Sceau GODF
Mariane
Livre blanc

L’École

Respectable Loge, Les Chevaliers de la Fraternité, Orient de Bordeaux, Région 16 Sud-Ouest

Mots Clefs : Inégalités

État des lieux

Fondée sur des idéaux humanistes de la IIIe République, l’École publique, laïque et républicaine est l’instrument à qui la Nation confie la mission de transmettre des connaissances (fonction de l’instruction), de former des citoyens (fonction éducative), ainsi que la mission première de faire partager les valeurs de la République. Parmi elles, l’égalité entre les citoyens et l’émancipation de ces derniers sont au cœur de la construction commune de notre édifice républicain.

Lorsque l’École est évoquée beaucoup d’avis émergent, souvent contrastés, preuve de l’importance qu’elle revêt dans notre société malgré le peu de consensus qui s’en dégagent sur son fonctionnement. Nous avons d’ailleurs tous constaté pendant la période de confinement qu’être enseignant ne s’improvisait pas. Des enseignants dont l’expertise s’est révélée dans leur capacité d’adaptation à une situation inédite et dont l’absence n’a pu être palliée entièrement malgré le plus grand volontarisme parental.

Le rôle de correcteur des inégalités de l’École est sans doute le rôle le plus fort. Quant à son rôle émancipateur, il impose de préciser s’il s’agit de donner un droit à quelqu’un de faire quelque chose ou plutôt de lui permettre d’acquérir la liberté et l’autonomie nécessaires pour faire.

L’École remplit-elle cette mission ? La crise sanitaire que nous avons traversée a-t-elle révélé, renforcé, voire généré, des scories que nous redoutions ?

Cette crise a mis en lumière les immenses inégalités entre les citoyens, qu’elles soient sociales, culturelles ou liées à nos capacités cognitives. Elle a pu être bénéfique pour ceux qui se sont adaptés. Certains y ont même trouvé des avantages insoupçonnés jusqu’alors en milieu scolaire habituel, d’autres se sont effondrés en l’absence de ce cadre familier. D’autres encore ont subi les lourdes conséquences de leurs difficultés à accéder à l’outil numérique ou parce que leur environnement familial ne leur offrait pas de cadre propice aux apprentissages à distance. En plus du rôle socioconstructiviste des relations sociales à l’école, ne négligeons pas le rôle de l’affectif dans les apprentissages, entre les élèves et les enseignants et entre les élèves eux-mêmes, que la distance a pu douloureusement mettre à mal, temporairement au moins.

C’est peut-être ici, dans la prise en compte de l’incommensurable diversité des individus et de leur rapport aux apprentissages, en période de crise ou non, que se situe le principal défi de l’École : l’adéquation des moyens mis en œuvre pour l’École avec les ambitions sociétales qui lui sont conférées. L’École n’est pas une garderie ; elle offre bien plus.

Nous pourrions envisager l’action d’apprendre comme le fait de reconnaître les outils à utiliser, puis d’étudier la meilleure façon de s’en servir afin d’obtenir le résultat visé au départ. La société peut procéder de même avec l’École : c’est un outil de transmission de nos valeurs républicaines.

Autre constat : l’École ne fait pas tout à elle seule. Les sources d’apprentissage sont partout en dehors de l’École, laquelle doit prendre en considération cette nouvelle donnée, favorisée par le développement du Numérique. Ces sources demeurent cependant d’accès et surtout de qualité très hétérogène.

De la même façon, l’outil numérique ne remplace pas l’école. Les interactions sociales, la régulation de professionnels de l’Éducation, le cadre éducatif lui-même, favorisent (sécurisent ?) les apprentissages académiques mais représentent aussi un lieu de confrontation sociale, d’apprentissage de l’altérité au service du développement individuel du chaque individu. Ne perdons pas de vue que pour certains enfants, l’école est un havre de paix face aux violences domestiques de toute nature et offre la possibilité d’un repas quotidien équilibré. Comment le Numérique pourrait-il remplacer l’apprentissage du corps, le sien comme celui des autres, dans toutes ses composantes ? Travailler sur la connaissance, la maitrise, l’entrainement de son corps et le respect de celui des autres (sexualité, harcèlement, handicap, égalité homme/femme, …) ne peut se faire exclusivement à distance, même si internet peut être un outil utile en la matière pour peu que les contenus proposés soient très encadrés.

Une solution semble alors se dessiner depuis plusieurs années dans un juste équilibre, d’une part entre enseignement en présentiel et à distance, et d’autre part, entre moyens pédagogiques « traditionnels » et utilisation de l’outil numérique. Tous favorisant à la fois les savoirs fondamentaux mais aussi l’apprentissage de l’outil numérique lui-même, source de grands dangers lorsqu’il est mal maitrisé alors même qu’il s’avère désormais incontournable dans notre société. L’École se dote-t-elle alors de tous les moyens pour y parvenir ? L’analyse de ce que nous avons vécu au printemps montre que des progrès sont possibles, tant dans la façon d’utiliser cet outil (que tous les enseignants ne maitrisent pas de la même façon) que dans le traitement des inégalités d’accès au numérique dans certains foyers.

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