Respectable Loge, L'Homme et la Société, Orient de Valenciennes, Région 10 Nord - Pas de calais - Picardie et Loges d'Angleterre
Mots Clefs : ApprentissageLaïcitéNumériqueRépubliqueValorisationLe système d’enseignement français est fondé sur des principes, certains inspirés de la Révolution de 1789, de lois votées entre 1881 et 1889 et sous les IVe et Ve Républiques ainsi que de la Constitution du 4 octobre 1958 : « l’organisation de l’enseignement public obligatoire gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État « . Etabli sur une culture jacobine, ce système était considéré comme garant de l’égalité républicaine. Or dans les années 80, avec la massification de l’éducation, sans réelle démocratisation, ce système s’est enrayé. L’École est venue accroître la fracture sociale et culturelle, alors qu’elle devrait être le principal acteur de sa réduction. Pour reprendre le sociologue Pierre Bourdieu « d’ascenseur républicain, il n’y en eut jamais, tout juste un escalier branlant et désormais, plus rien».
La loi d’orientation de 1989 parlait de « l’élève au centre », aujourd’hui de nombreux responsables éducatifs évoquent la bienveillance, l’inclusion de toutes les singularités et la maîtrise par tous les élèves, à la fin du collège, d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Les questions de l’exigence et du haut niveau des connaissances, qui devraient être transmises aux élèves sont de moins en moins évoquées. C’est le plus souvent l’alignement sur le plus petit dénominateur commun, le moins disant culturel, la victimisation sociale ou ethnique qui prévalent.
Parallèlement, avec les différentes crises sociale, économique et plus récemment sanitaire, l’image de l’école et le métier d’enseignant se sont dégradés. D’où que vienne la crise, elle repose sur la crise de définition de l’école ainsi que la crise de la transmission. En effet l’école si elle a un sens, est faite pour transmettre des connaissances des plus élémentaires aux plus complexes. Ce qui est sûr, c’est que l’Ecole ne survivra pas au dénigrement des connaissances, à la destruction systématique des apprentissages élémentaires et fondamentaux. La crise de l’Ecole se déroule inexorablement, mais, à l’inverse de la crise du capitalisme, elle n’est pas reconnue en tant que telle. Du moins ne s’occupe-t-on, à son propos, que des symptômes : « inégalité » ou « école à deux vitesses », « crise de l’autorité », etc.
«On a construit des ghettos scolaires dans des ghettos sociaux clame Jean Paul Bringelle, Essayiste, depuis des décennies, et rien ne change malgré les opérations de rénovation urbaine».
Selon le classement Programme International de Suivi des Acquis 2019, si la France est classée juste au-dessus de la moyenne (entre 20 et 26 ième), il apparaît néanmoins des évolutions divergentes :
Il en est de même concernant les conditions des enseignants : «Les établissements les plus défavorisés, construits dans des zones défavorisées, accueillent des enseignants défavorisés — incapables de surcroît, avec 1600€ en débutant (et pour la plupart, justement, ils débutent là) de se loger près de l’établissement dans lequel ils sont nommés. Ajoutons pour être complet que nombre d’entre eux sont «TZR», à cheval sur deux, parfois trois collèges, obligés de naviguer dans leur voiture personnelle (vous savez, celle que leurs élèves vandalisent si volontiers) sur des distances considérables qu’il est hors de question de parcourir en transports en commun — chaque Francilien sait bien que les liaisons horizontales, en Île-de-France, sont médiocres: tout va vers Paris».
– L’accroissement de la fracture numérique
Sans qu’il soit un dogme, il est clair que le numérique a progressé plus vite en dehors de l’école qu’en son sein. Il faut donc rétablir cet équilibre. On enseigne à nos jeunes d’une manière classique, alors qu’ils baignent quotidiennement dans ces nouvelles technologies. L’Ecole, au-delà de ses valeurs « fondamentales », prend souvent l’apparence d’un lieu «archaïque».
Si nous sommes entrés dans l’ère numérique, il subsiste une grande disparité dans l’appréhension de ces nouveaux modes de communication dans les écoles primaires et dans une grande majorité des familles particulièrement défavorisées , alors que parallèlement 90% des collèges sont pourvus de l’Enseignement Numérique Territorial. A cela s’ajoute cette pandémie. Du jour au lendemain, il est demandé aux enseignants et aux familles de faire du «téléenseignement, télétravail» sans formation et surtout pour certaines familles sans matériel ni connexion !
– Le va et vient des réformes
Le système éducatif souffre des ridicules querelles de chapelle autour de l’éducation avec une kyrielle de réformes se succédant au fil des gouvernements et une fâcheuse manie de détricoter ce qui a été fait par le précédent. Les réformes BLANQUER actuellement en cours « pour une école de confiance » ne fait pas l’unanimité, suscitant défiance auprès du corps professoral et réservant une part belle à l’école privé au détriment de l’école publique. L’empilement des savoirs et des dispositifs amoindrit la motivation des élèves perdus dans les arcanes du système éducatif, et avantage les familles qui en possèdent les codes.
Pourquoi accumuler les réformes structurelles si les méthodes d’apprentissage restent obscures pour le plus grand nombre ?
Par ailleurs, les cursus des filières techniques sont souvent choisis à défaut alors qu’elles mériteraient une meilleure intégration dans le système éducatif.
La gestion nationale est devenue sans cesse plus complexe et, sur le terrain, les enseignants éprouvent de plus en plus de difficulté à exercer leurs missions. L’exemple du logiciel de gestion des personnels de l’éducation (Sirhen) abandonné récemment et dans lequel l’État a englouti rien de moins que 400 millions d’euros. Plus récemment, la gestion de la reprise de l’école est venue confortée cette lourdeur administrative avec la production d’un protocole de 60 pages de mesures vertueuses mais inapplicables au regard des réalités du terrain (locaux inadaptés .. ).
Près de 100 milliards soit 17 % du budget de l’Etat, 7 % du PIB, pourtant il suffit de visiter des écoles maternelles et primaires pour se rendre compte que l’argent n’est pas descendu dans les classes. Nous assistons à une iniquité selon les secteurs toujours au détriment des élèves. Là aussi la pandémie a mis l’accent sur le manque de matériel numérique au sein de l’école mais aussi dans les familles des quartiers populaires, perdues par ce nouveau mode éducatif voire dépourvues d’outils. Il existe encore de nombreuses écoles vétustes et mal équipées qu’il conviendrait de reconstruire en des normes plus adaptées et surtout à équiper en numérique.
Dans les REP +, alors que les moyens sont considérables, les résultats ne sont pas des plus performants au regard du taux d’échec qui perdurent, du taux de déscolarisation qui s’amplifient. La question de l’expérience professionnelle est ici prégnante. La mise en place récente de primes pour attirer les plus expérimentés va peut-être pallier ce problème.
L’enseignant qui fait l’objet de violence n’est pas toujours soutenu par sa hiérarchie qui n’assure pas son rôle de manager, trop peu occupée à faire du chiffre et à oublier que l’Ecole c’est d’abord être sur le terrain avec les élèves. A cela s’ajoute une valorisation salariale inexistante au moins en début de carrière (salaire net environ 1 400€ hors REP, à titre indicatif le SMIC est à 1219€). La rémunération est située 12 % en dessous de la moyenne européenne.
La question de la formation permanente des enseignants, au fil de leur carrière, est également posée : la gestion de l’enseignement durant le confinement est venue également montrer des disparités selon la maîtrise de l’outil numérique ou non, ce qui a généré une iniquité d’un enseignement à un autre. Avec une formation inadaptée et détachée de la « vraie vie », comme disent les adolescents, beaucoup d’enseignants tentent de suivre les programmes au pied de la lettre, restreignant eux-mêmes leur marge d’autonomie pédagogique. Les programmes s’alourdissent et les options se multiplient au détriment d’un socle commun, d’un patrimoine commun accessible à tous.
Le rapport Obin, en 2004, en dit long sur l’irrespect de la laïcité par les élèves. Il convient de préciser que l’histoire et les enjeux de la laïcité à l’Ecole, n’étant plus enseignés dans les nouveaux cursus universitaires, les enseignants sont souvent démunis face aux positions relativistes dont certains élèves se font l’écho avec là aussi une hiérarchie qui fait semblant d’ignorer la montée de l’intégrisme politico-religieux au sein de l’école sans compter sur les dérives à l’université de plus en plus sous influence.
Refonder l’Ecole obligatoire et laïque, creuset de notre République, comme lieu d’instruction, d’émancipation, d’ouverture à l’esprit au monde à tous les élèves quels que soient leur origine sociale, devient une urgence.
L’Ecole doit, de nouveau, être perçue comme une chance et un instrument de promotion pour chacun des élèves. Elle doit se présenter comme un cercle vertueux, reposant sur la confiance en soi et l’autorégulation, source du bonheur d’apprendre. Il s’agit de transmettre des connaissances qui, par principe, ne doivent pas être celées ni réservées à certains mais au contraire divulguées selon une progression réfléchie. C’est d’ailleurs ce qui fait de l’Ecole une institution de la République. Et lors de la transmission rien ne peut faire que l’élève ne soit pas dépendant du maître lequel est là pour instruire l’élève et par là-même l’éduquer. Trois principes fondent cette école :
: L’école de la République doit être conçue comme le lieu où l’on apprend dès le primaire, à maîtriser les savoirs élémentaires (lire, écrire, compter), puis couvre tous les champs du savoir et du questionnement scientifique. Elle doit également assurer la transmission des valeurs universelles (liberté, égalité, fraternité) et donc de civisme.
Pour répondre à ces objectifs voici vingt propositions classées par thématiques :
Annexe à la contribution sur l’Ecole
Quelques chiffres génériques (source : INSEE et Ministère Education Nationale)
Population : 66,99 Mi dont 12,4 Mi élèves répartis
Nombre d’enseignants 1er et 2ième degré public et privé : 871 000 ; 61 900 établissements tous confondus Budget Education : 140 Md€ (6,7 % du PIB) dont 53 Md€ à l’enseignement
Dépense moyenne par élève 8 400€ (de 6 300€ pour un écolier à 11 510€ pour un étudiant) Taux de réussite au brevet 86 %, au Bac 88,1 %
Les constats chiffrés durant la crise (Source FCPE)
L’approche, sur la question, diffère dans le premier et le second degré : une famille d’écoliers sur 2 dit rencontrer des difficultés contre 8 collégiens et lycéens sur 10 ;
Pour les maternelles et élémentaires, c’est le manque de matériel qui est problématique (à 22%), à la marge, il est suivi d’un manque de lien avec les enseignants (à 9%) et du manque d’informations (à 6%)
Pour les collégiens, c’est l’accès à l’ENT (à 28%) qui est problématique, suivi de l’apprentissage de nouvelles leçons (à 26%) et du manque de lien avec les enseignants (à 22%)
Pour les lycéens, c’est le manque de lien avec les enseignants qui est problématique (à 35%), suivi de l’accès à l’ENT (à 31%) et du manque d’informations (à 28%)
Pour tous les niveaux scolaires, les parents manquent de disponibilité. Plus du tiers des familles rencontrent des problèmes liés à la liaison internet et/ou aux outils informatiques.
Pour les collégiens, la deuxième difficulté des parents est la quantité de travail donné (à 44%), Pour les lycéens, la deuxième est la compréhension du travail donné (à 38%)
Pour les lycéens, 60% des parents accompagnent leur jeune moins d’une heure, alors que 1 sur 3 déclare avoir des difficultés pour comprendre le travail donné
Dans ce constat, nous ne parlons pas de jeunes décrocheurs estimés à 20 % en primaire, de difficultés intrafamiliales, d’apprentissage etc.
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