-il de déterminer une politique ? Est-ce là un idéal maçonnique ?

L’universel

« Il faut défendre la valeur de l’homme, de l’individu, face à la puissance de la masse » Gao Xingjian

Retrouver l’universel, nous projeter vers le Monde par la force de nos valeurs, de nos idées, de nos créations plutôt que l’illusion de nos forces armées. Qu’avons-nous résolu sur le long terme avec nos armées (Lybie), qu’avons-nous empêché (Rwanda)? Là aussi, le sens de l’action est primordial comme socle de l’adhésion et de la légitimité. Plutôt que des débats sur combien ça coûte, des débats sur pourquoi faire. La vocation de notre armée républicaine est-elle d’être le showroom de notre industrie d’armement ? (2.5 Mds € pour la coopération internationale, 37.5 Mds € pour l’armée dans le budget de l’Etat)

Comme preuve de notre clairvoyance, nous nous projetons gaillardement dans le « monde d’après ». Le virus vient nous rappeler à un peu plus d’humilité. Cependant indépendamment de la situation sanitaire, la régénérescence de notre triptyque passe peut être par l’adjonction d’autres vertus comme Force, Sagesse, Beauté.

Avec ou sans virus, il n’est pas de modèle sans fierté, sans désir, sans sacrifice. La République doit rester un idéal ouvert, ambitieux et vertueux servi par une gouvernance qui démontre de façon sensible et compréhensible que tel est bien le chemin.

A lire aussi

Un nouveau citoyen peut-il émerger de la crise ?

Une défiance exacerbée par la pandémie Notre société est marquée par la perte de confiance dans les corps politiques mais aussi dans les grands médias, le corps médical… et le citoyen a souvent le sentiment d’être mal...

Lire la suite
Démocratie

Qu’avons-nous appris de cette crise ?

La France a reconnu, il y a presque deux ans, la valeur constitutionnelle du principe de fraternité, le troisième de la devise républicaine avec la liberté et l’égalité. Nous avons ainsi accueilli l’idée que la...

Lire la suite
Un nouvel Horizon

De quoi sommes-nous riches ?

L’aspiration au vivre ensemble dans le respect de nos différences Animaux sociaux… Nous sommes à la fois des Hommes[1] inquiets, curieux, insatisfaits et aussi animés par le désir de comprendre. Avec Aristote, nous sommes des...

Lire la suite
De quoi sommes nous riches ?