Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

Comment l’humanisme peut-il contribuer à nous aider à dépasser la crise actuelle ?

Respectable Loge, La Rose du Parfait Silence, Orient de Paris, Région 14 Paris 4 et Loges d'Europe de l'Est

Mots Clefs : Humanisme

L’accélération de la fréquence des crises s’emballe. Crise financière, économique, morale et maintenant sanitaire. Puis très probablement, financière, économique, morale et finalement de Société. Nos Sociétés sont désormais au cœur d’un cycle de crises qui s’installe avec régularité et violence.

Les modèles sur lesquels reposaient la modernité et le développement de nos Sociétés se diluent progressivement sous le double coup d’un essoufflement – de leur efficacité – et d’un emballement – c’est-à-dire d’un rythme que nous avons de plus en plus de mal à maitriser.

Des symptômes dont le parallèle avec le vocabulaire médical s’impose à nous tous, à l’Est et à l’Ouest, au Nord et au Sud.

Nous sommes Tous confrontés à une perte de repères, une remise en cause de nos certitudes et plus que jamais le doute surgit. Avec Force et Evidence. Ici, également le parallèle avec nos réflexions et dispositions maçonniques interpelle.

Ce soir, nous souhaitons partager avec vous le témoignage de notre F Said, qui œuvre, sans aspirer au repos, quotidiennement pour sauver des vies. Le caractère profondément soudain, inédit et violent de la situation à laquelle il est confronté est une occasion de mettre en lumière la façon dont la FM peut contribuer à surmonter la Crise que nous traversons.

20 mars 2020 : Covid déjà installé en France, les réanimations Hospitalières commencent à saturer alors que le pic de la pandémie est prévu pour le Week-end suivant. Les ARS (agences régionales de la santé) décident de transformer les SSPI (salles de soins post-interventionnelles (salle de réveil) en Réanimations et d’arrêter toute activité hors urgences et les cancers. Ces unités doivent être isolées du reste du bloc avec un accès spécifique au SAMU, la ventilation haute pression supprimée afin d’éviter de refouler le virus vers l’extérieur et le personnel doit se protéger, couvert de la tête aux pieds seuls les yeux protégés de visière restent apparents.

L’état des patients est grave, les nouvelles de nos confrères hospitaliers sont catastrophiques, les lésions atteignent plusieurs organes mais la détresse respiratoire reste la plus expressive et la plus menaçante. Les patients sont dépendants des ventilateurs auxquels ils sont reliés par une sonde d’intubation, une sédation d’une profondeur anesthésique est nécessaire pour leurs permettre de supporter et de s’adapter aux respirateurs. D’autres moyens de réanimation habituelle sont aussi nécessaires. Si ce type de prise en charge, quoique plus lourd, est plutôt habituel ; le traitement spécifique de ce virus reste inconnu. Les recommandations ne sont pas claires voire inexistantes, les avis des experts souvent discordants d’autant plus vrai que ce virus n’a pas livré tous ses secrets, seul le Pr RAOULT prône l’efficacité de l’Hydrochloroquine sans aucune étude méthodologiquement rigoureuse pour étayer ses affirmations.

Dans ces conditions, livrés à notre propre jugement et responsabilité, nous devons prendre les décisions les plus justes sans s’écarter des directives de la hiérarchie. Dos au mur, je me rappelle que j’ai prêté serment de ne plus mettre mon genou à terre lors de mon initiation. Le choix de l’Hydrochloroquine me parait alors justifié tant que nous n’avons pas une autre alternative, combien même les chances d’efficacité soient minimes, je n’avais pas le droit de priver ces patients d’une éventuelle efficacité lorsque le pronostic vital est engagé.

Globalement, j’ai eu trois formations essentielles : la socio-culturelle qui ne m’offre aucune réponse, la médicale a atteint ses limites, il ne me reste alors que la formation maçonnique. Je suis dans une véritable démarche initiatique : les maitres ne me sont que de peu d’utilité, les outils -stéthoscope, laryngoscopie, cardioscope – ne m’apportent pas beaucoup d’aide. En véritable apprenti, je dois commencer mon initiation et comme sous bandeau ma démarche n’est pas sure, mes yeux -seule partie de mon corps non couverte sinon par une visière – ne me permettent aucune vision. Je comprends que le problème est la Vision – scopie -, il me reste un outil auquel je n’avais pas pensé, le bronchoscope – à l’aide duquel on visite les bronches – combien même il est muni d’une lumière au bout nous découvrons des bronches en feu, obstruées par des secrétions sèches (manque d’eau) formant de véritables bouchons qui empêchent l’oxygène (air) atteindre les alvéoles. Ce virus agit sur tous les éléments y compris la terre. Cette terre qui ensevelit les disparus dans une affreuse housse en plastique sans rituel ni véritable deuil pour les familles. J’espérais la lumière de VITRIOL, je rencontre l’enfer des bronchioles (BRONCIOL).

Au 16ème jour, enfin un rayon lumineux vient nous illuminer, les trois premiers des six patients commencent une réelle amélioration ce qui nous encourage à poursuivre dans la bonne direction. Alors que nous étions la seule liaison avec les familles pour leurs donner de leurs nouvelles, nous avons décidé de tendre le téléphone à l’oreille des patients pour leurs permettre de garder le contact avec leurs proches. Ce monologue est d’un grand apport dans le soin des patients mais laissait encore à l’écart les familles qui pour certains avaient comme dernière image ce départ du SAMU ou la séparation aux services des urgences sans aucune certitude de les revoir. Si la solution est venue de la vision alors osant la vidéo-scopie, WhatsApp nous a permis d’assister au bonheur des retrouvailles visuelles et une communication perdue. Une véritable lumière qui a fait place à l’enfer des précédents jours.

Les applaudissements de 20 h, au-delà de l’encouragement et du soutien qu’ils nous ont conférés, étaient pour nous une preuve rassurante d’une adhésion à l’astreinte du confinement qui reste le meilleur moyen de lutte contre la transmission du virus.

Le confinement à certainement permis la réduction significative des personnes atteintes qui s’est ressenti par le nombre de patients admis en réanimation, des lits se sont libérés et l’ARS a décidé le retour des patients dans des unités de réanimation ad hoc.

Il me reste certaines leçons tirées de cette expérience : les patients sont finalement les maitres qui ont guidé mes pas et m’ont appris à ne plus baisser les bras. La scopie : nous devons changer notre VISION des évènements, nous avons peut-être payé très cher le refus d’observer une partie non visible de notre société que cet invisible avec sa couronne nous a démontré l’ampleur de notre impuissance.

La séquence que nous venons de traverser, nous interroge également sur le rôle du CARE dans notre société, c’est-à-dire l’éthique du « soin mutuel », dont le lien ténu avec la Fraternité et la Bienveillance raisonne avec Force.

Plus que jamais, nous devons œuvrer collectivement pour que la somme de nos doutes et de nos réflexions puisse être utile pour contribuer à surmonter ces Crises dont l’écho n’a pas fini de résonner dans nos cœurs et nos consciences.

L’installation d’un cycle de crises, dont la fréquence de répétition, s’amplifie doit être l’occasion de remettre l’humanisme au cœur de l’Action, au service de l’amélioration de notre Société.

Du symbole à la pratique, l’exigence de progrès doit aujourd’hui traverser les Parvis.

A lire aussi

De quoi sommes-nous riches ?

Chaque Franc-Maçon travaille individuellement à l’édification de son temple intérieur mais aussi collectivement à la construction d’un monde meilleur et plus éclairé en portant à l’extérieur du temple les vérités acquises ! Ces travaux propres...

Lire la suite
De quoi sommes nous riches ?

Pour une réorganisation éthique et égalitaire de la santé

État des lieux du monde médical En quelques décennies, la pratique médicale a radicalement changé. Les progrès considérables dans les domaines de la biochimie et de l’imagerie accroissent la fiabilité des diagnostics, l’évolution des techniques...

Lire la suite

Humaniser l’Universalisme

La crise sanitaire sans précédent depuis des siècles et ses conséquences, ont bouleversé tous nos repères tant familiaux que professionnels, relationnels, économiques, politiques… Nous sommes tombés en situation d’anomie. Cet état conceptualisé en 1897 par...

Lire la suite
Humanisme