Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Après cette crise, le citoyen doit-il repenser son éthique personnelle : à savoir, la combinaison subtile de ce qu’il peut faire, ce qu’il doit faire, ce qu’il veut faire ?

Respectable Loge, Pyramidion, Orient de Bordeaux-Cenon, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Ciment socialRégulation de la parole

Enseignement maçonnique

La Franc-maçonnerie nous enseigne aussi à devenir un citoyen du monde, plus responsable, qui contribue par son exemple et son action à tendre vers un universel plus juste et plus éclairé : humilité, partage, justice, respect de l’autre, travail, fraternité, amour…Nous devons être des citoyens actifs, avec des droits et des devoirs et promouvoir ces valeurs dans notre comportement quotidien. Notre environnement évoluant nous nous devons de nous adapter et vivre vraisemblablement différemment.

Constat

Au XXe siècle, l’homme s’est affranchi du temps de l’espace, époque de toutes les découvertes et de tous les progrès, conquérant et pratiquement sans limites. La crise actuelle, nous renvoie à notre échelle. Dans notre univers nous ne tenons guère plus d’espace que ce virus invisible. Le monde de I‘ère industrielle illustrait d’une certaine manière l’orgueil de l’homme, toujours plus haut, plus loin, plus fort, mais il laissait part aux rêves. Conquérir notre terre et même l’univers. Et pourtant notre monde actuel nous apparait fou et incompréhensible, sous la domination de l’argent, de la production, de la consommation, de l’avidité et de la cupidité parfois, des élites. Il règne par ailleurs dans l’esprit de nombreux citoyens un sentiment désagréable d’impuissance (mon vote ne change rien) et même d’inutilité (ce que je produis par mon travail, n’influence rien et même ne sert à rien) dans ce monde de plus en plus complexe. À ceci s’ajoute une baisse des exigences morales, intellectuelles et comportementales et le jeu mortifère des médias, mettant en exergue des événements et des comportements qui devraient relever de la retenue.

Il existe dans notre société, un sentiment ancien de peur et de colère. Une révolte du peuple dirigée contre des gouvernants qui peuvent prendre des décisions iniques, sans explication ni concertation. Une peur de la mondialisation, de la concurrence qu’elle engendre et ce sentiment de vulnérabilité avec ces conséquences, déclassement, chômage, pauvreté. Un ouvrier actuel ne se sent plus en concurrence avec l’ouvrier de l’usine voisine, mais avec celui du pays voisin. La crise actuelle, nous renvoie et nous révèle surtout des sentiments et des révélations complexes ; vulnérabilité, impréparation, passivité, faiblesse de l’état et l’apparition de la mort… En dernier lieu, et si nous sommes réalistes, nous subissons une crise parmi d’autres, mais qui n’est pas dû au hasard, nous sommes collectivement les auteurs de cette crise.

Alors, que peut faire chaque citoyen ?

Recréer le ciment social, ce lien qui réunit un groupe de citoyens. Tous nous recherchons une douceur de vivre. Qui accepterait de vivre demain, comme il vivait hier ? Maîtrisons le progrès sans y renoncer. Expliquons que tout n’est pas possible ni souhaitable même si la technique le permet. Aucune décision ne peut être acceptée si elle n’est pas comprise.

Je me dois, et tout citoyen se doit, de participer activement à la nation, sans tout attendre de l’état. Nous sommes tous à même de percevoir que les services publics doivent rester un service de tout le public. Nous nous devons d’investir tous les domaines associatifs, noyauter les activités du quotidien dans le bon sens du terme.

L’écologie doit être une priorité, lors de nos déplacements, au moment de nos achats et la gestion de nos déchets devient un enjeu économique, environnemental et un créateur d’emplois. (Recyclage du verre et du plastique par exemple)

La vie sociale doit s’organiser de la base. Dans un souci d’efficacité et de participation, toute décision concernant le local doit se décider au niveau local (limitation des vitesses, aménagements locaux etc.…) Chacun dans son quartier doit se sentir concerné, responsable et actif.

Promouvoir la production et la consommation locale. Nous sommes tous à même de comprendre qu’un ordinateur peut être fabriqué sur un continent et vendu sur un autre mais une paire de chaussettes ? Déjà en 1972 au premier sommet sur l’environnement à Stockholm, René Dubos écrivait : il faut penser global et agir local.

La culture. Comme l’alimentation ou la sécurité, est un pilier et un ciment de notre société et devrait bénéficier comme l’école de budgets au moins constants. Si nous voulons éviter d’évoluer vers des sociétés violentes, il est fondamental de préserver tous les outils qui peuvent élever un individu. Rêvons à une école active, moderne, connectée à la société, avec des enseignants motivés el mieux rémunérés, un enseignement adapté, une école ouverte toute l’année permettant aux plus faibles d’être secourus.

Une autre éthique et un autre regard. Nous avons tous redécouvert, l’existence de cette population transparente, exerçant des « petits boulots ». Notre société peut s’arrêter lorsqu’il n’y a plus de chauffeur dans un bus, que l’épicier du coin a fermé sa boutique, que l’éboueur ne ramasse plus nos déchets et que notre coiffeur et notre garagiste sont absents. Remettons de la lucidité et du respect dans notre quotidien et revenons-en à un local compréhensible. Tout ceci nécessite de notre part de modifier notre comportement individualiste et penser « biens-communs ». Il s’avère aussi nécessaire de lutter coutre cette aversion aux risques qui caractérise nos sociétés modernes, ce frein pour l’action et la prise de décisions, tout en restant « prudents » comme il nous est si souvent rappelé.

L’expression publique et la régulation de la parole. Si nous n’y prenons garde, nous allons évoluer vers une tyrannie de la pensée, dictée par des minorités politiques, religieuses, raciales, ethniques. Les progrès technologiques permettant cette audience ont malheureusement des effets pervers. La discrétion et la levée de tout « anonymat » seraient un premier pas vers la résolution de ce poison.

L’urbanisation. Bien que dépendant moins, de chacun d’entre nous, les choix d’aménagement du territoire nous concernent. En premier lieu lors l’acquisition d’un bien dans un territoire. Prenons garde à ne pas privilégier de grandes métropoles qui rapidement seront complexes à gérer, viviers de déchets, concentration de pollution et d’insécurité et au détriment de villes plus petites et une campagne désertifiée. Repensons le découpage départemental et régional du territoire, en le rendant attractif, autonome, producteur de richesse, avec une gestion souple, pratique et nettement moins administrative.

La démographie. Grande absente de nos débats de société, nous serons malheureusement tenus d’en tenir compte au même titre que la pollution., la répartition des richesses, le travail, les retraites etc… Aujourd’hui et encore plus demain nous serons trop nombreux. Les jeunes générations sont plutôt conscientes de ce problème et le taux de fécondité en France baisse régulièrement. Ce thème est à la croisée des religions, des ethnies, des problèmes d’immigration, des croyances, etc…expliquant ce silence.

Nos règles de conduite future dans cette post crise, est de se tourner vers une décroissance de bon sens et une sobriété heureuse. D’autres choix sont-ils envisageables ? Je souhaite que nous-arrivions à nous surprendre nous-même.

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