Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Enseignons la philosophie au service de la République !

Respectable Loge, Daleth, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : EnseignementMoocPhilosophie

Un besoin de Philosophie !

Comme le célèbre tableau de Magritte exposé à San-Francisco, je souhaite vous préciser que ce travail n’est pas une planche.

La philosophie de l’universalisme humaniste oscille entre des inspirations diverses à la fois du côté de Nietzche pour sa dimension « humaniste » mais également chez Kant pour les aspects liés à l’universalisme sans être un « courant philosophique » en tant que tel. En somme, il s’agit de construire une réflexion centrée autour de la valeur suprême de l’Homme auquel peut s’appliquer des règles identiques guidées par des objectifs supérieurs dépassant toute barrières comme la République ou les Droits de l’Homme. Cette question nous projette finalement dans le paradoxe de notre monde contemporain dans lequel s’oppose un élan de revendications identitaires -religieuses, sexuelles, voire libertaires- face à une globalisation politique guidée par des aspirations essentiellement économiques. En somme, nous sommes uniques dans un monde identique, ce qui philosophiquement, interroge, notamment sur la perception que l’on peut avoir de la réalité et donc de la vérité qui en découle. 

Dans son ADN, et cela est d’ailleurs rappelé sur son site Internet, notre Obédience est attachée au Positivisme d’Auguste Comte qui, concernant la nature de la réalité, est guidé par la rationalité de la science et par un certain déterminisme : le monde serait fait de nécessités et il existerait une indépendance entre un objet perçu et le sujet qui le perçoit. Finalement, dans un monde uniforme et globalisé, face à des individus qui revendiquent leur unicité et donc leur perception de ce monde et de cette réalité, ce positivisme guidé par la prévalence des sciences quantitatives peut être remis en question en s’intéressant notamment aux hypothèses phénoménologiques considérant que la réalité dépend de la construction que les sujets s’en font. Il existerait un lien intime entre la réalité du monde et l’individu qui l’occupe, et ce dernier serait celui dont la pensée construit le contenu et le contenant. Voilà, je viens de philosopher, pour le plaisir intellectuel de construire un raisonnement en référence à une prise de hauteur dans le cadre de la mobilisation de concepts issus d’auteurs passés. Mais est-ce bien cela la philosophie ? Il s’agit de s’intéresser profondément, et, au-delà de la volonté d’inscrire une réflexion dans un cadre normatif et préétabli -celui de l’universalisme humaniste – peut-être serait-il pertinent d’amener la société à plus de réflexion tout simplement, sans aucune condescendance évidemment dans le cadre de la transmission des outils et méthodes philosophiques ?

Une réponse à l’incertitude : la Philosophie du concret

La pandémie est un fait et pose indéniablement des questions éthiques et des choix à opérer en arbitrant des réalités douloureuses, celle de la mort immédiate face aux risques qui pourraient peser sur l’avenir dans le cadre d’arrêt de toute activité, celle individuelle de savoir si je dois me rendre chez le médecin pour une pathologie qui pourrait être plus grave que le Covid19, la question collective du poids psychiatrique du confinement versus le risque du Covid19. L’ensemble de ces questions évoluent dans un cadre marqué par l’incertitude, en effet, la philosophie permettrait d’apporter un réconfort salutaire aux individus et à la société en se focalisant non pas sur des pensées abstraites mais sur les enjeux humains et éthiques que posent les problèmes sociétaux, comme peut le faire Hanna Arendt. Une réflexion intellectuelle et philosophique en phase avec les problèmes de l’humanité qui sortirait du dogme du sens de l’existence pour se saisir des questions qui bouleversent aujourd’hui notre monde. Le point de départ serait le concret pour parvenir à l’abstraction.

Un début de réponse à la question, serait simplement proposer de généraliser, à partir de l’école primaire, l’enseignement à la philosophie dans le cadre d’une approche inductive et scénarisée visant à développer, dès le plus jeune âge, un sens de l’éthique dans un contexte de complexité et d’incertitude. Il ne s’agit surtout par de morale qui arbitre de façon binaire entre le bien et le mal mais bien de forger, chez les individus, une capacité à prendre de la hauteur et à se construire soi. Bâtir un temple intérieur pour rayonner à l’extérieur. Le maçon opératif ne s’encombre pas du poids métallique des théories passées mais préfère ancrer sa réflexion dans la transmission de réponses à des problématiques concrètes qui répondent finalement à des enjeux puissants de structuration intellectuelle. La corde à 13 nœuds est un outil fabuleux de réponse à des problématiques opératives préalables à toute théorisation en abreuvant d’un nectar de savoir les constructeurs en quette d’un édifice parfait. 13 nœuds, 12 intervalles pour expliquer à l’illettré la trigonométrie, les proportions, l’addition, la multiplication, Pythagore et j’en passe…Cet outil a été créé pour répondre à des enjeux concrets, pratiques et opérationnels dans une perspective de transmission à des générations futures. Les hommes passent, la corde à nœuds persiste.

La philosophie en action

Le Grand Orient de France est un fervent défenseur de la démocratie qui porte essentiellement sur la désignation des individus, des porte-paroles, sans vraiment arrêter et trancher des questions idéologiques. L’idéologie c’est important, particulièrement pour faire de la maçonnerie un art séculier. L’art maçonnique séculier traduit donc de s’approprier le réel et le monde afin de construire un idéal qui passe avant tout par de la méthode. Soyons constructifs, soyons même des activistes de la construction, des constructivistes. La philosophie est aujourd’hui délaissée au profit d’enseignements rationnels et quantitatifs, face à un monde guidé par l’émotionnel. Trop souvent, elle se résume à une étude historique des grands courants de pensée sans apporter les outils intellectuels nécessaires à la formation de citoyens éclairés. Et que dire des formations secondaires techniques et technologiques qui n’ont même pas accès à ce type de formation…En somme, on prive les futurs opératifs de toute réflexion philosophique !  Voici donc une proposition qui vise à répondre à la question posée : « Systématisons l’enseignement de la philosophie dès l’enseignement primaire dans le cadre d’une approche concrètes de situations critiques visant, pour les apprenants, à prendre de la hauteur face aux enjeux futurs que se posera l’humanité ». Par exemple, tout simplement, « Vous voyez un élève de la classe que vous savez dans la nécessité piquer la pomme sur le bureau de la maitresse pendant la récréation car il a très faim…Après la pause, la maitresse se rend compte du vol, et menace de punir toute la classe si le coupable de se dénonce pas. Comment réagissez-vous ? » ou « Yvan et David viennent d’arriver à l’école. Ils sont Géorgiens. Ils parlent mal le français et sont habillés d’une étrange façon. A la récréation, Cédric, le plus fort de la classe et tous ses copains, se moquent des deux nouveaux. Comment réagissez-vous ? ». Se poser ce type de question et y réfléchir collectivement ne doit pas être l’apanage de groupes élitistes mais devenir un réflexe individuel sans parti pris idéologique de ce qui est bien ou mal par l’enseignant. C’est en ce sens que la philosophie peut permettre un accès beaucoup plus ouvert à la lumière pour traverser toutes les crises futures.

Tirons enfin profit du monde multimédia qui nous entoure en impulsant la création du MOOC (Massive Online Open Course) de la République qui vise à transmettre les valeurs républicaines sous forme de traitement de situations concrètes donnant accès simplement aux réflexions qui sont à la genèse de la construction de l’œuvre Républicaine en insistant sur les valeurs complexes de Laïcité et de Fraternité. Ce cours en ligne orienté vers les outils philosophique serait certifiant obligatoire pour toutes celles et tous ceux qui prétendent à passer un examen d’Etat ou accéder à des emplois publics ou en relation avec le public. Le contenu pédagogique de cet enseignement aurait une orientation inductive en prenant comme point de départ les premiers penseurs grecs à l’origine de la philosophie genèse de la République avant de s’intéresser aux progrès de la Renaissance, des Lumières puis des grandes questions posées par les drames contemporains. Ce contenu serait défini de façon partagée avec toutes les parties prenantes et les corps intermédiaires qui le souhaitent avec une mise en avant forte d’un objectif de concorde universelle. C’est cet objectif qui doit guider chacun de nos actes et  c’est des citoyens à l’esprit vif et éclairé qui nous permettront de construire un monde capable de faire face aux enjeux du futur.

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